Il a eu mille vies, à contribué à une belle poignée d’avant-gardes. Si Gilb’r habite désormais aux Pays-Bas (à Amsterdam, depuis 6 ans), il ne s’est point éloigné du nerf de sa guerre : la musique via son label Versatile. Lequel fête d’ailleurs ses 25 ans ce printemps, avec une première sortie qui avait littéralement catapulté le label au firmament de la french touch d’alors avec le légendaire Disco Cubizm d’I:Cube remixé par Daft Punk. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et le boss de la maison-mère de la Folie-Régnault n’a cessé de se diversifier. De très belles signatures (Zombie Zombie, Acid Arab, I:Cube – partner in crime de toujours – ou l’album de Parrenin / Weinrich récemment) en productions perso (Château Flight, Aladdin avec Nicolas Ker, Quixote inviant Lisa Li-Lund…), il a été l’indispensable sélecteur de Radio Nova dès 1991, et pendant des années. Pour revenir à son actualité, On Danse Comme Des Fous, son tout premier album solo vient juste de sortir, et il contient sans doute le meilleur de son univers, aussi vaste soit-il. Sur un départ aux accents de messe kraut, des bulles d’extase ambient, de la syncope en clin d’oeil à ses années Jungle Vibes (j’ai toujours le CD, je l’adore, ndlr), et un disque qui finalement, contrairement à ce que son titre On Danse Comme Des Fous suppose, ne contient pas de banger housey mais une bonne dose de génie bien supérieure. On est très fiers d’avoir le patron aux commandes d’un Selectorama pas piqué des hannetons, qui prouve son écléctisme total et sa curiosité furieuse toujours aussi vive.
01. Virtual Shadow Ensemble, Keep You Distance
Un des disques de 2020 que j’ai le plus écouté, sur un label de Nouvelle Zélande, Noa records. Un disque de confinement (ce label assez énervant) pour un disque mélangeant Dub, Spoken Word, Jazz, Experimental. Vivement conseillé, tout l’album est génial.
02. Claude, Rien
Un disque que j’ai beaucoup joué, bien groove et bien absurde. Un hymne à l’ennui. Et ce délicieux accent Suisse… Bien droppé, ça peut mettre une vibe bien chelou dans un club en France.
03. Antoinette, Who gives order?
Mon jeune frère Didier avait fait un voyage à NY en 1989 et avait ramené plein de disques de Hip-Hop, m’ouvrant ainsi à tout cet univers brut et nouveau. J’ai gardé une tendresse pour Antoinette dont je jouais beaucoup le Who’s the boss? Ce morceau très précurseur pour son époque, a l’énergie de la House aussi.
04. The Durruti Column, Hotel of the Lake
Je suis un gros fan de Vini Reilly et de son groupe The Durutti Column. Cette musique mélancolique et aérienne m’accompagne depuis longtemps. Mais ce disque a quelque chose de différent des autres, presque un peu baggy. Il me tarde de rejouer ça.
05. Pepe Bradock, What a mess!
Le vrai album de ce trouble-fête de la musique française, cet artisan, qui officie dans son coin depuis 30 ans, livre un disque inclassable absolument génial (et dont presque personne n’a parlé). Deux faces sans aucune pause où l’on entre dans la tête de Julien Auger : et en effet, c’est le bordel. Le Sun Ra électronique français. Au passage, c’est le seul artiste dont AUCUN des disques n’est disponible en digital. Anachronique, chimérique, extraordinaire… Un de mes rêves de producteur serait qu’I: Cube et lui fassent un disque ensemble.
06. Les Abranis, ID D Wass
Les légendes Kabyles jouent une musique tellement unique… On dirait sur ce morceau que Talking Heads leur ont tout pompé.
07. Pascal Comelade, Pierre Bastien, Jac Berrocal, Jaki Liebezeit, Rock’ n’ roll Station
All star dément avec les tambours de mon batteur préféré, Jaki Liebezeit, de Can. Envoûtant.
08. Sababa 5 (feat. Anton), Forgive
Un groupe psyché israélien qui chante en russe. Une production bien tight et un côté retro que je kiffe.
09. Leftfied, El Cid (I: Cube Simple mix)
Ce qui est bien avec I: Cube, c’est que sa musique ne vieillit pas. J’ai redécouvert cette merveille qui date de 2000.
10. Bachir Attar with Elliott Sharp, Long night
Rencontre entre le marocain de Jajouka (où Brian Jones des Stones et de nombreuses stars se rendirent pour jammer, dans 70’s) et Elliott Sharp, guitariste avant-garde de NY. Ils se rencontrent le temps d’un superbe album (bientôt réédité par Fortuna records). Il semble que sur ce morceau, une grande quantité de narcotique ait été consommée, tant l’ambiance est lysergique.
+ 1, CV Vision, Should I Tame My Endless Mind
Originaire des Pays-Bas, CV Vision est mon artiste favori du label North of South. Le gars joue de tous les instruments et délivre une délicieuse soul psyché. C’est son deuxième EP sur le label. A suivre !