LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JUIN 2025

Une dernière fois avant l’été, voici notre généreuse moisson de nouveautés, recueillie par une équipe aux oreilles affutées et aux sens aiguisés, qui nous emmène de New-York au Costa Rica et au Caire, en passant par Londres, Bristol, Copenhague et une myriade de villes françaises. Toutes les vibrations de la pop modernes réunies à travers ces 35 titres parfaits pour envisager un été que l’on espère plus serein que l’actualité ne l’annonce. D’ici là, press play et aimez votre prochain.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify, et ci-dessous dès demain en playlist mixée sur Soundcloud.
NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

1. Water From Your Eyes, Life Signs (Matador)

Le duo originaire de Chicago expatrié à New-York (comme Horsegirl) s’apprête à sortir son septième album chez Matador en août. Le single Life Signs surprend car il ne va pas où on l’attend après une intro très efficace. Cool et entêtant comme un bon morceau de Blonde Redhead. PR

2. Cate Le Bon, Heaven Is No Feeling (Mexican Summer)

Cate toujours en mutation(s) — le riff comme statement pop — moi aussi je vais avoir 42 ans — de tous ces filtres naîtra forcément une perle, un diamant — Cate toujours en forme de question(s) — Cate toujours en forme — syntonique en diable — chapeau David, chapeau Laurie, chapeau Catherine (le nouvel album sort le 26 septembre). PN

3. Gwenno (feat. Cate Le Bon et H. Hawkline), Y Gath (Blue Raincoat/Heavenly Recordings)

Gwenno n’en finit pas de nous émerveiller par ses compositions aussi intelligentes que délicates. Après les fabuleux Dancing on Volcanoes et War, voici Y Gath (« Le Chat »), troisième single de Utopia, qui sera déjà le quatrième album de la Galloise (à paraître le 11 juillet chez Heavenly Recordings). Majoritairement chanté en anglais et non en gallois, il est annoncé comme un nouveau départ par l’intéressée, qui n’a cessé de prouver l’ampleur de son talent depuis ses débuts dans les Pipettes, contredisant avec élégance ceux qui s’étaient arrêtés à leurs charmantes robes à pois. PR

4. Nadah El Shazly, Elnadaha (One Little Independent Records)

J’ai découvert Nadah El Shazly l’an dernier, à la sortie du bouleversant Pollution Opera (premier album éponyme de son duo avec la géniale Elvin Brandhi). Son nouvel LP, Laini Tani, est une délicieuse vague de chaleur avant l’orage. L’artiste cairote conjugue avant-garde expérimentale et héritage musical égyptien pour façonner un alliage pop captivant, enveloppé d’une « aura » (excusez le mot) mystérieuse, tantôt ingénue, tantôt franchement menaçante. Nadah maîtrise à la perfection l’équilibre entre musiques traditionnelles et sonorités électroniques plus denses. Un ensemble aussi singulier – presque organique – que cohérent, qui place cette sortie parmi mes préférées de l’année. VH

5. Magicien Windows, J’ai repensé à toi, ça ne m’a pas rendu triste (autoproduction)

La sieste de Philippe Glass de Magicien Windows

Petite pause épiphanique dans le nouvel album riche en contenu du Nantais Magicien Windows (il doit y avoir au moins 19 genres différents sur les 19 titres). C’est actuel et fun sans se prendre au sérieux, avec des moments de bravoure vraiment touchants. Si ce morceau n’est pas celui qu’on a en tête au lever du soleil en rentrant d’after, je mange mon chapeau ! VH

6. Content Provider, Endless Summer (A Bokeh Versions/Drowned By Locals)

Dali De Saint Paul, expérimentaliste militante aux (très) nombreux projets et collaborations, propose Content Provider comme un nouvel alias, d’abord secret, sous lequel elle ne se limite plus au rôle de vocaliste, mais endosse celui de productrice, accompagnée d’une bonne poignée de feats. Cet album est à la fois défiant, sincère et porteur d’espoir dans un contexte politico-social anxiogène au possible. Les genres saisis à la volée et les improvisations s’entremêlent sur des morceaux très catchy, beaucoup plus « pop » que ce à quoi on pourrait s’attendre. VH

