Cavalier Montanari, Sea Songs (My Little Cab Records)

Elles sont sept et viennent d’un entremonde aux nuances bleutées. Ce sont des chansons de mirage aux contours flous. Elles s’apparentent à une rêverie d’où surgiraient des notes de musique posées par petites touches et ondulant dans des nappes de brumes. À chaque écoute, elles me laissent comme figé, enveloppé d’un silence mélancolique. Elles sont empreintes d’une saudade aux nuances délicates et profondes, nuances qui leur donnent un arrière-fond énigmatique où l’on pressent que derrière ces chansons, il y a des passages secrets qui pourrait, si on le voulait, nous amener vers nos vies passées, présentes, futures. Derrière l’apparente immobilité qui se dégage de ces sept chansons, il y a comme l’amorce d’une grande respiration, d’une vie qui renaît et ne demande qu’à remplir nos âmes. Comment s’appellent-elles ? Ou plutôt, comment s’appelle ce disque ?

Cavalier Montanari
Cavalier Montanari

Cavalier Montanari les a appelées Sea Songs, et accompagnée du discret Thomas Jean Henri (Cabane), elle reprend l’histoire là où La Gomera nous avait laissés. C’est un disque-objet, un cahier relié à la main, à la sobriété parfaite, un disque d’aujourd’hui mais qui aurait traversé les âges et d’évidence, ces sept chansons sont capables de résonner à travers les océans et de se répercuter en nous, comme des échos extralucides, des sonars lancinants. C’est une tête posée sur votre épaule qui vous dirait de vous laisser aller, de vous entendre vivre. C’est une invitation au voyage, la métamorphose d’un lieu commun, banal – une plage – en une rêverie poétique. C’est un disque qui ne porte pas une vérité, seulement des chansons qui sont comme nous, fragiles. C’est la chose la plus délicate qu’il soit et quand ces dernières entrent dans votre monde, c’est un changement de teinte, une molécule imperceptible, un brouillard léger, une nuée de gouttes. Ce sont sept chansons qui bout à bout, durent 21 petites minutes et 37 minuscules secondes. C’est Arthur Rimbaud qui, écoutant ces sept chansons, écrirait ces mots « Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Éternité. C’est la mer allée avec le soleil ». Avec Sea Songs en toile de fond.


Sea Songs par Cavalier Montanari est sorti sur le label My Little Cab Records.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *