L’idée est née dans la voiture, lors d’un trajet quotidien et de la lecture aléatoire de chansons empilées dans une clé USB. Ces deux-là – celles qui ouvrent justement cette sélection – se sont succédé et j’ai tout de suite pensé à cette expression que j’ai toujours trouvée épatante : la mélancolie bleue. C’est une expression que je sais avoir utilisé plus que de raison, en particulier lors des années de 1990, à l’époque du passage de témoin entre magic mushroom et la RPM. C’est une expression qui je crois en dit long, même si en fait, on ne sait pas exactement ce qu’elle dit – ou plutôt si : juste un état d’esprit (et un état d’esprit, ça dit en fait presque tout).
La mélancolie bleue, donc. C’est d’abord cette expression piquée dans un hebdo britannique – note pour un peu plus tard : il faudrait que je recense toutes les formules géniales trouvées par les journalistes anglais de cette époque, formules que j’ai tenté d’adapter avec plus ou moins de bonheur –, dans un article consacré au premier album de Massive Attack, Blue Lines – le bleu, encore. Mais en fait, je ne sais même plus si c’est vrai, je ne sais même plus si ces deux mots ont vraiment été associés à cette occasion. Ou à une autre. Ou jamais.
Mais la mélancolie bleue, c’est aussi, les pochettes du premier album de New Order et du Drift de The Apartments, c’est aussi la peinture de Miró et la couleur de ses rêves… C’est aussi ma fille qui il y a déjà plusieurs années me dit, le plus sérieusement du monde : “Toi papa, ce que tu préfères, ce sont les chansons tristes” – et je me demande si elle n’a pas un peu raison. C’est la chanson de Miossec, glissée dans une playlist récente pour accompagner un voyage jusqu’à l’océan, et ses paroles presque parfaites : “La mélancolie c’est communiste / Tout le monde y a droit de temps en temps / La mélancolie n’est pas capitaliste / C’est même gratuit pour les perdants…” C’est aussi les yeux rivés sur la mer – même si l’on guette désespérément un rayon qui est vert –, c’est le Café du Style Council, la Lune de Colourbox, les baisers des Go-Betweens, les secrets de The Cure, la voie lactée de The Church, la sirène de This Mortal Coil (et de Tim Buckley, bien sûr)… C’est enfin le nom magnifique du label imaginé par les mêmes Massive Attack, Melankolic, et son mot d’ordre en guise de fantasme dont on voulait faire un tote-bag – mais les tote-bag n’existaient pas encore : “Glad to be sad” – la perfection existe donc parfois (je peux en témoigner, si vous le voulez).
La mélancolie bleue, c’est enfin cette question qu’on se pose à presque chaque fois avec Michel et Hervé, cette question dont on n’a toujours pas trouvé la réponse – et entre nous, je ne pense pas que les vingt-six chansons de cette sélection (qui auraient d’ailleurs pu être vingt-six autres) nous y aideront : est-ce la mélancolie qui nous pousse à écouter des chansons du même acabit ou est-ce parce qu’on écoute des chansons mélancoliques qu’on se met au diapason ?
hello man
voila une sélection qui fait bien plaisir…..un peu de mélancolie c est bon pour le moral !!
thanks
Elle n’est pas écoutable ici ?
Si il y a un player dans l’article ! Sinon ici : https://www.mixcloud.com/section_26/le-club-du-samedi-soir-34-la-m%C3%A9lancolie-bleue/