Jonathan Personne, Nouveau Monde (Bonsound)

Jonathan Personne Nouveau monde BONSOUNDConçu comme la cour de récréation de son bâtiment principal Corridor, ce nouvel album du montréalais Jonathan Personne dégage en effet cette impression de relaxation, les morceaux s’enchaînant bon esprit comme aurait dit Maneval. Ce son super posé, doux (ces batteries au touché si particulier) sonnent comme un Weezer apaisé, un Pavement acoustique et rectiligne, un Grandaddy moins technologique, bref un petit précis de college rock états-uniens 90-00 tout bien digéré.
Jonathan Personne / Photo : DR
Jonathan Personne / Photo : DR
On aime aussi la voix doublée, fragile, très soft rock qui joue à cache cache avec la propension de son auteur à jouer les modestes guitar hero. Zéro prise de tête, tout a l’air de sortir d’une séance de répétition tranquille, si ce n’est cette sourde mélancolie qui se dégage et serre le coeur avec ses belles mélodies sensibles. On tombe vite amoureux de la mélopée et du balancement de velours de Nuage Noir et ses guitares qui se débrident peu à peu, de l’errance slowdivienne de Vision avec ses nappes de cordes synthétiques (Solina ?) super belles, du même calibre que les chef d’oeuvres du précédent qu’on se prend dans la figure en même temps (on a du retard sur l’actu parfois, faut pas croire) : Un homme sans visage et Deux yeux au fond d’une pièce noire, conseillés par l’ami Mikaël (« on ne sait pas faire ça, avoir cette simplicité, ce lyrisme un peu enfantin, je vois pas d’exemple ici », je cite). Tout à la question de cycles qui s’achèvent et qui redémarrent, de renouveau, de fin, de commencement, les paroles de Jonathan Personne touchent plus profond qu’elles n’y paraissent et sont loin de l’aspect inoffensif que leur rendu mélodique laisserait penser à première écoute. C’est toute la force tranquille de ce disque magnifique à la fois solaire (voilé) et lunaire (pleine) qui utilise la décontraction de son processus de création pour taper dans un mille qu’on n’avait pas forcément capté dans le dernier disque de Corridor, plus compact et distant, plus indéchiffrable, peut-être un peu trop ouvragé et moderne pour moi. Mais ça donne envie d’y revenir, grâce à cette prise de distance et ce nouvel éclairage parfait.
Nouveau Monde par Jonathan Personne est disponible sur le label Bonsound

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *