Depuis quelques temps, cette introduction à la playlist du mois, l’un des articles les plus consultés du site, est devenu une petite tribune ouverte, comme un lanceur d’alerte pour vous sensibiliser, où on tient à vous signaler les micro événements qui agitent notre sphère indie ou nous-mêmes, à travers le travail fourni depuis 7 ans déjà avec section26. Sept ans de relation, sept ans de réflexion, le temps pour un couple de se remettre en question. Je vous avoue avec la plus grande transparence que section26 garde la face mais n’avance plus avec la même spontanéité qu’à ses débuts, et c’est normal. Il faut juste savoir se poser les bonnes questions. Quel public reste intéressé par le format critique rock à l’heure de TikTok ? Le vieillissement de ceux qui écoutent ce type de musique va-t-il nous entrainer dans la tombe ou le genre évolue naturellement tout en ne perdant pas ses plus jeunes troupes ? Est-ce qu’internet reste un bon refuge en ces temps où la presse papier connait l’une de ses plus grandes crises ? On remarque en tous cas, à notre petite échelle qu’il est temps de faire évoluer les sujets abordés, autant que ceux qui en parlent. Il ne s’agit évidemment pas de se pousser qui que ce soit vers la sortie, mais bien de savoir accueillir de nouvelles têtes. Alors voilà, en ce début d’été, si ce message résonne auprès de vous ou l’un.e de vos proches, qui que vous soyez, n’hésitez pas, nous sommes là : section26popmoderne@gmail.com. Bel été à tous. (TS)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify, et ci-dessous dès demain en playlist mixée sur Soundcloud.
1. Le Pain, See You Nowhere (Slouch Records)
En 2025, on ne s’attendait pas à autant de délicatesse pop mêlée à ce genre de guitares qu’on aimait autrefois chez Rocketship de la part d’un groupe de Los Angeles. BF
2. Charlie Hilton, Exorcise (Rhododendron Records)
Charlie Hilton était la chanteuse de Blouse, ce groupe de Portland qui avait marqué les belles années du label Captured Tracks avec ses deux albums, en 2011 et 2013. Quelques années plus tard, elle sortait Palana, son premier album solo. C’était il y a presque dix ans, et l’on n’attendait plus vraiment de successeur. River of Valentines a pourtant été annoncé pour le 20 juin avec la plus élégante des chansons de rupture, Exorcise – produite par Chris Cohen. Une voix très Broadcast sur des guitares folk lumineuses, un souffle rétro dans les sonorités comme dans cette façon d’allier mots déchirants et douce mélodie. Exorcise me from your mind / I’m ready to go – en boucle. CG
3. Cool Sounds, Venice in Vegas (Blossom Rot Records/Nice Guys Records)
Les Australiens balancent avec nonchalance cette cool chanson groovy – leur album Party Punisher vient de sortir. CM
4. Pearl & The Oysters, Sous la lune mandarine (Stones Throw Records)
Un mois très brésilien chez les Français ! Pearl & The Oysters tentent la carte du français (génial !) pour un morceau aux couleurs auriverde. Notons la présence de Tim Bernardes à la batterie et de l’omniprésent Alexis Fugain au mixage. AGF
5. Leo Blomov, Estou Louco (Tricatel)
Un extrait de l’album de Leo Blomov qui vient de paraître, Blomovinho, en portugais ! Un morceau mélancolique et très élégant. AGF
6. KCIDY, Maisons vides (Vietnam)
Très joli morceau de KCIDY. Cette chanson trouve sa place dans un univers allant de la bossa nova, en passant par la Shibuya-kei ou les productions Tricatel des années 90/2000. AGF
7. Wednesday, Elderberry Wine (Dead Oceans)
