Septième album pour le quintet le plus nerd, le plus addictif sur scène, le plus crossover de la dance music anglaise. Un titre qui sonne comme une messe hippie (A Bath Full Of Ecstasy), et désarme comme toujours par son trop plein d’amour, sa mélancolie euphorique, et son single (Hungry Child) à épingler à la liste des morceaux qu’on chante à tue-tête lors de leurs concerts. En porte-parole, la tête (Alexis Taylor, cette fois-ci décoloré et multi-recoloré), et les jambes (Joe Goddard, implacable machine à danser) nous parlent de synthés vintage, de remise en question, d’innocence neu-neu, de Brexit, et évidemment du talent infini de Philippe Zdar, co-producteur de ce disque sorti hier, le lendemain de sa tragique disparition. Un entretien réalisé il y a quelques semaines à Paris, quelques jours après leur flamboyant concert au Trabendo.
Entre Why Make Sense ?, avec ses paroles douces-amères, empruntes d’une forme de doute, de questionnement introspectif, et ce nouvel album au titre ultra optimiste, que s’est il passé?
Alexis Taylor Tu n’as pas complètement tort, mais par exemple, Huarache Lights était censé être plutôt confiant. Lorsqu’on disait : « Remplacez-nous par les choses qui font mieux le boulot », c’était un peu comme lancer un challenge : « S’il y a quelque chose de mieux, pourquoi ne viendrait-il pas nous remplacer », plutôt que de dire : « Nous ne sommes plus bons à rien ».
Donc pas d’amertume?
AT Non. C’était plutôt un jeu, vraiment. Peut-être un peu plus de préoccupation dans le morceau Why make sense ?, mais je ne me souviens pas du tout avoir pensé que c’était l’humeur générale de l’album, et que c’est réellement différent maintenant, et que nous sommes désormais sûrs de nous. Je dirais plutôt que les années ont passé, et on a pensé à d’autres choses en écrivant les paroles de cet album.
Joe Goddard J’ai l’impression que ce disque est plus audacieux. Philippe Zdar nous a aidés à être plus assurés dans ce qu’on a fait. En termes de son, c’est ce qu’il donne à la musique quand il travaille sur les morceaux. Sur une partie essentiellement technique, ses mixes sont pleins, forts, dynamiques, de la façon dont il mixe tout comme il compose sa propre musique. Il nous a encouragés à injecter autant de fun et d’énergie que possible, donc je peux comprendre que ce disque donne le sentiment d’être à cette image. Et il y a quelques morceaux assez épiques comme Melody Of Love, qui est une déclaration d’intention vraiment fière et déterminée en ouverture du disque.
Et un premier single, Hungry Child. Très appréciable pour tout fan de house qui se respecte.
JG Oui, j’adore cette musique. Le côté deep house de Chicago où il peut n’y avoir que quelques accords, les nappes géniales que tu peux avoir sur certains de ces disques, les vocaux mélancoliques, j’aime beaucoup ce genre de morceaux, comme ceux de Jaimie Principle, par exemple.
D’ailleurs, il y a une ligne de basse à la Reese (Just Another Chance, 1988) sur Hungry Child.
JG C’est vrai, je suis fan de ce genre de lignes de basse et celles dans le morceau sont similaires, elles viennent du synthé Oberheim OB-XA, je ne sais pas si c’est celui qu’a utilisé Kevin Saunderson mais c’est un son très ressemblant, cette basse rampante qui gronde…
Quels ont été vos premières idées au moment de travailler sur ce nouvel album ?
JG Hungry Child a été écrite bien plus tard que le reste de l’album. Les premières étaient Spell, Echo et Bath Full Of Ecstasy. Et les choses se sont développées à partir de là. J’ai écrit les accords et la musique qui sont devenues Melody Of Love, qui démarrait comme un morceau club de près de 10 minutes. Le producteur Rodaidh Mc Donald nous a aidé à la travailler dans le sens d’un morceau plus pop après qu’Alexis ait écrit les paroles.
Et on pourra l’écouter, cette version de plus de 10 minutes ?
JG Oui, on en parle, on aimait beaucoup cette version d’origine, beaucoup plus dansante, j’ai prévu depuis un certain temps d’y revenir et d’utiliser la structure du mix de Philippe, et refaire cette version longue. On risque de l’utiliser comme inspiration pour le live aussi, peut-être à l’automne. En tous cas, c’était bien de partie de cette version-là pour aller vers quelque chose de plus pop, de plus succinct. Rodaidh était vraiment efficace pour nous guider dans ce sens.
