Robert Robinson & The Connecticut River Band, Albemarle Station (Silver Jews cover) 

Robert Robinson / Photo : bandcamp
Robert Robinson / Photo : bandcamp

Lorsqu’en 2019, avec l’ami Baptiste Fick, nous avons mis en chantier la compilation-hommage à David Berman, je me suis rappelé de Robert Robinson, connu alors sous le nom de Sore Eros et dont j’avais jadis chroniqué (pour un mensuel dont seul le nom a subsisté) le magnifique Second Chants (2009). Je n’avais alors aucune crainte quant à la proximité spirituelle de Sore Eros avec son aïeul, mais je demeurais bien curieux de connaître le résultat, car si on peut évidemment parler d’indie rock et de folk pour qualifier les productions de Robert Robinson, il est tout aussi certain que son art s’éloigne très souvent du minimalisme de Silver Jews.

Après de multiples échanges et relances – lors desquels j’ai notamment appris la participation de Kurt Vile et Rob Thomas à l’enregistrement – nous avons malheureusement dû nous résoudre à publier la compilation sans le morceau promis. Si mes souvenirs sont exacts, le poids des dizaines de pistes du mix avait eu raison de la mémoire vive de l’ordinateur de Robert.

En ce début d’année 2025, alors que je retournais sur ma messagerie Facebook pour la première fois depuis des lustres, je découvrais un message datant de plus d’un an. Un simple fichier audio dans lequel je pouvais écouter une nouvelle ébauche d’Albemarle Station. Quelques mois plus tard, la reprise existe enfin en version finale et on se dit qu’on devrait enfin, avec le temps, apprendre à tempérer son impatience.

« Je suis sûr de t’avoir déjà dit ça, mais quand tu m’as donné la liste des morceaux restants, il n’y en avait que quelques-uns — celui-ci en faisait partie — et je me souviens m’être dit : Oh mince, ils ont pris tous les meilleurs. »

« Mais ensuite, je me suis rappelé que Albemarle Station avait une certaine signification pour moi en 1996. C’était à l’époque où Internet venait tout juste d’arriver, on avait notre premier ordinateur familial, et je détestais le son que Windows faisait au démarrage — ça faisait dah dahh« .

« Je commençais aussi à expérimenter le bidouillage et d’autres trucs du genre sur l’ordi, et j’avais le CD des Silver Jews. Je ne me souviens plus du code que j’avais entré, mais d’une manière ou d’une autre, après ça, à chaque démarrage, l’ordinateur disait : Oh yeah, the world is not ready for you au lieu de ce fichu dah dahh« .

« J’ai d’ailleurs fait écouter la chanson à mon père dans la voiture l’autre jour, et il s’en souvenait — il a même rigolé. »

Quelque part dans cet enchevêtrement de pistes, l’esprit de David Berman est bien là, celui-là même qui, à 4 minutes et 4 secondes, nous dit d’outre-tombe les mots suivants : « If you don’t release what’s inside you, what you do not release will destroy you. If you release what’s inside you, what you release will save you.”  (citation de l’évangile de Saint-Thomas extraite du documentaire Silver Jew de Michael Tully et Matthew Robison).


Crédits :

Robert Robinson – produced, vocals , guitars, synths, percussion, flutes, samples
Kurt Vile – vocals
Rob Thomas – bass, samples
Renee Appleby – synths, vocals
Thom Lopes – drums, mixing, guitar fx
Francisco Lopes – mastering
Lauren Govoni – piano, organ
Bobby “Mobetta” Moriarty – Saxophone
Owen Manure – guitar
Adam Slim – drums
Andrew Costigan – vocals
Michael Centore -vocals
David Berman – vocals


Réécoutez l’intégralité de la compilation hommage à David Berman ci-dessous.

A lire aussi : un selectorama au sujet du livre Au nom du pire : David Berman et Silver Jews face aux démons de l’Amérique par Pascal Bertin, récemment paru chez Le Gospel

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