La reine du country rock revient avec un titre inattendu sur lequel on est heureux d’entendre (et de voir) MJ Lenderman, puisque lui et Karly Hartzman avaient récemment annoncé leur séparation, amoureuse et en partie musicale : Lenderman continuerait à enregistrer avec Wednesday mais ne les accompagnerait plus en tournée. On reconnaît aussi dans le clip le père de Karly, en star d’un jour, conduisant au rade du coin, peuplé de ses (réels) habitués, pour prendre une bière servie par sa fille. La musique de Wednesday sera pour toujours imprégnée de ce quotidien en Caroline du Nord, dans ce genre de ville où tout le monde se connaît. Premier extrait d’un prochain album ? Rien n’est pour l’instant annoncé mais le titre sonne dès la seconde écoute comme un classique. CG
8. Water Machine, River (Fat Cat Records)
Après Tiffany, excellent premier single dansant de leur album à venir en juin, voici River, très bon morceau de pop dissonante, qui montre à nouveau que les Ecossais sont de très dignes héritiers de Lung Leg. BF
9. Artificial Go, Circles (Feel It Records)
Bravo au quintette de la ville de Cincinnati, Ohio, avec ce premier single racé extrait de son dernier et très recommandé deuxième album Musical Chairs. Ce petit air de Would-Be-Goods combiné avec des paroles pleines d’humour a tout pour charmer. BF
10. Robert Forster, Breakfast on the Train (Tapete Records)
Comment Robert Forster parvient-il à ne jamais perdre de son élégance ? Il y a toujours un moment où les grands – rappelons qu’il fut le chanteur des légendaires Go-Betweens – finissent par nous décevoir, en accumulant des titres sans saveur ou à la production douteuse. Pas lui. Sur Strawberries, son nouvel album, comme sur l’excellent The Candle and the Flame qui le précède, avec une instrumentation toujours impeccable, l’Australien continue de nous embarquer dans ses histoires avec sensibilité, et ce même quand les paroles sont classées « explicites », comme celles de cet appétissant Breakfast on the Train. CG
11. The Lemonheads, Sad Cinderella (Fire Records)
Pour ceux qui comme moi on accueilli le nouveau single des Lemonheads avec scepticisme, il y a moyen de s’émerveiller de cette incroyable reprise de Townes Van Zandt en face-B. Dando reste le roi inconstestable de la reprise. Chapeau ! BF
12. Ryder the Eagle, Smile Hearse Driver (autoproduction)
Le crooner-vagabond toulousain exilé à Mexico City revient avec un nouvel single envoûtant à la mélodie aussi limpide que poignante, dans une ambiance musicale à la fois sombre et lumineuse qui n’aurait pas déplu au David Lynch période Twin Peaks. BF
13. Westside Cowboy, Shells (Nice Swan Recordings/Heist or Hit)
Deuxième single plus que réussi pour les Mancuniens de Westside Cowboys, produit par le guitariste de English Teacher. Le morceau démarre dans un murmure, avant un déferlement de guitares comme, on l’espère pour eux, la carrière qui attend ce groupe prometteur. PR
14. Black Lips, Wild One (Fire Records )
Les Black Lips poursuivent leur vagabondage flower-punk envers et contre tout. Avec Wild One, ils nous livrent une chanson moricconienne en diable, à la production ambitieuse et au souffle épique. On aurait préféré Cole Alexander au chant à la place de sa copine Zumi Rosow, mais le morceau n’en reste pas moins agréable. BF
15. Power Pants, Play With Me (autoproduction)
Dans un test à l’aveugle, on pourrait croire que cette chanson jouée pied au plancher par le groupe egg punk américain de Winchester, Virginia a été composée par les Australiens de 1-800-MIKEY ou de Tee Vee Repairmann. Une punkerie et ça repart ! BF
16. The Limiñanas feat. Bobby Gillespie, Prisoner of Beauty – Live Cuts at Abbey Road (Berreto Music/Because Music)
Les rockers de Perpignan se font plaisir en proposant une version beaucoup plus brute de Prisoner of Beauty – qui apparaît sur leur dernier disque en date –, avec un Bobbie Gillespie fidèle à son essence de rock-star née. BF
17. Les Lullies, À l’étroit (Legless Records)