Sur l’album précédent, vous aviez déjà quelque peu changé votre routine, en étant plus spontanés, plus rapides, comment avez-vous procédé pour celui-ci ?
AT L’écriture de chaque chanson a été à la fois assez rapide et assez posée, dans le sens où nous avons réuni nos idées plutôt vite. Ce qui nous a pris plus de temps à été de retoucher, de redéfinir ce qui pouvait l’être, de la meilleure manière. Certaines chansons nous ont pris plus de temps à la composition : Melody Of Love a connu nombre de versions, jusqu’à trouver le refrain parfait. Echo a aussi nécessité pas mal de réécriture. Mais pour les autres, l’idée est souvent venue en un jour de travail, et après, il s’agissait plus de prendre du temps à la développer. No God, la chanson elle-même ressemble à la démo, mais sa production a changé peut-être cinq fois avant qu’on arrive à la version sur l’album. Il y a plein de réponses à cette question, en tous cas on ne s’est pas dépêchés, ce n’était pas un procédé immédiat, les idées initiales sont arrivées assez vite et on a eu pas mal de matériel pour travailler. On avait une bonne vingtaine de chansons dont on a choisi les plus fortes. Certaines ont été rajoutées à la dernière minute, puis nous les avons finalement enlevées alors qu’elles étaient finies et mixées.
Donc en fait, vous allez faire comme Prince, une seconde carrière composée d’inédits après votre disparition ?
AT Haha, oui, c’est ça, l’ambition.
Vous avez choisi pour la première fois de travailler avec des producteurs extérieurs : Philippe Zdar et Rodaidh Mc Donald. Quelle différente approche ont-ils apportés à votre musique ?
AT Rodaigh a apporté plusieurs choses. Sur certains morceaux, il savait comment développer le son de façon intéressante. Avec des plug-ins, en changeant les voix radicalement, en jouant au clavier des samples de voix enregistrées, en modifiant le timbre de la voix de façon très ludique, il savait comment faire ces choses que j’avais déjà tentées, mais avec une technique plus actuelle. Il a aussi défié ce qu’on pensait au sujet de la structure des chansons, de leur durée aussi. Beaucoup de choses qui ont rendu les morceaux peut-être plus faciles d’accès, moins abstraits, il a clarifié ce qu’on voulait dire. Philippe Zdar a beaucoup contribué à ce que le groupe se sente bien, que l’énergie circule entre nous dans la pièce, qu’on se sente détendus, à jouer des passages funky aux claviers, nous donnant le sentiment qu’on était dans le meilleur environnement pour donner le meilleur de nous. Profiter de toutes les innovations de l’équipement du studio. Et lui en particulier a su comment travailler sur nos morceaux pour les porter plus loin qu’on aurait pu l’imaginer.
Vous n’étiez pas du tout habitués à travailler avec des oreilles extérieures, c’est ce que vous avez cherché à ce stade de votre carrière ?
JG Oui, complètement. On s’est dit qu’après six albums entièrement réalisés nous-mêmes, on savait qu’on était capables de produire des disques décents. Mais il y a quelque chose de vraiment intéressant et différent à avoir quelqu’un d’extérieur au groupe, qui vous apporte de nouvelles suggestions, vous pousse à de nouveaux challenges, et ça s’applique à plusieurs niveaux. Il ne s’agit pas seulement de nouvelles techniques, comme Alexis vient de le dire, ils peuvent intervenir objectivement en disant qu’un morceau ne fonctionne pas, alors qu’à l’intérieur du groupe nous ne l’avions peut être pas perçu de cette façon-là. Ils peuvent aussi injecter une peu de leur passion à la méthode de travail, et ça, c’est très agréable parce qu’on se sent mieux après, et ça rafraîchit complètement notre façon voir les choses. Pour moi, la chose importante, c’était vraiment d’être le plus ouverts possible à leur créativité, et les écouter. On a été poussés loin de notre zone de confort à plein de reprises par eux.
AT Oui, et ce n’était pas toujours facile. Il y a plusieurs fois où je me disais que j’aimais bien leurs idées, mais que je préférais tout de même mon approche. Même si parfois on doutait, c’était bon de se laisser défier, on est arrivés à aller plus loin, à s’améliorer.
