L’année dernière, nous découvrions la formation LORD$ avec leur premier album Speed it Up (2024). Un an plus tard, l’espace d’un instant, Rémi Klein s’échappe du groupe et propose à son tour un essai en solitaire. Le musicien reste cependant fidèle à Tricatel. La maison de disque de Bertrand Burgalat a ainsi publié Friend in Need, le 20 juin dernier, à un mois d’intervalle de l’excellent Blomovinho de Leo Blomov. Si les deux disques prennent des cheminements fort différents, quelque chose les relie sensiblement. Il est question d’une pop ouvragée, ne dédaignant pas quelques subtilités harmoniques et s’inscrivant (partiellement) dans un héritage seventies.

Les présentations faites, intéressons-nous aujourd’hui à Friend in Need. Evadé de LORD$, Rémi Klein poursuit certaines marottes du groupe, mais y apporte sa propre sensibilité. S’il est toujours question de soft rock / yacht rock, la perspective est différente. La face A se fend en effet d’une suite, dans la pure tradition des groupes de rock progressif britanniques. Les chansons s’imbriquent alors les unes dans les autres. Quelques notes de violons, My Isle of Golden Dreams amorce délicatement le décollage, au son d’un swing alangui. Ce démarrage en douceur est immédiatement suivi du musclé et frénétique Die Trash Area. Là, Rémi Klein imagine une suite à Escape (The Piña Colada Song) de Rupert Holmes (l’excellente Marguerita), tandis qu’One Track Mind aurait sa place dans le catalogue de Brainfeeder. Dans sa seconde partie, Friend In Need vogue à nouveau vers d’autres rivages. Love Turned into Wine a quelques réminiscences des années soixante (Beach Boys, Zombies). À l’inverse, Elza Poppin est un titre instrumental électronique d’obédience plus moderne, quelque part entre les années 2000 et le temps présent. Avant de pré-conclure sur End Credits, Rémi Klein signe la somptueuse Movies. La magnifique ballade est enveloppée de chœurs aériens remémorant 10CC (I’m not in Love).
Pour le final, Rémi Klein est rejoint par LORD$ au complet. Escalator est un excellent morceau boogie funk avec une touche de fantaisie, c’est aussi le single le plus évident de l’album. Enfin, Hidden In the Gallery aurait pu figurer sur Speed it Up avec son changement de tempo drum & bass. En moins de 37 minutes, Friend In Need est un grand huit. Rémi Klein ne s’est rien interdit, peut-être parfois au détriment de la cohérence. Les deux titres avec LORD$, en particulier, apportent certainement de la chair à Friend in Need mais semblent avoir été ajouté là avec cet objectif. Peu importe, Friend in Need est un album sacrément emballant.