Nous sommes heureux d’avoir des nouvelles des Lullies, l’une des meilleures formations punk/powerpop françaises. Enregistrée chez Maxime Smadja (Condor, Skategang), la chanson s’inscrit parfaitement dans la veine de leur excellent dernier album en date. AGF
18. Lifeguard, Under Your Reach (Matador Records)
On vous a déjà largement parlé de Horsegirl, groupe emblématique de la jeune scène indie rock de Chicago. Lifeguard est l’un de ces noms qui gravitent autour, puisqu’en plus d’être, comme les susnommé.es, un trio d’ados de Chicago signé chez Matador, il est composé d’Isaac Lowenstein, frère de Penelope, de Horsegirl. Mais pour la faire courte, Lifeguard c’est Horsegirl en 2022 (leur premier album, le meilleur, on peut maintenant le dire) : c’est punk, noisy, et ça fait du bien. CG
19. Now, 1 Way 2 Go (Perrenial)
On avait grandement apprécié leur récent single In Pathécolor. Les Californiens viennent de livrer un album réjouissant qui emprunte aux Pastels, aux Mantles et à Cleaners from Venus. 1 Way 2 Go s’impose comme un véritable tube de l’été, plein de joyeuse spontanéité. BF
20. Gros Coeur, Sacrifice (Jaune Orange/Le Cèpe)
Cavalcade proggy psychédélique quelque part entre Population II, Osees et Moodoïd. Très très hâte d’entendre la suite ! AGF
21. Gina Birch, Causing Trouble Again (Third Man Records)
Bon sang ! on aimerait tous vieillir comme ça ! Gina Birch des légendaires Raincoats, qui va fêter ses 70 ans en octobre prochain, nous propose un single aussi cool que les tubes de Kathleen Hannah et ses acolytes période Le Tigre. Epatant ! BF
22. Saint Etienne, Glad (Heavenly Recordings)
Joie et tristesse avec la sortie de Glad, co-écrit avec Tom Rowlands des Chemical Brothers et Jez Williams de Doves, puisque Saint Etienne vient d’annoncer qu’International, à paraître le 5 septembre, serait le dernier album du groupe. Joie d’entendre Sarah Cracknell nous demander « Don’t it make you sad ? Don’t it make you glad ? », mais tristesse évidente de dire au revoir aux maîtres de la nostalgie dansante, dont on espère qu’ils passeront une dernière fois en France. PR
23. Tryphème, Rodeo (Slowride)
Tryphème est mère d’un nouveau label sur lequel est sorti son dernier album, l’éponyme Slowride. Et quelle prod ! Complètement trip-hop-dub, pop désenchantée, riche et rentre-dedans. Réjouissant. VH
24. Jenny Hval, All Night Long (4AD)
Le septième album de la Norvégienne, figure du label 4AD, est tout en plages de synthétiseurs enveloppantes et en voix carressante. Encore une fois très expérimental, ponctué d’interludes et de moments parlés, il pourra déstabiliser les oreilles non-initiées mais quelques superbes chansons – Lay Down, All Night Long et A Ballad – devraient faire l’unanimité. CG
25. Alexandra Savior, Goodbye, Old Friend (RCA Records)
Alexandra Savior revient ce mois de mai avec un nouvel album au moins aussi beau que le précédent, elle s’y affirme et déploie toutes les palettes de son charme fou. Ce morceau Goodbye, Old Friend touche au coeur et donne envie de grands espaces, d’océan à nos pieds, de vent dans les cheveux et de caresses qui ne s’arrêtent jamais. LB
26. Steve Queralt feat. Verity Susman, Messengers (Sonic Cathedral)
Steve Queralt (Ride) a eu la riche idée de collaborer avec Verity Susman (Electrelane, Memorials) et sa voix envoûtante dans cette chanson shoegaze parfaite pour les fins de soirées estivales. CM
27. Smerz, You got time and I got money (Escho)
Le duo norvégien formé par Catharina Stoltenberg et Henriette Motzfeldt signe un deuxième album sensuel et dans l’air du temps, Big city life. Elle saluent l’influence de leurs alliées artistiques de Copenhague, où elles vivent en partie : Astrid Sonne, Clarissa Connelly ou encore Erika de Casier. CG
28. Elaine Howley, Hold Me in a New Way (Modern Love)