Qui a fait quoi au final, comment s’est partagé le travail entre Philippe Zdar et Rodaidh Mc Donald ?
JG Philippe a tout mixé, et son influence est présente partout. On avait une démo avec des morceaux écrits, mais il nous a aidés à retravailler beaucoup de passages, beaucoup de claviers qu’on peut entendre viennent de son studio. On a travaillé sur Echo avec lui, sur Bath Full Of Ecstasy, Positive et Hungry Child avec Rodaigh, Why Does My Mind est une de nos productions mixées par Philippe, Clear Blue Skies aussi, No God avec les deux…
Zdar a eu la touche finale ?
AT Comme il a tout mixé, il a eu le dernier regard avant le mastering, et il a proposé la personne pour l’effectuer. Mais juste après, il est tout de suite passé au disque suivant.
Il y a aussi un usage particulier des machines dans vos productions : vous adorez mélanger des synthés classiques à des synthés modulaires.
JG Oui, un vrai mélange car j’ai une collection de synthés classiques dans mon studio qu’on utilise beaucoup comme le Yamaha CS80, très présent sur le disque, et d’autres encore. Certains dans le groupe se sont passionnés pour le modulaire des dernières années, et on l’entend aussi. Philippe a aussi des machines géniales, particulièrement le Korg PS 3200, ou le Yamaha CS-70M. Donc, oui, à nous tous, on a plein d’options et c’est important pour nous de mixer les sons et les textures plus anciennes et les nouvelles, ça donne le sentiment que la musique est moins un pastiche d’un morceau des années 70 ou 80. C’est peut être mon côté nerd, mais j’entends lorsqu’un son est ancien ou recréé.
AT Dans ce disque on peut l’entendre, oui. En France, le vocoder a été pas mal popularisé par Air ou Daft Punk mais j’adore toujours le son qu’il produit, en particulier celui du studio de Philippe. Et il y a des moments où on l’utilise qui sont improvisés. On n’obtient pas ce son-là avec les versions récentes des vocoders, c’est touchant. Comme sur les morceaux de Laurie Anderson, ou Neil Young.
En ce qui concerne les paroles, et en particulier les titres, ils sont extrêmement solaires, ouverts, optimistes.
AT Cette impression positive n’est pas aussi simple qu’elle paraît, même si les paroles ou le refrain le sont parfois. Melody Of Love exprime un sentiment très optimiste de prime abord, mais comporte un aspect plus triste aussi. J’espère personnellement que les gens écoutent le disque et décident eux -mêmes de quelle humeur il s’agit. Parfois, le communiqué de presse guide les opinions et on finit par dire : c’est votre disque le plus joyeux. Il n’y a rien de mal à souligner cet aspect-là, mais il y a bien plus de différents sentiments ici.
C’est un peu ce que procure votre musique depuis toujours, une forme d’euphorie mélancolique.
AT Oui, complètement.
Comment vous partagez-vous le travail pour les paroles ?
JG Si c’est un morceau chanté par Alexis, il écrit les paroles, je le fais aussi pour les morceaux que j’interprète. On ne s’assied pas vraiment autour d’une table pour parler du contenu de nos paroles… Certains le font lors d’un workshop ou un camp d’écriture, mais pour nous les paroles sont quelque chose de plus personnel, en général. On n’en rediscute pas trop.
AT Pour ma part, souvent, je réagis à une musique que Joe me joue, qui me sert de base. Ce que me dit cette musique, ce que je peux y apporter. Parfois j’ai juste quelques lignes en tête, ou alors des pages et des pages sans savoir où je vais les mettre. J’essaie de trouver une voie pour combiner les éléments au mieux. Il y a pas mal de liberté dans ce processus, le sujet n’est pas toujours très clair pour certains textes, alors que pour d’autres, je sais de quoi parleront les refrains, les couplets en avance. On est assez réactifs, on interagit entre nous, en fonction de la musique.
Quand on regarde un peu en arrière, il y a vraiment une patte Hot Chip, des tubes que le public connait par cœur et qui ne vieillissent pas. Comment expliquez-vous cela ?
AT Une marque de fabrique devrait être de trouver le bon groove, tout en restant fidèle aux qualités d’écriture d’un morceau pop, mais toujours avec un aspect underground. Si le groove marche, si la syncope roule, si ça nous excite, ça nous donne de bonnes idées vocales et on construit quelque chose qui fonctionne en club ou en concert, avec une bonne énergie. Et c’est toujours ça, notre but, ça n’a pas changé, et c’est ce qui fait que nos nouvelles chansons sont toujours compatibles avec Over And Over ou d’autres sur scène. Ca a du sens pour toi?
