LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2023

Dernière tournée avant la fin de l’année, puisque nous vous proposerons un best of de l’année fin décembre, après la trêve des confiseurs qui nous épargne généralement de sorties d’albums. Ici, quelques obsessions de nos auteurs : Stereolab, Spring, Julia Holter, Cat Power, Gruff Rhys ou Bonnie Prince Billy, mais aussi une myriade de cailloux blancs délicatement déposés sur ce chemin pop moderne jonché d’étoiles. En attendant les fêtes, bien sûr.

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NDLR : Les playlists sur les plateformes de streaming ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Romano Bianchi, Bonjour Madame (Stone Pixels Records)

Nouvel extrait du prochain album de Romano Bianchi. De la pop française aux allures de classique des années 70. Quelque part entre Yves Simon et Laurent Voulzy. AGF

2. Bernhari, Motel Gédéon (autoproduction)

Bernhari, le plus français des Québécois, revient avec une très élégante chanson pop à la production délicate et soignée. Les connaisseurs reconnaîtront certainement un lieu familier dans lequel notre chanteur a longtemps officié derrière le comptoir. AGF

3. Amor Blitz, Surhomme (October Tone)

Quel mois pour la pop francophone de qualité ! L’album d’Amor Blitz s’annonce superbe s’il est à la mesure de ce très beau single aussi languissant que précis. AGF

4. Lætitia Sadier, Une Autre Attente (Duophonic Super 45s)

Cette voix qu’on adore, avec peut-être un petit octave plus bas avec le temps qui passe, nous réjouit toujours autant. Très joli morceau où l’on retrouve des éléments de composition chers aux fans de Stereolab, et dont le titre n’est pas sans évoquer notre état d’esprit face à ce nouvel album Rooting For Love, prévu pour le 23 février prochain sur Duophonic Super 45s. TS

5. Spring, Boogie With Martin D. (Elefant Records)

Le groupe d’ici que tout le monde pensait d’ailleurs voit via Elefant Records la réédition de son tout premier single, enregistré dans la chambre d’un aspirant étudiant pas encore (dé)masqué. Pour accompagner cette sortie digitale, voilà que voit le jour Boogie with Martin D., balade instrumentale et élégamment déglinguée façon bande originale imaginaire, ainsi intitulée pour célébrer, dès 1993, l’incroyable génie du regretté Martin Duffy. CB

6. Forever Pavot, Au diable (Born Bad Records)

Mélange de partitions compliquées à tiroirs et de chant en liberté, Emile Sornin prolonge avec Au diable la bande-originale du film étrange de sa vie. Vertige ! RS

7. Julia Holter, Sun Girl (Domino)

Cinq ans après le baroque et monumental Aviary, la plus musicologue des chanteuses pop revient enfin et dévoile cet extrait brillant, rêverie concrète et chaotique avec boîte à rythme escarpée, fretless bass, field recordings, Yamaha CS-60, mellotron, flûtes et cornemuses s’enchevêtrant autour d’une douce comptine enfantine. TG

8. Kali Malone, All Life Long (for organ) (Ideologic Organ)

On a grand hâte d’entendre le nouveau disque de Kali Malone à paraître en février et annoncé comme une collection de musiques pour orgue, chœur et quintet de cuivres. Le morceau-titre All Life Long apparaît deux fois sur l’album, d’abord comme un canon étendu pour orgue puis arrangé pour la voix. Malone y associe The Crying Water d’Arthur Symons, un poème tout imprégné des sentiments de deuil et d’éternité, les larmes coulant sans fin comme une rivière ; All life long crying without avail / As the water all night long is crying to me. Pour l’orgue, All Life Long évolue avec une majesté patiente et concentrée, on s’abandonne et des émotions latentes et profondes jaillissent et nous retournent comme la terre. TG

9. Mount Kimbie, Dumb Guitar (Warp Records)

Les anglais de Mount Kimbie restent fidèles à leur son, difficile à catégoriser (synth-dream-chill pop ?), si propre à eux. Dans la lignée de ce disque parfait qu’est Love What Survives (six ans déjà), Dumb Guitar, tout en nostalgie, raconte la tentative désespérée d’un couple de sauver une relation comdamnée. Pour les fans, la face B du 45 tours est Boxing, collaboration avec King Krule parue en septembre et quasiment disparue d’internet depuis. CG

10. Real Lies, Shirley Road (Never Sleep)

Un nouvel EP des Londoniens où il est question du retour à la ville d’enfance : « It’s about the surreal events that take place upon that return to an Eden-turned-sinister, where the air glows bottle green ». CM