7. Gaël Etienne, Les soirs comme ce soir (MK Label)

Sideman recherché (Requin Chagrin), Gaël Etienne passe devant le micro. Une belle chanson variété pop sur de magnifiques nappes synthétiques. AGF

8. Flavien Berger, Filmer du feu (Inline Twist) (Pan European Recording/Vibrance)

Flavien Berger, entouré du collectif La Brume, nous sert notre album de l’été avec une réécriture de Léviathan, son premier album paru il y a dix ans. Si certains titres sont sublimés, d’autres sont transformés au point d’être méconnaissables, à l’instar de Filmer du Feu (Inline Twist), qui renaît des cendres de sa version instrumentale initiale. CG

9. Thomas Pradier, Retour à la normale (Lunedélia)

Balade douce et très légèrement lysergique de l’élégant Toulousain, dont on attend avec impatience le nouvel album à paraître à la rentrée ! RS

10. Polycool (feat. Gaétan Nonchalant), Les Oiseaux Migrateurs (autoproduction)

Les fantaisistes Parisiens de Polycool invitent leur ami Gaétan Nonchalant pour un single rêveur, porté par un battement d’ailes au ralenti, entre nappes de synthés ouatées et gazouillis. On en ressort délicieusement rafraîchi. CG

11. Mac DeMarco, Home (Mac’s Record Label)

Avec Home, le Canadien annonce un nouvel album sobrement intitulé Guitar, entièrement enregistré à la maison, et rappelle, par un guitare-voix dépouillé (cette voix si familière…), l’acuité de son talent. CG

12. Magon, Broke (T. Rex Recordings)

On se demande comment Magon peut être à la fois aussi productif et inspiré. Broke s’impose comme une des désormais innombrables très bonnes chansons de l’Israélien désormais exilé au Costa Rica. BF

13. Black Lips, Tippy Tongue (Fire Records)

Leur dernier single Wild One nous avait déjà particulièrement convaincus, mais là, on retrouve avec jubilation les Black Lips des meilleurs jours avec ce hit flower punk à la production übercool. L’album à venir de nos affreux, sales et méchants préférés s’annonce excellent ! BF

14. Scorie, The Leash & the Fury (Géographie)

Les Parisiens balancent un single parfait pour ambiancer nos chaudes soirées d’été – album prévu en fin d’année pour réchauffer nos froides soirées d’hiver. CM

15. Triptides, Fly into the Sun (Label 51)

On ignore si Label 51 est fan de pastis ou d’OVNIS, en tout cas Triptides continue de nous émerveiller avec des chansons pop psychédéliques délicates. Des petits accents planants et soft rock pour cette très réussie Fly into the Sun. AGF

16. Rémi Klein (feat. LORD$), Escalator (Tricatel)

Les Parisiens reconnaîtront les Halles, mais Rémi Klein s’éprend surtout de l’Amérique du Nord et chante dans la langue de Shakespeare. Excellent morceau boogie funk, pas si éloigné que ça de Young Gun Silver Fox. AGF

17. Mégadisq, Every Friend Is a Drink (Le Cèpe Records/Foudrage/Modulor)

Jeune trio rennais accompagné par les Transmusicales lors de l’édition 2024, on ne peut que se réjouir à l’écoute de ce morceau dans la tradition pop brito-rennaise de la fin du siècle dernier. A écouter pour se rafraîchir en attendant la sortie de leur premier album intitulé Venus is Red, à paraître le 17 octobre prochain. PR