Il y a des morceaux magiques et envoûtants, des douceurs late night pop qui viennent se blottir dans tes oreilles et refusent d’en sortir. Impossible de dire exactement ce qui m’obsède dans cette chanson, pourtant minimale (des samples trip-hop ?) si ce n’est cette tension diffuse, flottante, qui ne se dissipe jamais, même après des dizaines d’écoutes en boucle. Un câlin de poche signé Elaine Howley, chez Modern Love. VH
29. Mythologen feat. Johan Duncanson, Radicalised (YEAR0001)
Quand Alexander Palmestål, producteur de dance music, convie Jens Lekman au piano et Johan Duncanson de The Radio Dept. au chant, ça donne une chanson aussi radicale que mélodieuse. CM
30. Pulp, Got to Have Love (Rough Trade Records)
Spike Island, le premier extrait de More, à paraître le 6 juin, présageait un album dansant, ce que vient confirmer Got To Have Love, hymne à la danse génial qui ne manquera pas de faire se déhancher le public qui aura la chance de voir le groupe sur scène cet été à la Route du Rock. Entre les violons très Pet Shop Boys, l’urgence toujours aussi présente dans la voix de Jarvis, le L.O.V.E. épelé en clin d’oeil au passé, et la video des danseurs du casino de Wigan, ce morceau justifie à lui seul les 24 ans d’attente. PR
31. Sparks, Drowned in a Sea of Tears (Transgressive Records)
Si Do Things My Own Way, premier extrait de MAD!, le 28ème album de Sparks paru ce mois-ci, ne nous avait pas convaincu, Drowned In A Sea of Tears enlève toute réserve concernant le plaisir de retrouver les toujours hyperactifs frères Mael. Dans la lignée du génial The Girl is Crying in Her Latte sans être convenu, ce Sparks énervé, dansant et mélancolique est la bande-son parfaite de ce début d’année 2025. En attendant X Crucior, leur prochain film musical réalisé par John Woo, le duo fait une tournée mondiale qui passera par Paris le 30 juin à la Salle Pleyel. PR
32. Adult DVD, Because I Like It (autoproduction)
Six gars de Leeds avec une énergie contagieuse, qui balancent des tubes jubilatoires en trois minutes max comme les Anglais savent si bien le faire. CM
33. Tony Geranno, Vents stupides (Aux enfants du Talus)
Alléluia ! C’est bien ce mois-ci que Tony Geranno sort Gât Mort, un nouveau disque tranchant, urgent, distillé dans cet affluent de la Garonne et deux ans après son premier album. Chanson synth-pop foutue pour foutue, mais pas si lo-fi que ça : le Bordelais se distingue par sa voix et l’habileté d’une plume à fleur de peau, parfaite pour nos futures embarquées en solitaire. VH
34. Andrea Laszlo De Simone, La notte (42 Records/Ekleroshock Records)
Impossible de ne pas citer dans cette playlist l’artiste italien le plus sensible, le plus intemporel, celui qui touche la grâce du bout des notes à chaque morceau. Ici pas de désenchantement Antonionien, bien au contraire. La Notte brille bien jusqu’au bout… T
35. Alpha feat. Joanna Swan, Someone I Used to Love (autoproduction)
Il y a 28 ans, toutes celles et ceux qui avaient eu la chance d’écouter le premier album d’Alpha, si intelligemment intitulé ComeFromHeaven, avaient ajouté quelques centaines de couleurs à la palette de leurs émotions, en particulier le temps des six minutes comme élégiaques de Somewhere Not Here… Depuis ce chef d’œuvre inaugural, le tandem originel est devenu le seul projet de Corin Dingley, expatrié en France depuis plusieurs années et qui continue d’enregistrer chansons et disques avec une régularité et (souvent) un talent assez sidérants. Annonciateur du nouvel album du “groupe”, Calling To The Sun, Someone I Used To Love – interprété de voix de maitre par Joanna Swan, collaboratrice privilégiée depuis 2020 – est à la hauteur de son titre, un moment suspendu de mélancolie amoureuse porté par une mélodie bleue. Au cœur, à l’âme. CB