Pour cette rentrée, on a monté à 38 le nombre de morceaux de cette playlist, autant vous dire qu’on frôle la fièvre. Sans vous en dévoiler le contenu que vous irez pécher sur vos plateformes, il y a ici un bon nombre d’artistes que nous défendons depuis les débuts de section26 et même avant parfois, dans notre ancienne maison de papier. Chérissez-les autant que nous, achetez leurs disques, et allez les encourager en concert, c’est important pour leur devenir.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : les playlists créées sur les plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.
1. Hinds feat. Grian Chatten, Stranger (Lucky Number Music)
Après avoir presque tout perdu (label, management et section rythmique), Carlotta Cosials et Ana Perrote – guitares, chants, grimaces, sourires à pleines dents et “milliardaires en amitié” – ont réussi à sécher leurs larmes pour reprendre l’histoire là où elles l’avaient à peu près laissée. Une histoire faite de morceaux rock dépenaillés, de refrains fédérateurs et de couplets dégingandés, avec l’insouciance en guise de manifeste. Parmi les hauts faits de leur épatant quatrième album, Viva Hinds, il y a ce Stranger, hymne abolu de la mélancolie radieuse chanté en duo avec la nouvelle icône indie (et grand ami des Madrilènes), Grian Chatten de Fontaines D.C.. Le bonheur d’être triste, c’est vraiment dans toutes les langues. CB
2. Tanukichan, City Bus (Carpark Records)
Un an après le génial GIZMO, l’artiste shoegaze revient avec un EP, une poignée de chansons du même acabit. Sur celle-ci, de sa voix légère comme un fil, elle raconte ses trajets de bus, plus jeune, dans San Francisco. Le « stop-and-go », les arrêts et les redémarrages que l’on ressent, sont aussi magnifiquement illustrés en vidéo. CG
3. SCHØØL, The End (Géographie)
Des influences 90’s parfaitement maitrisées avec Francis (Rendez-Vous), Erica (Dog Park, Special Friend), Jack (Liquid Face) et Alex (Marble Arch) qui ont eu la bonne idée de s’acoquiner pour sortir un album prévu début 2025. So cool, SCHØØL. CM
4. Bryan’s Magic Tears, Stream Roller (Born Bad Records)
Le retour de l’un de nos groupes français préférés ! Bryan’s Magic Tears annonce un disque grandiose, encore plus foufou et baggy (merci merci) que son prédécesseur ! AGF
5. Good Sad Happy Bad, Shaded Tree (Textile Records)
En 2020, Shades nous avait éblouis. Si l’on a un peu tendance à réduire le quatuor (ex-Micachu & The Shapes) à son membre le plus renommé, il ne faut pas oublier de citer CJ Calderwood, Marc Pell et Raisa Khan aux côtés de Mica Levi. On reste dans les choses expérimentales avec des morceaux composés sur la base de sessions improvisées, comme ce Shaded Tree où le refrain apparait au cœur d’une superposition de guitares, claviers, batteries, saxo. Un premier extrait ultra prometteur de l’album All Kinds Of Days, à venir le 29 octobre chez Textile Records. TS
6. Spirit of the Beehive, Duplicate Spotted (Saddle Creek)
Après le presque accessible Entertainment, Death, paru en 2021, le trio de Philadelphie dévoile un cinquième album plus étrange et destructuré que jamais. Souvent inconfortable, par moments grisant, You’ll Have to Lose Something est un album à réécouter, à apprivoiser. Il est décrit ainsi par Zack Schwartz, l’un des deux membres fondateurs du groupe : « C’est à propos d’amour à sens unique, c’est imaginer un scénario voire toute une vie dans ta tête. Vient le moment où l’autre personne te remarque enfin et tu crois que tes problèmes sont résolus mais ils ne le sont pas, vraiment pas ». CG
7. eat-girls, Unison (Bureau B)
Le trio lyonnais est un peu notre EXEK hexagonal. Après une première sortie confidentielle il y a quatre ans, plutôt rugueuse et motorique, ils reviennent avec leur premier album Area Silenzio, à paraitre en novembre chez Bureau B. Lancinant et cosmique, Unison est un beau mélange d’influences synthétiques, minimalistes et trippy. VDPJ
8. NLF3, Cannette (Prohibited Records)
On ne présente plus les vétérans NLF3, on se laisse juste embarquer avec ce single – album fin octobre. CM
9. Colombey, 100-TOI (Jelodanti Records)
« Nouveau video-clip pour conclure l’été écoulé et tous les autres étés », nous dit TG Gondard. Une bien belle conclusion, captivante et mélancolique. CM
10. Nonstop, Crocodile Gandhi (Petrol Chips)
Nonstop est de retour, soit une cellule (Roman-Guilcher) moulin à paroles et musiques qui grincent, ça fait un bien fou. « Rêve de croissance infinie dans un système à l’agonie, en biologie, on appelle ça un cancer. »RS
11. Cabane, Comme on murmure (Cabane Records)
