
Il y a certains groupes que l’on suit sur la durée et dont on est rarement déçu, Exek est l’un d’entre eux. J’ai découvert leur musique il y a quasiment dix ans en Australie, sur les conseils avisés du disquaire Polyester Records fermé depuis. Quelle claque, une anomalie, moite et motorique. Libres dans leur façon d’imaginer la musique et dans le mélanges des influences. Écoutez donc Baby Giant Squid (2021) le long de ses 17 minutes, et ce sentiment de lévitation vous emportera.
C’est idiot, à peu de jours près, j’aurais pu les voir avec UV Race, les Shifters & Bent pour la sortie de Biased Advice, leur premier disque au Tote, un pub à l’allure Victorienne ou les concerts se déroulent à l’étage. D’albums en albums, je suis le groupe, je les écoute religieusement, et j’ai eu l’honneur de les rencontrer lors de leur première tournée européenne en 2019. On se souvient de leur arrivée à la bourre et en merco de location devant le Point Ephémère. Avec Nico de SDZ, le label français qui a eu le privilège de sortir leur splendide Some Beautiful Species Left, nous organisons leur dernière date à l’Espace B. Un lundi soir qui restera dans les annales. Ce qui est fascinant avec Exek, c’est qu’ils continuent de se réinventer en gardant une patte singulière à chaque sortie, et cela sur des maisons reconnues aux catalogues assez différents (Castle Face Records, W.25th (Superior Viaduct), Anti Fade, Digital Regress) et maintenant sur DFA, label New Yorkais fondé par James Murphy de LCD Soundsystem, Tim Goldsworthy et Jonathan Galkin. Après les avoir vu en 2024 sur Rouen pour la tournée de The Map and The Territory, peu de nouvelles du groupe, hormis des dates chez eux et des mixtapes radio de qualité. Jamais en sommeil, ils s’étaient remis à la tâche dès 2023, commençant par des prises batterie en studio. La rythmique pour prémices, sorte de rituel chez eux, que l’on entend toujours même au loin, cette batterie qui pose les fondations sur quasiment tous leurs morceaux. Sur Sidesteeping, seule chanson en écoute pour l’instant, c’est encore le cas. Une mélodie enivrante et cotonneuse, un chant très aérien et tranquille, un clavier qui superpose et donne de la texture. Une ambiance toujours plus pop, moins froide qu’à leurs débuts, plus légère. Toujours aussi passionnant de voir comme cet incroyable groupe évolue.