Oui, complètement. J’imagine que c’est aussi du au fait que vous avez commencé à jouer ensemble depuis la fac.
JG Oui, on se connait depuis très longtemps. Ces moments du début où on a commencé à répéter dans notre chambre à coucher, où on écrivait nos pochettes de CD à la main avant de les déposer chez Rough Trade, jusqu’à rencontrer Steve de Moshi Moshi pour signer notre premier 12’’, ces moments sont précieux car ils sonnaient comme de petites victoires à l’époque. On vient vraiment d’une scène indé, on allait voir des petits groupes à Camden, Islington ou ailleurs. Ces petites étapes qui nous ont guidé à devenir des pros sont incroyables. En regardant en arrière, l’innocence qu’on a pu avoir est belle. Mais quand j’écoute notre premier album maintenant, notre innocence et parfois notre gaucherie m’ennuient un peu. Enfin, j’aime me rappeler de cet état d’esprit libre et un peu idiot… Il y a une naïveté charmante dans tout ça. Et puis il y a eu des moments clé incroyables aussi, comme la collaboration avec Robert Wyatt ou Peter Gabriel, la nomination aux Grammy et avoir un morceau dans les Simpsons.
Et votre morceau sur le dernier album de Katy Perry ?
JG Oui, aussi. On était vraiment contents de le faire parce qu’on avait vraiment peu d’expérience de travail avec ce monde-là. Elle est charmante, vraiment drôle et hyper bosseuse. Donc oui, il y a eu des tonnes de moments formidables, dont beaucoup de concerts. Celui du Casino de Paris par exemple, un moment extrêmement intense en émotion.
Celui juste quelques jours après les attentats?
JG Oui, beaucoup de gens nous en parlent encore. Ce qui s’est passé était atroce, mais ça a été un moment inoubliable.
De réunion, de célébration.
AT Oui, pour ceux qui habitent ici, venir nous voir si peu de temps après était vraiment un acte de résistance et de courage. Tour le monde ne peut pas être en mesure de la faire, parce qu’on se sent toujours menacé ou à terre, mais vouloir être avec d’autres gens, ensemble, ce soir-là était vraiment spécial.
J’ai aussi beaucoup aimé votre live en plein air à Paris, le même jour que LCD Soundsystem, où vos enfants couraient sur la scène lors du concert.
JG Ah oui, on les appelle les microchips. Ils sont très excités par l’idée de venir à certains de nos shows cet été et à l’automne.
Il n’y a pas eu d’album de Hot Chip depuis près de 4 ans mais vous êtes restés très actifs avec vos projets solo. Comment séparez-vous tout cela dans vos têtes ?
AT Certaines des choses que j’ai faites sont assez éloignées de ce qu’on a pu faire avec Hot Chip, comme lorsque je suis revenu à un seul instrument, le piano, et la voix. Aller dans ce sens n’entre pas en conflit avec ce que je fais avec Hot Chip. Ecrire des chansons est même plus facile si c’est aussi différent. Pour mon dernier album solo, un peu plus électronique, j’ai travaillé avec Tim Goldsworthy, qui avait travaillé avec Hot Chip et DFA. En tant qu’unique auteur de ce disque, enregistré en dehors du temps consacré à Hot Chip, c’est facile de lui donner sa propre identité. Hot Chip est plutôt un processus de collaboration.
JG J’ai un peu le même sentiment, même si j’ai plus souvent commencé à faire de la musique sans paroles, en composant des boucles et des lignes de basses sur mon ordinateur. Donc à ce stade, un morceau peut se développer de plusieurs façons, et devenir un titre de 2 Bears, d’un album solo ou de Hot Chip. J’écoute simplement la musique et j’imagine à quoi elle correspondrait le mieux. Comme je le connais bien, si je suppose qu’Alexis serait excité par ce titre, le lui maile, ou je l’envoie à Raf de 2 Bears. Il arrive que des morceaux arrivent de façon spontanée, et que je les garde pour moi-même, juste pour les jouer en club. C’est généralement assez simple, pour être honnête.
