Feu d’artifice final pour une année résolument compliquée. Alignés comme une configuration astrale prometteuse, nos hérauts (Spiritualized, Dean Wareham, Jarvis), ceux en passe de le devenir (Cate Le Bon, Exek) et ceux qui les côtoient avec grandeur et style dans cette fournée hivernale à écouter au chaud, le temps que tout cela passe.
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NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Spiritualized, Always Together With You (Bella Union)
Le premier extrait de Everything Was Beautiful, album de 7 titres à paraître le 25 février 2022, vous a peut-être semblé familier. Il s’agit en effet d’une nouvelle version du titre Always Forgetting With You (The Bridge Song), issu de la compilation Space Project parue lors du Record Store Day 2014. Alors que cette première version se caractérisait par une atmosphère lente et atmosphérique, la nouvelle se fait tintamarresque. CG
2. Beach House, Once Twice Melody (Bella Union)
Beach House livre son prochain album, à paraître en février 2022, chapitre par chapitre. Et les quatre premiers titres sont tout à fait prometteurs, des tubes immédiats pour nous faire plonger tête la première dans les méandres de la déprime hivernale. TG
3. Dana Gavanski, Letting Go (Full Time Hobby)
En composant un titre plus atmosphérique et synthétique qu’à l’accoutumée, Dana Gavanski se rapproche de plus en plus de l’univers de Cate Le Bon. Et nous n’allons pas nous en plaindre. DJ
4. Cola, Blank Curtain (Fire Talk)
Ought a déclaré forfait, c’était bien triste. Mais Tim, le chanteur et guitariste, et Ben, le bassiste, prennent le relai avec Cola – on est moins tristes. CM
5. Shame, This Side of the Sun (Dead Oceans)
Le second album de la déflagration britannique Shame, Drunk Tank Pink, était paru en janvier, en pleine pandémie ; une frustration énorme pour un groupe s’épanouissant avant tout sur scène. Les jeunes hommes y fêtent aujourd’hui leur retour avec un nouveau single, le premier enregistré en conditions live, This Side of The Sun. Des guitares à la Television Personalities, un chant tranchant : une bombe de plus à leur collection. CG
6. Liiek, Object / Constructed (Adagio 830 / RDS.REC.HH)
Double ration de plaisir froid et tendu venant de Berlin, que l’on aura eu la chance de voir en concert à Paris fin novembre. VDPJ
7. Sweeping Promises, Pain Without A Touch (Sub Pop / Feel It)
Imaginez du Sleater-Kinney sans chichi, gardant son efficacité tout en allant à l’essentiel. Cela vous donnera une idée de ce single parfait de Sweeping Promises. Le premier pour Sub Pop. DJ
On met les petits plats dans les grands avec cette co-prod signée Feel It (qui avait produit le premier album du groupe) et Sub Pop, post-punk groovy à souhait en provenance du Kansas, totalement killer. Bientôt en tournée dans nos contrées. VDPJ
8. EXEK, (I’m After) Your Best Interest (Castle Face)
Mercredi dernier, alors que nous étions occupés, avec l’équipe de A Certain Radio, à boire un demi en terrasse en fin d’après-midi – oui, parfois le week-end commence tôt -un mail tombe. Nouvel album d’EXEK, les australiens surdoués à la croisée des chemins entre post punk, dub, et cold wave prévu pour février prochain, avec cette nouvelle splendeur en guise d’apéritif. On a immédiatement remis une tournée. TS
9. Silicone Values, Streaming Tv & Nothing Wrong With Me (autoproduction)
Bristol , nouveau 7 pouces pour Silicone Values, ça transpire la belle pop énergique, évoque du Paul Messis moins revivaliste. VDPJ
10. Free Live Sports, The Lizard (Rough Skies)
Sortis tout droit de Tasmanie, avec des novices parmi ses membres, Free Live Sports et sa pop vitaminée rappelle les cousins américains de K Records, mais aussi les frères et soeurs australien(nes) de Kitchen’s Floor, Clever, etc. VDPJ
11. Leo Nocentelli, Till I Get There (Light In The Attic Records)
Another Side, dont est extrait ce titre, a été enregistré en 1971 par Leo Nocentelli, alors guitariste de The Meters. Il y délaissait le funk pour un album inspiré par James Taylor. Nocentelli avait oublié l’existence du projet, et les bandes conservées par Allen Toussaint (présent au piano) ont failli être détruites – comme les trois-quart de ses archives – pendant l’ouragan Katrina. Les neuf titres originaux font immédiatement oublier le caractère quelque peu maussade de l’actualité, et la reprise de Your Song (pourtant tout juste sortie) est miraculeusement cool. PR