18. Graffiti Palace, Perio (Objet Disque)

Perio revient pour une chanson posée là, un petit joyau humble, une résolution pleine de charme de l’équation favorite de la génération X, à savoir offrir les valeurs mêlées du solaire et du mélancolique en un tour de main hors genre qui a l’air de ne pas y toucher mais qui nous fouette gentiment le cœur. Le nouvel album de Perio, The Sharp Bone of My Sleep, arrive chez Objet Disque le 24 septembre. PN

19. Heavenly, Portland Town (Skep Wax Records)

Jeanines, Josie, etc. Aucun de ces groupes n’aurait existé sans Amelia Fletcher, qui revient aujourd’hui avec un nouveau single actant de la résurrection de Heavenly. Elle montre ici qu’elle est la patronne de la branche « twee » de l’indie pop. BF

20. Jeanines, Coaxed a Storm (Slumberland Records)

Jeanines revient et on se réjouit déjà de pouvoir chanter en chœur les ritournelles à venir sur leur nouvel album, How Long Can It Last, qui sortira le 27 juin. De plus excellente nouvelle : concert le 16 juillet au Supersonic avec The Gentle Spring et Lightheaded (dans la sélecta de Baptiste Fick en avril dernier — et d’Alex Gimenez-Fauvety l’an dernier pour les VRAI·ES qui suivent — pour celles et ceux qui auraient encore besoin d’être hypé·e·e·e·s, allez donc écouter leur reprise de Patti Girl), aucune raison de rater cette super date estivale (et gratuite !) organisée par les amis du Paris Popfest. PN

21. Josie, My Boy and I (K Records)

À Copenhague on touche de l’herbe et on voit frais : les cœurs twee peuvent se réjouir de cette pop à guitare qui fait du bien se clame encore haut avec bonne humeur alors que nous touchons déjà la fin du quart du nouveau siècle. Le bien nommé A Life on Sweets Alone sortira le 25 septembre sur K/Perennial. PN

22. Flippeur, Pacman (Howlin’ Banana)

Tout droit, tout vite, tout fort, le groupe parisien de egg punk (on vous expliquera) dit tout en moins de deux minutes, de toute façon, on est pressés et en colère, comme eux, parfait. RS

23. Technopolice, Sortir le soir (Howlin’ Banana)

Technopolice fait de l’egg punk, pour celles et ceux qui l’ignorent : du garage-punk. C’est en français et donc très rafraichissant ! Chouette tout ça. AGF

24. Joni Île, A quoi ça sert (La Souterraine)

Sur la compilation d’hommage à Françoise Hardy, ourdie par La Souterraine, Joni Île s’empare de cette chanson de 1968, lui fait une clé de bras et en fait sa chose. Magnifique. RS

25. Pach & Ker, Cours (Born Bad Records)

Pendant plus d’un an, les deux gaziers de Gwendoline, Pierre et Mika, entre deux tournées et sous l’égide d’Astropolis Brest, ont travaillé avec 14 résidents de foyers de vie, en situation de handicap, pour finalement sortir Pach & Ker, album de six titres avec guitares, percussions et synthés. « Nous, on s’est juste occupé de caler les choses. Les résidents ont écrit les paroles en respectant des thèmes assez larges qu’on avait proposés. Puis, parmi eux, certains savaient déjà jouer d’un instrument. » Et c’est non seulement un projet humainement intéressant, mais musicalement abouti, bravo les Brestois, cœur sur vous. CM

26. Antoine Herran, Le vieux libraire (autoproduction)

Herran déboule de Bordeaux aux commandes d’un superbe album qui presse une certaine variété des années 1990 et 2000 pour en tirer un jus trouble au goût de l’étrange. RS

27. Lil Ronin, Comme des mots (Getting You Back to the Game of Life)

Les canards anglais disent de sa musique qu’elle est post club, nous on va se contenter de dire que Lil Ronin nous amène la chanson sur des chemins bien futuristes, ce qui est pas mal non plus. RS

28. multiscreen, That’s Life (I love my wife)

