Comme son nom ne l’indique absolument pas, Le Pain est un quatuor basé à Los Angeles, comprenant d’anciens membres de Yucky Duster et Public Practice, pour la petite histoire. Sur ce premier album digne et globalement assez réussi, la plaisante légèreté printanière vient mettre un peu de baume à nos cœurs exténués. À l’écoute de Troisième Groupe, titre d’ouverture de Dirge Technique, chanté dans un français quelque peu cryptique mais charmant, on pense bien sûr à Stereolab qui décidément, de Melenas à Julien Gasc, en aura traumatisé plus d’un.
Ici, la filiation avec le groupe de Laetitia Sadier et Tim Gane s’avère certes assez appuyée, mais les Californiens s’approprient assez habilement les codes esthétiques des premiers albums du groupe franco-britannique pour nous enthousiasmer. Mais cette entrée en matière est trompeuse car le deuxième titre – toujours dans un français semi-imaginaire – se trouve plus proche de l’univers de Camera Obscura, avec sa mélodie twee et ses arrangements sobres.

Si ces deux premiers titres sont honorables, c’est avec les trois titres suivants que le disque prend vraiment son envol et s’avère admirable, se rapprochant davantage de l’univers d’un groupe comme Rocketship que de celui de Stereolab. Readings by Gena accroche immédiatement par la qualité mélodique de sa ligne vocale, ses guitares stylées et ses sons d’orgues retro-futuristes tels qu’on les a tant aimés chez Broadcast, s’imposant comme une des meilleures chansons de l’album. Vient ensuite l’excellente See You Nowhere, tube pop dont la mélodie fait elle aussi mouche du premier coup et aurait pu être le single de l’album. Mais on ne peut pas nier que celui que le groupe avait choisi de sortir en avril dernier – Running on the Bulls – est lui aussi d’une très bonne facture, avec ses arpèges de guitare cristallins façon Felt ou Real Estate et son final tout en distorsion. Le contraste avec la délicate Valentine’s Day n’est que plus délectable, avec ce chant sensible et émouvant qui rappellerait presque celui d’une Stina Nordenstam.
Si la suite et fin du disque s’avère moins marquante mélodiquement, elle demeure néanmoins plaisante et montre que les quatre musiciens de la cité des anges possèdent un savoir-faire et une exigence digne de louanges, qui laissent espérer une belle suite à ce premier essai fort charmant.