11. Sleaford Mods, West End Girls (Rough Trade Records)

Deux hommes, une chanson, pas tant de possibilités. Les petites frappes de Sleaford Mods, toujours tout droit sorties d’un film de Shane Meadows, s’attaquent au classique des Pet Shop Boys, le groupe qui a cru que Blue Monday allait ruiner sa vie. C’est assez fidèle, mais en un peu plus crade – fish & chips versus dry martini. Pour danser sans inhibition, avant et après le réveillon. CB

12. Yard Act, Dream Job (Island Records / Zen FC)

En attendant leur deuxième album intitulé Where’s My Utopia et prévu pour mars 2024, le groupe de Leeds livre ici un premier single efficace et doux-amer, réflexion festive sur la difficulté de vivre ses rêves, co-produite par Remi Kabaka (Gorillaz). PR

13. Mock Media, Madness (Meat Machine)

Le supergroupe canadien composé de membres de Crack Cloud, NOV3L, Pottery et Painted Fruit enquille les tubes sur Mock Media II, deuxième album prometteur, surpassant son prédecesseur par l’efficacité et la variété de ses airs. The Clash n’est toutefois jamais très loin. CG

14. MJ Lenderman, You Have Bought Yourself A Boat (Live) (Anti Records)

MJ Lenderman est le guitariste de Wednesday – groupe d’Asheville, Caroline du Nord, mené par sa petite amie Karly Hartzman et l’un des phenomènes indie-rock de 2023. Parce que nous n’avions pas parlé de Boat Songs, son troisième et superbe album en solo, attardons-nous sur l’album live paru ce mois-ci, compilant des titres de deux de ses concerts de l’année. Accompagné de son backing band, The Wind, et d’Hartzman en invitée spéciale sur quelques titres, le garçon de 24 ans emplit l’espace avec le charisme des plus grands. CG

15. Cat Power, Desolation Row (Live) (Domino)

Michel-Ange a repeint L’Annonciation de Fra Angelico et la lumière est la même, pourtant. CC

16. Kurt Vile, Blues Come for Some (Verve Records)

Kurt Vile, l’air de rien, dévoilait mi-novembre Back to Moon Beach, une collection de chansons enregistrées au cours des quatre dernières années – dont une reprise touchante de Passenger Side de Wilco et une autre, plus incongrue, du Must Be Santa de Bob Dylan. Bien qu’il ne considère pas cela comme un véritable album, nous nous réjouissons de tout ce que le slacker de Philadelphie nous propose, comme cette ballade au piano – surprenant de la part de ce guitariste invétéré –, traînante et estivale, sur fond de chant de cigales. CG

17. Gruff Rhys, Silver Lining Lead Balloons (Rough Trade Records)

Gruff Rhys serait-il le John Milton gallois ? Le nôtre, pour sûr ! Toujours sur le fil du lyrisme, une ode pop au présent. Sadness Sets Me Free, son nouvel album, sort en janvier 2024. PN

18. KCIDY, Je pense à toi (Vietnam)

Étonnante écriture à l’ancienne pour ce joli tube de KCIDY ! On pense aux girl groups des sixties, et surtout aux Supremes, c’est vraiment marrant, frais et excitant. Et vous l’avez dans la tête directos 🙂 RS

19. Marius Atherton, Narimane (autoproduction)

« Maybe you can show me how to love another way » demande Marius Atherton à Narimane dans cette magnifique chanson aux accents baroques. C’est bien vu. Et c’est peut-être le meilleur résumé de tout ce que l’art a à nous offrir. XM

20. Mary Timony, Dominoes (Merge Records)

J’écoute le nouveau Mary Timony (Autoclave, Helium, Wild Flag) et j’me dis vazy Mary c’est quoi ton open tuning il a l’air trop stylé – grosse leçon de laid-back à toutes mes meufs sûres. Untame the Tiger, son nouvel album, sortira en février 2024. PN

21. The Smashing Times, Glorious Times of Wes (K Records)

On les a vus vivre leur meilleure vie au dernier Paris Popfest en septembre dernier, The Smashing Times (t’as la réf ?) viennent de sortir un nouvel album chez K. PN

22. Coeur Joie, L’île du diable (autoproduction)

Coeur Joie est-il le super groupe de la scène parisienne ? En tout cas on est ravis d’y retrouver des membres d’excellentes formations telles que Volage, Bootchy Temple, Sex Sux, Entracte Twist, Structures, Pleasure Principle ou Belmont Witch ! De la pop francophone un peu seventies, un peu libertaire, très chouette ! AGF

23. The Lewers, O Karina (Lulu’s Disco Club)

Un line-up alléchant composé de membres de Diat , Orion et Itchy Bugger. Un son vaporeux mais abrasif. Espérons voir des copies arriver en Europe… VDPJ

24. The Telescopes, What You Love (Fuzz Records)

En avoir rétrospectivement sous la pédale. Répétition lancinante et voix d’outre-tombe, soit un peu de Lawrie en sus. Au programme donc, cet extrait d’un album perdu puis retrouvé, enregistré en 2013 à Leeds et à Berlin ; The Black Splatter sortira en février 2024. PN

25. David Holmes feat. Raven Violet, I Laugh Myself to Sleep (Heavenly Recordings)

Pour son premier véritable album depuis 2008, David Holmes s’acoquine avec la chanteuse Raven Violet pour écrire une musique qui rythme un monde moderne tombant en lambeaux. Sur fond d’électro obsédante, l’homme signe un disque moite et hypnotique, dont I Laugh Myself to Sleep – un inédit cosigné par son grand ami, le regretté Andrew Weatherall – est l’un des points d’orgue. À écouter religieusement – plongé dans le clair-obscur ou une chambre rouge. CB

26. Hotline TNT, I Thought You’d Change (Third Man Records)

Le groupe grunge de Brooklyn, en pleine ascension, présentait ce mois-ci son second album, un peu moins impactant que le génial Nineteen in Love de 2021, mais doté d’une poignée de titres très efficaces, comme ce single à l’énergie adolescente. CG

27. Marnie Stern, Earth Eater (Joyful Noise Recordings)

Dix ans après son dernier album, durant lesquels la guitariste new-yorkaise a mis de côté les tournées au profit d’un job « alimentaire » dans le groupe du talk-show de Seth Meyers (plus simple pour élever des enfants), Marnie Stern revient en force avec The Comeback Kid, un album nerveux et noisy qui ravira les amateurs du genre. PR

28. Hoorsees, Ikea Boy (Howlin’ Banana / Kanine Records)

Un troisième album pour les Parisiens prévu en janvier, et un premier extrait particulièrement catchy (voire ambitieux dans son envie de grimper à quatre par quatre les échelons du mainstream, ndlr) en écoute. CM

29. Adam Miller, Illusion Pool (autoproduction)

Les amoureux de Chromatics seront ravis du nouveau projet solo d’Adam Miller, qui vient de sortir un EP. « When I sang on Chromatics songs, I hated my voice. I would endlessly explore ways in which I could mask it behind a fortress of effects. But over the past few years, I’ve finally learned to embrace my natural voice. » CM

30. Beatowls, All I See Is Trouble (Violette Records)

Une nouvelle belle sortie de Violette Records, infatigable défricheur – un groupe tout droit venu de Liverpool. CM

31. The Kills, Wasterpiece (Domino)

Avec discrétion et efficacité, The Kills sortent God Games, un nouvel album ambitieux, aussi bien dans ses paroles que dans des sonorités moins minimalistes. PR

32. Tonn3rre3 et Bikay3, La forêt et les dieux (Born Bad Records)

Tonn3rr3 et Bikaye tentent sur cette chanson la fusion de la tradition orale des griots avec un psychédélisme planant et doux. Un manioc rock qui serait une sorte d’équivalent au krautrock pour l’Afrique de l’Ouest ? Ja voll ! RS

33. Jung & I, Winter (autoproduction)

Depuis une Bretagne reculée, l’énigmatique Soaz imagine une musique d’une beauté noble, entre electronica flottante et shoegaze crépusculaire. Le chant se cache derrière des émotions pastel, les arrangements invitent à la rêverie. Les quatre saisons, version avant-pop – et bande-son parfaite des nuits très longues. CB

34. David Lafore, Toc toc toc (Cholbiz)

Toqué, David Lafore l’est certainement, surtout quand il greffe son art textuel de collages incongrus (« j’suis tête et cucul scannés dans c’rikiki flambi bondé ») avec une rythmique techno funky froide, en affolant le curseur entre un Mark E. Smith d’Extricate et un Gotainer de Primitif. Génie. RS

35. Bonnie ‘Prince’ Billy, Keeping Secrets Will Destroy You (Drag City)

Tout juste arrivé, ce nouveau single portant le titre de l’album… ne figure pas sur l’album. Pourquoi faire simple ? Très jolie ballade nonobstant. A noter, ce titre se boit aussi (cf. photo ci-dessous et lien ), ce qui n’est pas pour déplaire à la rédaction. TS

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