Les disques de Chris Eckman font toujours un bien fou. Regarder la pochette de The Land We Knew the Best permet déjà de se remémorer les disques des Walkabouts. Le groupe mené par Chris Eckman et Carla Torgerson chantait, dans les années 80, tout haut ce que Seattle fantasmait tout bas. Signés chez Sub Pop dans les années 90, les Walkabouts permettaient aux patrons de ce label d’exprimer leur amour pour l’Americana. Évidemment, tenter de trouver des références aux chansons de Johnny Rivers ou de toute autre héros oublié de cette scène était quasiment impossible sur les disques de Nirvana ou de Tad.
Pour se faire, il fallait se réfugier chez les Walkabouts qui faisaient des reprises parfaites et qui invitaient l’intenable Mark Lanegan à pousser la chansonnette sur une reprise de Feel Like Going Home de Charlie Rich en 1993. Cette collaboration incita probablement Mark Lanegan à assumer son goût pour cette scène américaine : un an plus tard sortait Whiskey for the Holy Ghost, un disque qui est sûrement le meilleur album solo de Lanegan et qui doit beaucoup, sans le savoir, aux Walkabouts. Les Walkabouts se sont arrêtés au début des années 2010 et Chris Eckman a continué, en bon lecteur de Kerouac, à tracer sa route. Désormais installé en Slovénie, il publie des disques enregistrés avec Alastair McNeill.
Ce cinquième album sublime les précédents. Pour la première fois, Eckman fait exprès de se perdre dans les montagnes slovènes et accepte son héritage américain. Enregistrées live pour renoncer à une certaine perfection, les chansons de The Land We Knew the Best nous emmènent sur le même chemin qu’un disque de Leonard Cohen ou de Neil Young (sans son Crazy Horse). Introspectif et sombre, ce disque se veut être une renaissance. Il sera probablement une découverte pour beaucoup, une confirmation pour d’autres de tout le bien qu’on pense de ce garçon depuis trois décennies.
Merci, impatient de découvrir le disque