Planante chanson in french de Cabane qui avance dans l’inconnu, croise une berceuse avec des bizarreries eno-esques. RS
12. Mayfly Two, Sourires (autoproduction)
Anne Bacheley est de retour, accompagnée par son correspondant écossais, Chris Fox. Sur leur album Whatever Works, qui vient de sortir sous le nom de Mayfly Two, ils nous font cette offrande, fragile, d’une pop song en français, la plus belle du moment. RS
13. Peel Dream Magazine, Four Leaf Clover (Topshelf Records)
Il y a deux ans, Joe Stevens rompait avec le shoegaze et nous surprenait avec Pad, un album bien nommé car aussi cotonneux qu’un nuage, rappelant la musique de Mort Garson dans l’emploi des synthétiseurs. On retrouve cette même douceur et cette même légèreté sur Rose Main Reading Room, son successeur paru ce mois. We know how lucky we are. CG
14. Nick Wheeldon, Naked In Death (Le Pop Club Records)
Comment ne pas succomber face à cette perle folk en suspension signée par Nick Wheeldon, qu’on aime de plus en plus au fil de chaque sortie (et elles sont fréquentes) ? Troisième extrait de Make Art (sortie le 22/11 sur Le Pop Club Records), le natif de Sheffield l’a écrit le jour même de ses 40 ans. TS
15. Joanna Sternberg, A Country Dance (Fat Possum Records)
Joanna Sternberg continue à nous enchanter par sa délicatesse, ici avec une balade dans la nature (qu’elle déteste en réalité), composée pour Carla et Moi (Between the Temples), film avec Jason Schwartzman et Carol Kane qui devrait sortir le 23 octobre prochain. De quoi patienter en attendant son troisième album. PR
16. The Pastels, Hold Yr Terror Close (Memphis Industries)
Une très belle relecture d’une chanson de The Go! Team par les Pastels. Ample et modeste, profondément humaine et pourtant si extraordinaire, la musique des Glaswégiens traverse le temps, en vieillissant doucement. Même quand iels reprennent une chanson, elle devient la leur. RS
17. Lunar Vacation, Erase All the B’s (Keeled Scales)
Ce titre ne fait pas partie des trois singles parus en amont du nouvel album du groupe d’Atlanta, des titres comme Tom sont évidemment plus accrocheurs mais ça fait du bien, un peu de fragilité, parfois. On pense à Soccer Mommy, aux débuts de Snail Mail ou à Florist sur les titres les plus délicats. CG
18. Pan American, Point Harbor (Northern Spy Records)
Mark K Nelson, qu’on a aimé avec Labradford, continue à nous enchanter avec ce nouveau single envoûtant. CM
19. Duster, Quiet Eyes (Numero Group)
Les pionniers du slowcore, adoubés par un nouveau et jeune public suite à un buzz TikTok dont il se seraient bien passé, ne changent rien à leur identité sonore et continuent à publier avec régularité un album après l’autre depuis leur reformation en 2019. C’est du pur Duster : ça fout le cafard si on se sent mal, c’est sublime si on se sent bien (ou le contraire ?). CG
20. Tindersticks, Always a Stranger (Lucky Dog/City Slang)
Comme le laissait présager le magnifique Always a Stranger, Tindersticks renoue avec cordes et cuivres sur Soft Tissue – quelque peu délaissés sur Distractions, sorti en 2021 – sans pour autant opérer de retour en arrière, explorant de nouvelles atmosphères musicales comme on redonnerait vie à une maison de campagne chérie. L’équilibre entre les jeux d’ombres et de lumières, les dissonances et le velouté de la voix, la désillusion et l’optimisme, qui caractérise l’œuvre du groupe est toujours parfait, mais remarquablement rafraîchi après trente ans de carrière. Un grand crû, à savourer sur scène (avec ensemble à cordes) à la salle Pleyel le 12 mars 2025. PR
21. Peter Perrett, Disinfectant (Domino)
Une bien belle pluie d’invités pour ce nouvel album solo de l’ex-Only Ones à paraître chez Domino le 1er novembre. Au générique de The Cleansing : Bobby Gillespie, Johnny Marr et à la manœuvre sur ce morceau et d’autres, Carlos O’Connell de Fontaines D.C.. EG
22. The Hard Quartet, Our Hometown Boy (Matador Records)
Alors, il est super ce supergroupe de vétérans ? Stephen Malkmus, Jim White, Matt Sweeney avec le presque juvénile Emmett Kelly (The Cairo Gang) pour cet extrait flamboyant d’un album à paraitre le 4 octobre chez Matador. On vous dispense des CV complet des protagonistes, on ne voudrait pas ruiner encore plus l’Amazonie, mais ce n’est rien de dire qu’on a un assez gros taquet. EG
24. Christopher Owens, No Good (True Panther Records)
Porté disparu depuis presque une décennie, l’ancien leader diaphane de Girls – l’un des groupes les plus importants à la charnière des années 2010 – revient de presque tout et par surprise avec un single annonciateur d’un nouvel album, superbement intitulé I Wanna Run Barefoot Through Your Hair. Avec No Good, il signe l’une de ces chansons écorchées vives, taillée sur mesure pour tous les amoureux d’un romantisme en lambeaux. C’est beau, un peu mélancolique, un peu désabusé et bien sûr, délicieusement addictif. CB
25. Gus Henglehorn, Thyme (Secret City Records)
Le retour toujours aussi jouissif de notre zinzin canadien favori. « Time, Time, Time, Time / Parsley, Sage, Rosemary and / Thyme, Thyme, Thyme, Thyme ». CM
26. Choses Sauvages, Incendie au paradis (Audiogram)
Après le superbe II, les Québécois de Choses Sauvages annoncent la sortie d’un troisième album avec Incendie au paradis. Nous y retrouvons ce son groovy et ces choix d’arrangements audacieux si typiques du groupe. Esperons que le vinyle soit distribué en France ! AGF
27. Tahiti 80, Lives of a Cat (Human Sounds Records)
Tahiti 80 continue de publier de très bons albums à intervalle régulier. Hello Hello, leur dixième en 25 ans de carrière s’annonce charmant à l’écoute de l’excellente Lives of a Cat. AGF
28. Juniore, Elle est où ? (Le Phonographe)
Une chanson slow pour juke-box lumineux, dans une salle des fêtes qui se vide. La nuit. Juniore chante à la lune. RS
29. Pearl & The Oysters, Triangular Girl (Stones Throw Records)
Changement de label ne signifie pas changement de son pour le duo anglais Kit Sebastian, comme le prouve l’excellente Bul Bul Bul ! AGF
31. Marcos Valle & Leon Ware, Feels so Good (Far Out Recordings)
Comme les Beatles récemment, Marcos Valle a retravaillé une ancienne démo composée avec son ami Leon Ware dans les années 70. À l’aide de l’IA, il a pu récupérer les pistes individuelles et compléter le morceau. Le résultat est ici vraiment convaincant et démontre que le Brésilien a toujours le feu sacré ! AGF
32. Citron Citron, Rafales (Bongo Joe Records)
Le duo suisse Citron Citron (à ne pas confondre avec Cyril Cyril) revient avec un deuxième album. Sur Rafales, les Helvètes proposent une synth pop élégante et originale, trait d’union improbable entre X-Ray Pop et Cybotron ! AGF
33. Alvilda, Angoisse (Static Shock)
Enfin le premier album d’Alvilda, l’une des plus belles formations power pop françaises ! Le voici précédé de l’excellent single Angoisse. AGF
34. EggS, Head In Flames (Howlin’ Banana/Prefect Records)
Nos Local Heroes sont de retour ! Dans ce clip réalisé par Manolo Freitas sur les photos d’un certain Jules Vandale (un jeune journaliste qui écrit chez la concurrence, mais bref), Charles Joujoujag nous jette une pluie de guitares jangly, d’instruments variés (saxo, trompette, claviers) et de choeurs enflammés sur ses mélodies accrocheuses à la mélancolie poing levé. Le second album Crafted Achievement arrive le 01/11 sur Howlin’ Banana / Prefect Records. Hâte ! TS
35. Sinaive, Elégie (Antimatière)
Calvin et sa bande désormais fixée à un trio avec Alicia Lovich à la batterie et Séverin Hutt à la basse viennent enfin défendre un premier album, après bon nombre de EP très souvent remarqués chez nous. Pour avoir eu la chance d’écouter Pop Moderne (merci pour la ref, on apprécie – sortie le 26/10 sur Antimatière, release à Paris ici), Sinaïve franchit ici une étape de plus, sans oublier l’esprit brut, noise, saturé de leurs débuts. Mieux encore, beaucoup de nouveaux apports de samples, de rythmiques, de riffs clins d’œil viennent s’ajouter ici. Et des paroles inspirées, toujours aussi Chaos-du-monde-compatibles. TS
36. Dom Sensitive, R&D (Chrüsimüsi Records/Dinosaur City)
Après Wireheads et Critical Energy dont nous avions causé dans une borne d’écoute, revoila Dom Trimboli dans son nouveau projet Dom Sensitive, une pop australe de belle facture aux relents psychédéliques, dans laquelle tout le grain et le phrasé de Dom s’expriment. Il s’entoure de pointures souterraines du sud de l’Australie pour cette album qui sortira fin septembre sur le label Suisse Chrüsimüsi (coucou Romain Savary). VDPJ
37. Clavicule, All These Boys (Vlad Productions/Le Cèpe Records)
La scène bretonne se porte bien, en témoigne les post-garage Clavicule qui sortent un deuxième album le 22 novembre. CM
38. The Cure, Alone (Lost Music/Universal Music Group)
On ne peut malheureusement pas passer outre le come back discographique du plus gros groupe alternatif de la planète. Après 16 ans d’attente, on pouvait imaginer un peu plus de beauté maladive que sur ce premier extrait qui donne l’impression qu’un roadie de NIN est en train de mourir de dysenterie derrière les chiottes du stade. Mais nous garderons un regard curieux sur l’intégralité de Songs of a Lost World qui sortira le lendemain d’Halloween. Et qui sera probablement leur meilleur album depuis… Republic ? EG