Une question à propos de vos pochettes. Après avoir travaillé avec Nick Relph sur les pochettes à exemplaires unique de Why Make Sense ?, vous avez choisi de faire appel à Jeremy Deller, un des artistes qui a vraiment apporté quelque chose au mouvement acid house. Comment s’est passée votre collaboration ?
AT En réfléchissant à qui pourrait être la meilleure personne avec qui collaborer pour la pochette, on pense toujours à des artistes dont on admire le travail, à ceux qu’on serait assez chanceux d’approcher et qui accepteraient de le faire. Pour Nick Relph, c’est quelqu’un qui travaille vraiment avec le monde de l’art, et c’était vraiment génial de pouvoir produire quelque chose où il puisse s’amuser à échelle de masse, chaque pochette était vraiment différente. Jeremy Deller est plus proche d’une forme d’art conceptuel, il ne produit pas les choses lui-même comme Nick le fait. On s’est dit qu’il comprendrait les références, la musique, et qu’il pourrait en quelque sorte résumer Hot Chip à un point de notre carrière où on a travaillé avec des producteurs pour la première fois. On lui a juste joué notre musique, donné le titre du disque, pour qu’il puisse faire des propositions. Il collabore avec un designer, Fraser Muggeridge, et ils ont proposé cette police de caractère créé sur mesure et ces aplats de couleurs peintes multicolores, en référence à une forme de psychédélisme qu’on peut retrouver dans certains aspects la musique et le titre de l’album. C’était très agréable de travailler avec eux, ils avaient beaucoup d’options au départ, parfois à la limite du réalisable sur une pochette de disque.
C’était eux aussi l’idée des vêtements raccord avec la pochette, jusqu’à la couleur de tes cheveux, Alexis ?
AT Oui, c’est Fraser qui a proposé : et si vous faisiez des vêtements aussi? Ils avaient fait tellement de variations avec ces couleurs, il y avait toutes ces feuilles de papier ou de tissu, qui étaient toutes belles, toutes différentes. On en a fait des vêtements, et je me suis dit que ce serait bien d’avoir des cheveux assortis.
A la fin de votre dernier concert au Trabendo, vous avez une fois encore épaté la galerie avec une reprise (comme souvent), cette fois des Beastie Boys, avec l’explosif Sabotage…
AT C’est indéniablement très différent de ce qu’on joue, mais j’aime que ce soit surprenant, et aussi qu’on montre que le hip hop a été important pour nous, et que les Beastie Boys sont une référence. C’était important de le faire, Paul’s Boutique est un disque qui a tant compté et on adore que les gens ne s’attendent pas à ça.
On parle beaucoup d’optimisme, de célébration mais la période n’est pas vraiment à la fête en ce moment en Angleterre. Vous me voyez venir avec ma question sur le Brexit ?
JG Oui, mais ça va. Ça ne me dérange pas de partager mon opinion. De point de vue d’un français qui lirait cet article, il se peut qu’il ne réalise pas qu’on traverse une situation aussi horriblement chaotique. Les anglais n’auraient jamais du répondre à cette question dans le cadre d’un référendum, c’était un désastre total dès le premier jour. Une partie de la campagne était illégale, d’ailleurs. Les gens ressentent une insatisfaction complète des deux côtés, en Angleterre. Nous sommes fermement pro-européens, et je n’ai aucun souci à le dire. Un des problèmes avec cette situation est que les Anglais sont tellement dégoutés, que certains veulent juste s’enfuir maintenant, ce qui est très dangereux parce que nous devons continuer à nous battre, pour éviter le désastre complet. Je ne pense pas que cela ait influé consciemment dans les paroles de cet album. Peut-être plus au niveau du subconscient, il y a quelque chose qui souhaite témoigner de l’unité, et du fait d’être ensemble. Rapprocher des gens différents. C’est quelque chose de très important qu’il faut promouvoir massivement. Parce que dans toute l’Union Européenne, au Royaume Uni, et aux États-Unis, il y a de telles forces de division qui agissent de façon si déplaisante. De façon humble, on tente de promouvoir l’unité, l’amour et l’acceptation, ce genre de trucs qui semblent insipides, bêtement libéraux ou hippies, mais des choses auxquelles on croit vraiment, spécialement quand l’opposition est aussi horrible, cette droite qui attaque les immigrés, et les diabolise pour des problèmes qui ne sont liés qu’à la brutalité du capitalisme. Oui, c’est important de dire ça.