Fidèles à ce que l’on attendait d’eux, Arab Strap a effectué un retour remarquable avec le single The Turning Of Her Bones. Le morceau évoque le comeback du groupe avec l’humour qui leur est propre, sous l’angle de la résurrection et du sexe. A l’écoute de ce titre introductif, on s’est mis à rêver d’un nouvel album aventureux, ne reprenant pas les choses là où le groupe les avait laissées en 2005 avec The Last Romance. Sans tout révolutionner, As Days Get Dark passe le cap du changement haut la main. D’une dominante générale plutôt sombre, l’album sait rester aventureux sans désorienter, même lorsqu’un solo de saxo surgit de nulle part. La présence de Paul Savage, producteur historique du groupe et de certains de leurs projets solo, n’y est sans doute pas pour rien. Si Aidan Moffat et Malcom Middleton arrivent à nous mettre à genoux tant ils content le désespoir avec beauté, leurs choix respectifs pour ce Selectorama nous prouvent qu’ils ne passent pas leur temps à pleurer leur désespoir dans leurs pintes de Lager. Ils sont aussi capables de danser sur du Cerrone ou de s’émerveiller devant un solo de guitare d’Alice In Chains…
Malcolm Middleton
01.Matt Baldwin, Cherry Hill
J’écoute la musique de Matt Baldwin non-stop. Chaque jour, chaque heure, depuis 2013. Son dernier album, Wander The Night a été la bande son de mon confinement. J’ai la mauvaise habitude d’écouter Heaven de Bryan Adams tous les matins quand je prépare le petit déjeuner. De la même façon, j’écoute Cherry Hill tous les soirs depuis un moment. Ce titre est comparable à un voyage. Les directions changent mais vous finissez par revenir à la maison. C’est une chanson merveilleuse et épique. Elle a eu une influence énorme sur mon jeu de guitare. Non pas que je puisse me comparer à lui, mais mon jeu de guitare est un peu plus détendu et j’arrive à apprécier les changements de cap des notes. Juste un petit peu.
02.Rya Park, Sad
J’ai été présenté à Rya l’année dernière lorsque nous avons collaboré en ligne pour une session de songwriting. Elle jure autant que moi et est très précise dans le choix des mots utilisés pour les paroles. C’est également une excellente mélodiste. Elle est d’une grande honnêteté et travaille de façon très directe, ce qui est une valeur rare de nos jours. Cette chanson brutale et lunatique peut rester coincée dans votre esprit des journées entières.
03.Alice In Chains, Rotten Apple
Je vous entends vous plaindre d’ici. Mouais, du grunge acoustique… Et bien vingt ans après sa sortie, j’écoute toujours ce titre régulièrement, voire beaucoup. Il occupe un espace, quelque part, qui va au- delà d’un style précis ou de la signification des paroles. Comme avec Iron Maiden, Alice In Chains est l’un de ces groupes qu’il est impossible de défendre auprès de gens qui ne comprennent rien à leur musique. Je pourrais utiliser des graphiques et des camemberts pour vous démontrer à quel point ce titre compte pour moi. J’utiliserai une grosse ligne rouge accidentée qui pointe vers le haut pour représenter le solo de guitare.
04.Aphrodite’s Child, The Four Horsemen
Je ne connais rien de l’histoire de ce groupe ou de cette chanson mais je l’écoute en permanence. J’ai juste besoin d’un ou deux titres que j’adore par an. Les écouter en repeat ne me pose aucun problème. Tu ne peux espérer mieux que ça par les temps qui courent.
05.Krystal Klear, Neutron Dance
J’ai hésité entre Neutron Dance et Painkiller de Judas Priest car les deux chansons me font le même effet quand je les écoute avec le volume au maximum. Rien de tel pour se couper du bruit environnant, m’empêcher de bavarder et me rendre béat. Ça sonne comme si une énorme brique de Lego faisait un Tetris dans ton esprit. On dirait une imposante cascade de sons déjà entendus mille fois auxquels ils ont ajouté des couleurs primaires. Qui a besoin de paroles, de sens ou de chanteurs qui gémissent ? Pop overdose. Pop overdose !
Aidan Moffat
06.Eartheater, Below The Clavicle
C’est un extrait de l’un de mes deux albums préférés de l’année dernière. C’est pour moi le sommet de Phoenix : Flames Are Dew Upon Mu Skin. J’adore la production, les cordes dramatiques, l’intimité de la performance vocale et la tristesse qui s’en dégage. C’est superbe, ce qu’elle a fait de mieux jusqu’à aujourd’hui.
07.Keeley Forsyth, Start Again
Un extrait de mon deuxième album préféré de 2020. C’est le final grandiose de Debris, mais l’ensemble du disque est sublime. Minimaliste et sombre, il sonne comme s’il avait pris naissance dans les vallées et les landes d’Angleterre. Le son est terreux, dans tous les sens du terme.
08.Black Country, New Road, Track X
Je les ai vus en concert en 2019. J’ai l’impression que c’était il y a une éternité. Leur album ne m’a pas déçu. Ils sont exactement le type de groupe dont je rêvais quand j’avais 19 ans. Un peu de rock dynamique de Louisville, des violons qui grincent, un soupçon de Michael Nyman, des paroles intéressantes… Track X est leur nouveau single, un superbe moment de calme dans un album qui m’a pris par surprise.
09.Cerrone, Supernature
Un classique du disco que j’adore depuis mon enfance. Ne me demandez pas pourquoi, depuis quelque temps je suis obsédé par la version originale de dix minutes. C’est un des morceaux les plus infectieux qui existe. Il contient même un solo de batterie. Il a été utilisé d’une manière incroyable par Gaspard Noé dans Climax, lors d’une des meilleures scènes de danse qu’il m’ait été donné de voir dans un film. De la perfection.
10.Jessica Pratt, This Time Around
Ce titre est sorti en 2018 mais je l’ai écouté à nouveau récemment parce qu’il représente pour moi une oasis de beauté et de calme. J’adore cet album, son premier véritable en studio. Elle a ajouté juste ce qu’il fallait d’arrangements pour sublimer les chansons. Rien de flashy, juste de la subtilité et de la chaleur. Je l’ai vue en concert dans la plus petite salle de Glasgow. Elle était formidable. Personne ne faisait le moindre bruit quand elle jouait, c’était parfait.