Selectorama : Bill Pritchard

Bill Pritchard / Photo : Luke Hodgkins
Bill Pritchard / Photo : Luke Hodgkins

Depuis son retour aux affaires musicales en 2014, après une pause de près d’une décennie, Bill Pritchard n’a eu de cesse d’offrir les prolongements les plus dignes et les plus émouvants à une œuvre déjà considérable, initiée au milieu des années 1980. Au fil des ans et des rencontres – Frédéric Lo, Pete Doherty et, désormais, le poète canadien Patrick Woodcock, fan de la première heure avec lequel il cosigne ce mois-ci l’excellent Sings Poems By Patrick Woodcock, 2023 – il est ainsi parvenu à confirmer son statut de songwriter majeur et d’interprète élégant. D’une voix qui ne s’embarrasse plus de fausses pudeurs juvéniles et qui dissimule moins que jamais la patine de l’âge, il confère des résonances touchantes et intimes à ces textes pourtant rédigés par un autre. Entre références fondatrices et coups de cœur encore frais, il fait preuve d’un même enthousiasme communicatif lorsqu’il s’agit de raconter les chansons des autres.

01. Robert Wyatt, Sea song

Un extrait de Rock Bottom, 1974, un album à la fois déchirant, fragile et séduisant. D’après mes souvenirs de la biographie que lui a consacré Marcus O’DairDifferent Every Time, 2014 – il a composé Sea Song pendant qu’il était encore en convalescence à l’hôpital après son accident. Quelle mélodie !

02. Half Man Half Biscuit, The Len Ganley Stance

J’aurais pu choisir tellement de morceaux de ce groupe. Celui-ci me rappelle ces tournois de billards télévisés- Pot Black – qui étaient diffusés le dimanche sur la BBC dans les années 1970. On passait la soirée en compagnie de Len Ganley qui arbitrait souvent ces matches, avec ses airs de gros nounours sérieux.

03. Daniel Darc, Je Suis Déja Parti

Je crois que c’est ma chanson préférée de Taxi Girl. Quel morceau déchirant, et qui évoque peut-être la séparation d’un groupe ?

04. George Harrison, All Things Must Pass

J’ai toujours été très étonné que les Beatles n’aient jamais voulu intégrer ce morceau sur l’un de leurs derniers albums. C’est un classique absolu. Je suis bouleversé chaque fois que je l’entends.

05. Ned Miller, From A Jack To A King

Laissez-moi vous transporter jusqu’au Horse And Jockey, un pub de Lichfield, au début des années 1980. Avec mon pote Buffers, nous y traînions souvent pour  écluser quelques pintes – Banks ou Mild – et, à chaque fois, nous passions ce petit chef d’œuvre sur le juke-box.

06. Wild Man Fisher, Merry Go Round

Selon moi, les meilleures paroles jamais enregistrées. Je me souviens toujours avec la même émotion du jour ou j’ai entendu cette chanson et aussi Go To Rhino Records pour la première fois, chez les parents d’un copain, alors que j’étais encore à l’école. Ca a changé ma vie !

07. Gingerella, When Sunday Comes

J’ai rencontré ce type après qu’il m’a fait parvenir quelques uns de ses morceaux. J’ai tout de suite été frappé par l’excellence de ses textes. Dimanche dernier, je l’ai enfin croisé en personne dans un studio de l’Ouest de Londres. Il est tellement humble, intelligent et cultivé ! Je suis persuadé que vous entendrez parler de lui et de son groupe très bientôt. Ils ont tout pour eux et lui, il n’a que 19 ans !

08. The Damned, Melody Lee

Et voilà ! C’est comme ça , tout simplement, qu’on écrit une chanson pop.

09. The Lemon Twigs, What happens to a heart

Je suis un fan de Big Star et j’ai donc immédiatement apprécié ce titre. Un refrain énorme et des arrangements de cordes phénoménaux. Sur le plan musical, ils ne dissimulent pas leurs influences, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ils sont parvenus à façonner un son unique et très personnel. J’adore !

10. David Bowie, Where are we now?

Quand je l’ai entendue pour la première fois, j’ai eu l’impression que cette chanson surgissait de nulle part.  » Had to get the train from Postdamer Platz… «  Je suis tombé dessus par hasard, à la radio, dans ma voiture et, quand le refrain est arrivé, j’ai dû m’arrêter. J’ai fondu en larmes ! Ca transcende la pop ! Je suis en train de la réécouter à l’instant et je pleure de nouveau. « As long as there’s sun… »


Bill Pritchard Sings Poems By Patrick Woodcock est disponible sur le label Tapete Records.
Bill Pritchard jouera en compagnie de Frédéric Lo samedi 3 juin aux Vinzelles à Volvic. Event ici.

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