Je ne savais rien et ne sais toujours pas grand-chose de Confeti De Odio et entre nous, ce n’est pas si important. Derrière ce nom presque parfait dont j’ignore l’origine, se cache en fait un garçon, Lucas De La Iglesia (même son vrai nom est génial) qui, désabusé par quelques expériences en groupe, s’est mis à écrire en solo en 2015 – mais pas très sérieusement. Trois ans plus tard, ce Madrilène qui avoue ne pas s’imaginer quitter sa ville de toujours (et entre nous, on le comprend) diffusait ses premiers titres réunis sous la forme d’un EP numérique au titre déjà programmatique – Llorar De Fiesta –, mis en son par Lucas Pedrayes du groupe Axolotes Mexicanos (que De La Iglesia a d’ailleurs depuis rejoint en tant que guitariste, mais je ne crois pas que ce soit si important). Alors, plutôt content du résultat, il prend enfin son histoire au sérieux, les médias très spécialisés s’intéressent à ses chansons désabusées et le label Snap ! Clap ! Club, à qui l’on doit aussi les albums de nos copines Melenas, entre dans la danse. Dix-huit mois plus tard, Confeti De Odio réalise donc son premier album.
Neuf chansons jouées en moins de trente minutes. Ce ne sont que des chiffres, mais ils en disent longs. Pas de place au verbiage, on va à l’essentiel — et ça, c’est primordial. Des chansons qui parlent dans la langue de Cervantes de la vie quotidienne et résonnent comme des petits hymnes pop (le final grandiose de Minuto De Ruido), avec des refrains qui se sifflent sous la douche et une dose suffisante de mélancolie pour qu’on ait envie de les réécouter dans la foulée. Ici, le garçon, dont on ne sait pas vraiment l’âge mais qu’on soupçonne n’être pas très vieux, chante d’une voix un peu fragile accompagné d’un piano, d’une guitare acoustique et de cordes fantasmées (la très belle Todo Muere, en ouverture) ; là, le même garçon parade sur fond de décharges électriques et d’arrangements glam qui scintillent, comme sur le single Muchísimo ou le final orgasmique Mi Funeral. Alors que parfois les années 1950 et 1960 sont déclinées en version XXIe siècle (Triste De Verdad, comme une cousine sous amphétamine de Come Prima), on a très souvent l’impression que ces compositions auraient pu être celles d’un groupe formé par Bernard Butler (la version 1992 – 1994) et Jarvis Cocker (la version 1992 – 1995), comme l’illustre à la perfection Dale Una Oportunidad Al Amor, qui sonne comme le rejeton rêvé d’Animal Nitrate et Disco 2000 – si vous voyez où je veux en venir. Alors, on se dit qu’on l’a échappé belle. Parce que sincèrement, on s’en serait voulu si l’on avait été déçu par un disque dont la pochette et le titre offraient d’aussi belles promesses.