Beauty in the brainrot — si c’est joliment dit, l’accroche du tout premier morceau de multiscreen lui colle parfaitement à la peau. Louis Blooey, initialement animateur de podcasts et créateur sur TikTok, se lance désormais comme artiste-interprète sous le nom de multiscreen. Avec That’s Life, qui marque le début de sa carrière solo, je ne crois pas m’emballer en disant que LCD Soundsystem et l’énergie de leur Long Goodbye (2014) comptent parmi ses influences majeures. Un morceau frais et ultra-entraînant, pas forcément novateur, mais diablement efficace. VH

29. Maybach Hurt, Death Metal (White Garden)

S’il se présente comme un hommage sans ambiguïté à l’œuvre de Dean Blunt — jusqu’au nom du morceau (clin d’œil à Black Metal), mais aussi à Hype Williams dans ses structures déstructurées — ce premier album du jeune Français Maybach Hurt peut, pour les fans de World Music, frôler le chef-d’œuvre. Tire-larme, nonchalant et eerie à souhait, les codes de genre y sont détournés avec la même justesse, brodés autour d’un hip-hop très contemporain (samples à gogo). Une très agréable surprise, qui dépasse largement la copypasta peu inspirée. VH

30. Ben Kweller (feat. Waxahatchee), Dollar Store (The Noise Company)

Il est rare d’être (re)connu pour son premier album et pourtant, quand on pense à Ben Kweller, on voit toujours le visage juvénile, en train de se brosser les dents, de la pochette de Sha Sha (2002). Depuis, le Texan a publié une poignée d’albums passés plutôt inaperçus, et le dernier n’a malheureusement pas fait beaucoup plus de bruit. Il réunit pourtant de très belles ballades au piano – la voix mélodieuse de Kweller n’a pas pris une ride – et des envolées plus rock, partagés avec des amis, MJ Lenderman ou The Flaming Lips. On s’arrête sur ce Dollar Store chanté avec l’adorée Katie Crutchfield aka Waxahatchee, aux guitares bien nineties. CG

31. Pile, Uneasy (Sooper Records)

Piliers de la scène post-hardcore/emo de Boston, Pile tient la charge depuis vingt ans déjà. La voix intense de Rick Maguire a toujours le même impact, sur Uneasy comme sur Born at Night, les deux très bons singles de Sunshine & Balance Beams, prévu pour le 15 août. CG

32. Classic Trucks, Mary Troy (Breakfast Records)

« En regardant la rivière, j’ai vu l’histoire de ma famille se dérouler derrière moi. Des centaines d’années de Bristoliens craignant Dieu, vivant, travaillant, rêvant et mourant le long des berges de cette rivière ». La scène de Bristol regorge de talents, en témoigne Century Songs, l’EP de Josh Jarman. CM

33. Hand Habits, Wheel of Change (Fat Possum Records)

On l’attendait, ce nouveau Hand Habits en solo : Blue Reminder paraîtra le 22 août, et ce jubilatoire Wheel of Change en est le premier single. Un album de « love songs » selon les mots de Meg Duffy qui, dans un contexte où les communautés queer et transgenre sont particulièrement marginalisées au pays de Trump, tient à revendiquer son épanouissement, à la fois dans son corps et sa relation amoureuse. Un véritable hymne, avec des guitares à la Neil Young et un refrain qu’on a envie de crier en faisant des rondes sur soi-même. CM

34. Ead Wood, Dig (Breakfast Records)

Un rock métissé d’alt-country, du banjo, de la guitare 12 cordes, de la pedal steel… On se laisse embarquer illico dans Cash Mountains, premier album réussi d’Ead Wood. CM

35. Alex Van Pelt, In Tune (Kidderminster)

Voici encore une bien belle chanson de l’ex-Coming Soon, servie par des arrangements de cordes des plus distingués et adroits, chanson dont la mélodie claire et distincte va droit au cœur, comme si Chris Cohen avait fait appel à Scott Walker pour l’aider à donner à cette mélodie l’écrin qui lui convenait le mieux. BF


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