« Dans ton confinement je m’introduis, puisque Ovide dit ne faire que peu de cas des barrières qui masquent nos gestes les plus impurs. »
(Benoît Douvres, La porte étroite, Douchet-Fustel, 1969)
Absolument prépondérante, la question du sexe confiné ne transpire que trop peu de l’autre côté des verrous. De nouveaux fragments du discours amoureux s’écrivent pourtant, dans toutes les langues, à l’ombre de chambres à coucher désertées, dans la surchauffe de salons surpeuplés, sous la douche, sur des écrans, des réseaux, des lignes téléphoniques saturées de désirs ou de foutre, du bout des doigts, au creux de paumes ou de poignes étranglant la frustration, dans nos rêves humides, face à des Camgirls & boys qui vibrent ou ploient sous l’assaut du Bitcoin.
Qui peut prétendre baiser comme avant, comme au temps où la circulation des pulsions n’était nullement entravée ? Certains n’arrêtent pas, n’ayant plus que ça à faire, cloitrés dans les quelques mètres carrés d’un studio, tels des machines désirantes qu’il faut continuellement nourrir de nos orgasmes. Bientôt, lessivés, essorés, ils se mettront sur la gueule. D’autres dépérissent dans l’abîme de l’abstinence, ou jouissent du report sine die de leurs élans, de leur émois contrariés. Peut-on espérer qu’ils (se) finiront mieux que les précédents ? Ailleurs, l’adultère se terre, les fantasmes s’emballent, l’onanisme se cache ou s’expose en plein jour. Plus loin encore, les préférences sexuelles se taisent, sous le joug d’un pater familias imbécile. Dans l’espace confiné, les temps et les modes du jouir se trouvent bouleversés, même sa syntaxe est sortie de son axe. Et il faut penser à changer les piles du Magic Wand.
Depuis 6 semaines, je n’ai rien lu ou presque dans Section 26 sur le désir, le plaisir, le cul, le rut, le râle, ou sur le manque, la peine, la douleur, comme si le fait d’écouter des disques – ouïr c’est jouir, prétendait le divin marquis, on peut difficilement lui donner tort – et d’écrire dessus jetait un voile opaque sur ce qui nous meut, nous met, nous mord ou nous ment. Alors allons-y gaiement, mais surtout crûment, veux-tu bien. Pas question ici de playlist qui enfilerait comme à la parade les morceaux les plus propices au rapprochement des corps, aux étreintes sensuelles, au souffle qui s’accélère, à la sueur qui perle. On est pas chez Marie-Claire. On va la jouer un peu plus hardcore, sec et dru, à la Steve Albini. Il y aura donc du Big Black extrait de Songs About Fucking puisque c’est plus ou moins là le Model revendiqué – en fait non, on jouera la face B du single, il faudra le retourner pour en profiter. En revanche le corpus rap / R&B a été sciemment contourné. Trop facile, trop foisonnant, on se serait vite retrouvé avec une liste longue comme la teub à Jason Luv (on vous a quand même glissé un petit 2 Live Crew, car on ne pouvait pas dignement faire autrement). Pas de metal non plus (Twisted Sister, seriously ?), pas de Flying Lotus, pas de Closer par Nine Inch Nails, pas de Sylvester ni de GG Allin (pas de GG Allin ?, pas de I Wanna Fuck Myself !?), pas de Pile ou face par Corinne Charby (j’ai dû rêver trop fort les paroles). Mais plein d’autres choses X-rated pas piquées des cancrelats, et pour tous les goûts. Avec en ouverture, l’épitomé de l’art d’aimer, l’alpha et l’omega du sexe dans tous ses états, l’indépassable Tales Of Taboo de Karen Finley, grande prêtresse de la synecdoque gynéco.
Alors fermez les fenêtres, éloignez les kids, changez les draps, et enjoy.
ma german girl s’occupe bien de moi ,je copule plusieurs fois par jours
German Girl | Lotus Eaters https://youtu.be/s53TLRkxdoA
dans ta playlist il manque l’immense Albert Marcoeur avec le genial » Caresse-Moi » https://youtu.be/bMF2OXTCp1Q
J’aurais bien ajouté: » Bongwater – The Power Of Pussy »
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