12. David Christian And The Pinecone Orchestra, Lockets, Drop-outs And Dragnets (Tapete Records)
Après 30 ans au sein de Comet Gain, David Christian se lance en solo. Ce morceau sous haute influence Go-Betweens en est l’un des points forts. DJ
13. The Hepburns feat. Estella Rosa, Five Miles Of Line (Elefant Records)
Le nouvel album des gallois The Hepburns est sorti ce mois et, 35 ans après leurs débuts chez Cherry Red, leur « sophisti-pop » est toujours aussi addictive. Vivement recommandé ! CM
14. Dean Wareham, As Much As It Was Worth (Double Feature Records)
Dean Wareham traverse les années sans ne rien perdre de sa pertinence et de son élégance. Son nouvel album, I Have Nothing to Say to the Mayor of L.A, le prouve à nouveau. C’est beau comme du Galaxie 500, sensible comme du Luna, néanmoins absolument actuel. Le titre phare de l’album, As Much As It Was Worth, parle de la jeunesse et la perte d’un être aimé, et s’inspire d’une parole de l’écrivain britannique Julian Barnes qui, à propos du décès de sa femme, avait dit : « it hurts, just as much as it was worth ». CG
15. Papercuts, A Dull Boy (Psychic Friends Records)
Après l’album Parallel Universe Blues qui nous avait enchantés en 2018, le multi-instrumentiste et producteur californien Jason Quever revient avec un EP exclusivement digital, Baxter’s Bliss. On y retrouve toute sa mélancolie, appuyée sur cette première piste par un contraste entre une instrumentation chatoyante et un chant monotone, puis par des reprises de deux sublimes crève-coeurs, When Will You Come Home de Galaxie 500, et The Partisan de Leonard Cohen. CG
16. LeoBlomov, Moon-a-Lisa (Label Attitude)
Extrait du premier album de LeoBlomov, le morceau est à la croisée de Mild High Club et Melody Nelson (Gainsbourg). Chanté en duo avec Mackenzie Leighton, le titre est une belle synthèse d’un disque pop. EB
17. Cate Le Bon, Moderation (Mexican Summer)
Deuxième extrait du nouveau Cate Le Bon, aussi divin que le premier, Running Away. TG
18. Tahiti 80, Hot (Human Sounds)
Tahiti 80 revient avec un morceau pop funky, un domaine où ils excellent particulièrement. Si les incertitudes du monde nous mettent le moral en berne, nous pouvons compter sur les Normands pour nous mettre un peu de baume au coeur ! AGF
19. Martin Carr, Flames (Sonic Cathedral)
Avec Flames, son premier morceau publié en cinq ans, l’ex Boo Radleys Martin Carr continue à explorer et expérimenter. Pour preuve, cette chanson électronique sans queue ni tête dont la mélodie vous saisit par magie. DJ
20. Rémi Parson, Etrangers (Isolaa)
Discrète et vaporeuse, la musique de Rémi Parson emplit l’atmosphère d’une légère mélancolie new wave. RS
21. Gwendoline, Voldebière (Dead Wax Records)
Troisième single pour les Bretons avant la sortie en janvier de leur album Après c’est gobelet !. Les champions schlagwave de la lose interrogent acidement sur la manière de se revendiquer du cool : « J’suis trop indépendant, ouais j’suis trop underground ». Et ça donne une chanson bien addictive. CM
22. Yeule, Friendly Machine (Bayonet Records)
Attendu pour le début d’année prochaine, le second album de Yeule se dévoile peu à peu, prolongeant les merveilleuses intimités électroniques qui avaient fait la beauté de Serotonine II en 2019. Sur ce nouveau single abimé, iel nous plonge en murmurant dans un état second instable et dissociatif (« Flush my vomit down the drain/Think of my body getting hit by a train ») tandis que des synthétiseurs noisy s’enflamment dans la nuit noire. EV
23. Teenage Bed feat. San Carol, Busy Talking (Pale Figure Records)
L’association Teenage Bed et San Carol fonctionne à merveille, en témoigne cette chanson triste, douce et belle. On attend la suite les gars. CM
24. Cassandra Jenkins, New Bikini (First Take) (Ba Da Bing Records)
Cassandra Jenkins avait sorti l’album au meilleur titre de l’année, An Overview on Phenomenal Nature, marqué par la disparition de David Berman. Elle en propose un deuxième, de chantiers et de coulisses, aussi bouleversant, à l’os. On continue de pleurer, de sourire, de vivre. CC
25. Josephine Foster, Guardian Angel (Fire Records)
Josephine Foster ne cessera jamais de surprendre. Sur Guardian Angel, elle mélange douceur mélodique et acoustique à des sons synthétiques entre l’ambient et le psychédélique. Et c’est d’une beauté sidérante. DJ
26. Still House Plants, More More Faster (AD93)
Envie de creuser un trou dans le chaos de Still House Plants et d’y hiberner tout l’hiver, se lovant dans la chaleur bégayante de ses riffs tordus, dans les circonvolutions titubantes de son non-tempo, dans les éructations puissantes de Jessica Hickie-Kallenbach. More More Faster est le fabuleux nouveau single du trio écossais, qui confirme qu’il est l’une des rares formations à l’architecture rock encore capable de cartographier des lieux inconnus. Le seul groupe qu’il est justifié de qualifier de viscéral. Le bruit des tripes. EV
27. Ovlov, Eat More (Exploding In Sound)
Ce mois-ci, nous avons aussi retrouvé Ovlov – le secret le mieux gardé du Connecticut – avec Buds, un album de shoegaze aux penchants emo assumés. Eat More, comme plusieurs titres de l’album, laisse entendre la voix d’Alex Gehring, chanteuse et bassiste bien-aimée de Ringo Deathstarr. CG
28. François Joncour, Biology is Food & Sex (Music From The Masses)
Superbe et étonnant album qui vient de sortir, fruit de la collaboration entre le multi-instrumentiste François Joncour et les chercheurs du laboratoire BeBest qui capturent les sons marins. Entouré d’une pléiade d’excellents musiciens, Joncour nous immerge dans un univers aquatique fascinant. Cette vidéo est le « portrait sonore du chercheur Laurent Chauveau, biologiste buveur de café dans une tasse The Clash. Sons de coquilles vides jetées sur guitares électriques ». A noter que cette collaboration a été rendue possible par La Carène, SMAC de Brest. CM
29. Elg, Dans la chambre (la nuit) (Vlek)
Minuscule ritournelle inquiétante pour ce groupuscule étrange et pénétrant. RS
30. You’ll Never Get To Heaven, Dust (Mystic Roses)
Le duo de dream pop canadien publie son quatrième album, collection de chansons éthérées qu’il semble parfait d’écouter la nuit, juste avant de s’endormir. CG
31. Jérôme Minière, Le son du temps qui nous dépasse (Ray-On)
Le luxe ? L’essentiel ? C’est la liberté, et Jérôme Minière le sait et l’exerce avec la sortie en tête de proue d’un mirifique EP. CC
32. Nicolas Paugam, Dersou Ouzala (Believe)
Le retour du barde échevelé, bavard, atypique, et sa chanson française sans borne, sans frontière : Nicolas Paugam poursuit son chemin et il n’a pas peur de marcher dans la boue. RS
33. Shinichiro Yokota, Retro Graffiti (Far East)
Parrain d’une house japonaise mélodique et diablement groovy à la fin des années 80, Shinichiro Yokota a pu faire son retour après des années d’absence au milieu des années 2010, quand une poignée d’occidentaux (toujours eux !) a remis la main sur ses classiques d’époque. De quoi lui permettre de signer un come-back dont le récent Tokonoma Style est déjà le troisième chapitre. Un disque-machine à remonter le temps, ayant préservé ses Roland et ses Yamaha dans leurs jus, pour balancer tranquillement une série de beats colorés et rêveurs complètement 90’s, façon soirée lounge à l’intérieur d’une Dreamcast. EV
34. 100 Gecs, Mememe (Dog Show)
En confirmant que son premier album 1000 Gecs allait bien être suivi par 10000 Gecs début 2022, on aurait pu penser que le duo américain 100 Gecs irait mathématiquement vers l’outrance, la démesure et l’illisibilité de leur hyperpop en fusion. Mais c’est finalement presque un peu de retenue que l’on ressent dans le single Mememe : des voix assez nues, un tempo posé, des influences ska punk directes, une structure couplet-refrain de pop song. Peut-être pas la maturité non plus, mais un come-back tranquille et entêtant. EV
35. Jarv Is, Children of the Echo (Tam Tam Hidrogenesse Remix) (Rough Trade Records)
Parce qu’il n’y a pas que Wes Anderson dans la vie de Jarvis Cocker, l’artiste propose ce mois-ci un album de remixes de l’excellent Beyond The Pale de son groupe Jarv Is sorti l’année dernière. A l’époque du Sunday Service, son émission de radio sur la BBC 6, Mr. Cocker n’hésitait pas à a jouer régulièrement Hidrogenesse, et c’est donc naturellement que le génial duo a offert sa vision dansante de ce titre Children of the Echo, qui donnera envie à certains et certaines de danser au Razzmatazz. PR