C’est la bonne nouvelle de ce mois de novembre : une compilation de Mike Johnson. Vivant en France depuis des années, l’ex-bassiste de Dinosaur Jr. n’a rien publié depuis 2006. Il sort, via son Bandcamp, une cassette composée de démos enregistrées avec Jack Endino et Tim O’Heir entre Seattle et Boston en 1993. Guitariste des Snakepit à la fin des années 80, Mike Johnson accède la Ligue des Champions au début des années 90 en intégrant le poste de bassiste de Dinosaur Jr., le temps de trois albums. Mais coincé entre un Lou Barlow et un J Mascis, Mike Johnson est confiné dans l’ombre.
Il quitte Boston et Dinosaur Jr. pour accompagner Mark Lanegan dans sa carrière solo en 1990. En rupture partielle avec les Screaming Trees, le colosse de Seattle enregistre des morceaux avec Kurt Cobain et débute une carrière solo. Mike Johnson l’accompagne à la basse et à la guitare et doit subir ses dépendances. Ces dernières lui permettent d’enregistrer des disques merveilleux (dans des conditions catastrophiques) et surtout rendent difficiles l’organisation des tournées. En 1995, Mark Lanegan est rattrapé par son idole, Johnny Cash, qui lui demande d’ouvrir pour lui. Le chanteur des Trees est de fait obligé de monter sur scène pour défendre Whiskey for the Holy Ghost, un disque qui a mis quatre ans à enregistrer avec Mike Johnson. Cette tournée est une révélation pour Lanegan qui repart de facto en studio enregistrer Scraps at Midnight. C’est bien l’ombre de l’homme en noir qui plane sur Bon Vivant, la compilation de Johnson.
Les huit démos de Bon Vivant nous rappellent qu’il faut compter sur Mike Johnson. Agissant comme un scénario d’un film noir de seconde zone, les nappes de guitare et la voix de baryton nous emmènent dans les rues sombres d’une Amérique fantasmée et au final assez crainte. On s’attend à croiser à tout moment Cash et le constat s’impose de lui même : Mike Johnson écrivait des chansons d’un calibre incroyable.