Les 10 ans de ERR REC

Gilles et Bolanille Maté - ERR REC / Photo : DR
Gilles et Bolanille Maté – ERR REC / Photo : DR

En 2014, le tandem et couple à la ville Gilles et Bolanille Maté décident de monter ERR REC. Le tout jeune label s’est rapidement fait remarquer par son purisme électro, fidèle aux grandes entreprises pionnières du genre : Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra et Cybotron/Metroplex, mais aussi BBC Radiophonic Worshop, Morton Subotnick/Suzanne Ciani ou encore Aphex Twin période Selected Ambient Works. Sans oublier évidemment certaines entreprises retro-futuristes plus contemporaines, comme Broadcast ou l’écurie Ghost Box. Une cohérence esthétique remarquable, toute entière dédiée au culte des instruments électroniques : synthèse analogique et synthèse modulaire (Eurorack, Buchla, Serge, Moog), mais aussi machines numériques et FM, boites à rythmes (TR 606/808/909, etc.) ou autres instruments plus ésotériques (mention spéciale au luthier Soma et ses Lyra 8 et Pulsar 23).Un catalogue exigeant et enthousiasmant qui nous fait visiter des territoires aussi variés que l’ambient, la synth pop, l’early electronic, ou encore certaines entreprise post-techno, noise ou electro-acoustiques. Évoquons évidemment le travail graphique de Bolanille Maté, qui confère au label une ligne esthétique impeccable, aux influences modernistes assumées (Bauhaus, futurisme, constructivisme) et qui n’est pas sans évoquer le travail de Peter Saville.

Le label fête cette année ses dix ans, avec à la clé une soirée à Mains d’œuvres le 7 juin, et diverses autres manifestations. L’occasion de revenir avec Gilles et Bolanille sur dix sorties marquantes de l’histoire du label.

Liquid Skulls, Rituals (2016)

Avec cet album de dark electronica, Liquid Skulls, un artiste américain, nous a offert une belle collaboration en nous laissant piocher dans un dossier rempli à ras bord de pépites. Il a fallu faire le sequencing, proposer le titre et le concept de l’album. C’est aussi le moment où Bolanile a posé les bases de l’identité graphique du label et des futures sorties. Retrospectivement, on ne peut que remercier Jimmy Spice de nous avoir inspiré à ce point. Rituals avait d’ailleurs été chroniqué dans The Drone par Olivier Lamm, cela nous avait sacrément encouragés à l’époque !

Dreyt Nien, Les rivières de la nuit (2016)

Avec David H. aka Dreyt Nien, on plonge dans le dur de la synthèse modulaire. Un système format eurorack impressionnant, ce qui ne courait pas les rues à l’époque (beaucoup de Wiard et de Make Noise, il me semble). Avec ses patchs auto-génératifs d’un grand raffinement, il plonge l’auditeur dans une autre dimension. Il y a une telle variété de timbres et de textures dans ces pièces que l’on y découvre toujours de nouvelles choses ! David a lancé il y a quelques années son propre label Underwater Computing avec une esthétique Sci-Fi et Vapor Wave assez dingue.

Leaaves, Be Mindful (2016)

C’est le seul album d’Ambient qu’on ait jamais sorti, mais quel album… On l’aime toujours autant : solaire, radieux et mélancolique à la fois, très émotionnel. Nathan Wagner est un musicien prolifique, c’est aussi un universitaire qui vit et enseigne à NYC. Il a également lancé son petit label qui s’appelle Spare No Expense. Et j’adore les designs bicolores des débuts d’ERR REC, si ça n’avait tenu qu’à moi on en serait encore là, mais heureusement Bolanille a décidé d’explorer d’autres pistes…

Bernard Grancher, Le Lac (2017)

Ce morceau est bien représentatif de « l’inquiétante étrangeté » de la musique de Bernard Grancher. Nous avions découvert son travail grâce aux labels Ego Twister et Gonzaï. En plus d’une cassette (Penser comme le cristal), on a décidé de co-produire un lathe cut transparent, Rêver comme le cristal. Le Lathe Cut, pour les néophytes, ça consiste à graver des disques à l’unité en temps réel – ce n’est pas de la galvano ou du pressage mais de la gravure. C’est donc complètement artisanal et plutôt onéreux. Nous savions que c’était un micro-suicide commercial car même avec une marge symbolique, les disques étaient super chers. Ils ont mis un long moment à se vendre. Un an après la sortie, deux gars perchés nous ont acheté les deux derniers exemplaires après une écoute lors d’un Disquaire Day organisé par Trax. No regrets. Bernard a aussi monté son label récemment, il s’appelle Astra Solaria.

Takahiro Mukai, #356 (2017)

Ce morceau est un bonne introduction à la musique du légendaire et prolifique Takahiro Mukai. On vous conseille d’aller écouter également notre troisième sortie avec le maître d’Osaka, Cumulonimbus, parue en décembre dernier.

Stéphane Laporte, Face A (2018)

Domotic aka Stéphane Laporte a grandement contribué au label en étant en quelque sorte le « parrain » avec Emile Sornin du premier et second volume de notre collection ERR REC Library. Dans Direct Out, nous avons décidé de publier des performances live ou en condition du live, sans filet. L’idée était de documenter le tout, ce qui a donné un mini documentaire où on voit l’artiste au travail avec son écho à bande fétiche. La cassette fut présentée au public le jour de la performance de Domotic sur la scène label de Villette Sonique en 2018.

Antoine Fortin, Gare de l’Est (2018)

Ce superbe morceau d’Alexis Lumière aka Antonin Fortin encapsule parfaitement l’ambiance lors du premier volume de notre collection easy- listening : un indicible espoir mêlé de mélancolie rétrofuturiste, très poétique et avec parfois une mini pointe d’ironie. Mobiliser tous ces musicien-n-es dans cette aventure était assez dingue et ils ont donné leur meilleur. On est éternellement reconnaissants envers les pionniers-ères du Vol.1 qui ont essuyé les plâtres et lissé le béton avec Espaces Urbains.

Tiger Tigre, Mais qui a tué le Dr Traoré ? (2019)

Un extrait de la bande son cinématique de Vincent Taeger aka Tiger Tigre. C’est l’album le plus produit et cossu paru chez ERR REC ( ça gagne en nombre de pistes). Quand Vincent nous a fait écouter de nombreux morceaux en nous expliquant le peu d’intérêt qu’il avait rencontré chez les professionnels de la profession, on a proprement halluciné… Mais bon ça a quand même fini par se savoir que ce Jazz Bastards n’est pas bon qu’à jouer des drums et arranger pour les autres (vous avez écouté le dernier Justice ?) Notre petit doigt nous a dit qu’il va sortir son prochain disque chez Born Bad.

Metaparte, Violette Violente (2023)

Il est parfois délicat de mélanger certaines chapelles électroniques dans un même label. Mais chez ERR REC, on aime emprunter des chemins de traverse et passer d’un territoire à un autre : de la musique tonal type synth-pop à des lieux plus bordelines comme la noire ou les musiques industrielles. Metaparte représente bien cette radicalité, en poussant ses machines dans leurs derniers retranchements.

Echoes, Aerogen (Ash Ra Tempel cover) (2024)

Ce dernier titre est dédié à la soirée Ultrason Party, que nous organisons dans le cadre de la célébration de notre dixième année, ERR REC /’RET.RƏ.SPEKT/2014-2024. Elle aura lieu à Mains d’œuvres le vendredi 7/06. La tête d’affiche est Echoes, le nouveau projet d’Etienne Jaumet (Zombie Zombie) et Nicolas Villebrun (Tite, Society Of Silence, Poni Hoax), ils seront précédés par Human Koala et Tone Vitmn C.


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