Bryan’s Magic Tears, Smoke & Mirrors (Born Bad)

Je vais vous faire une confidence, depuis tout petit, je collectionne les figurines en plastique Star Wars, les petites, celles qui font 10 cm. Début des années 80, j’en avais déjà plein et quand est arrivé sur les écrans Le retour du Jedi en 1983, ma collection s’est agrandie. Il y a quelques mois, en fouillant dans ma cave, j’ai retrouvé une boîte qui a survécu à tous mes déménagements et ça m’a remis dans ce truc, ça m’a fait marrer, et quand je regarde les nouvelles séries de la Guerre des étoiles (je ne vous en conseille qu’une vraiment, Andor), ça m’amuse, parce qu’il y a plein de personnages que j’ai en dans ma boîte. J’en ai racheté quelques unes sur des sites genre Mania Toys ou quand je passe à Lulu Berlu à la capitale, des endroits un peu chelous pour les adultes qui continuent à acheter des jouets. C’est un peu cringe, je sais pas. Mais alors figurez-vous qu’en explorant les bas-fonds des réseaux sociaux, j’ai découvert récemment qu’il y avait des personnes qui passaient leur temps à regarder les films et les séries de la franchise pour dénicher la moindre créature qui zonait dans le fond d’une scène, le moindre personnage incarné par un figurant déguisé qui apparaît deux secondes, pour en faire une figurine en mode do-it-yourself, à l’aide de modèles pour imprimante 3D, une figurine EXACTEMENT dans le style de celles que je collectionnais, gamin. Avec précision, soin, au point de recréer la boîte, avec la photo, le nom, de la faire à quelques exemplaires, pour les vendre à des gars dans mon genre. J’imagine que c’est toléré par les avocats de George Lucas et Disney, en même temps, c’est fait dans un tel respect par ces gens qui pour la plupart n’étaient même pas nés au moment des premiers Star Wars, ça fait vivre les histoires de la franchise, et surtout ces figurines sont SUPER BELLES, elles sont faites pour se mêler parfaitement avec les officielles, elles donnent de la joie.

Bryan's Magic Tears
BMT / Photo : Thomas Florin

Bon, vous avez fait le rapprochement ? Quand j’ai entendu les premières notes de Smoke & Mirrors, ça m’a tellement fait rire que j’ai écrit au label pour leur dire, attention, le disque de Chapterhouse, Whirlpool (et le monstrueux Pearl) est dispo pour 6 euros sur Discogs. Je me croyais malin, mais j’avais oublié que les Bryan’s n’en étaient pas à leur premier disque et que comme d’hab, j’avais un train de retard et qu’on leur avait sans doute fait déjà cette vanne. Après avoir ravalé Artie mon clown, je me suis dit, mince, je me retrouve dans la peau des relous qui me disaient en 1987 que les Mary Chain, c’était nul, parce qu’ils imitaient le Velvet. Et puis surtout, plus le disque de BMT avançait, plus j’étais pris dans leur délire, de mettre le volume à fond, de pousser un peu les meubles et de jouir, oui juste jouir du moment. Parce que le disque se mange en entier comme une bonne tablette d’ecstasy que les groupes de Creation devaient engloutir par kilo au moment du début des 90. C’est marrant d’ailleurs qu’on parle de Madchester ou de Shoegaze, moi le son de BMT me fait plus penser à des groupes de deuxième division, Curve, My Jealous God, Spirea X, Mock Turtles qui en essayant de prendre tous les trains en marche, tombaient sous la voie et étaient broyés dans tous les sens par la Machine, on pourrait même penser à Ed Ball qui avec Lift Off mit der Teenage Filmstars produisait dès 1992 son commentaire (in) situ sur son époque en parodiant habilement Loveless. Il en ressortait des trucs assez impurs et imparables, et un peu mal gaulés, avec un peu trop de noise, un peu trop de beat, un peu trop de basse, un peu trop de voix blanches qui planent à 10.000.

Malaxée la musique des parisiens de BMT l’est, dans des pâtes à modeler du passé, mais eux possèdent ce recul des années, et surtout la capacité des technologies nouvelles qui leur font un son de la mort, ultra gonflé par rapport aux groupes que j’évoquais. Et c’est là que c’est cool, ça a le goût chimique (comme on disait des chewing gum ultra puissants et sucrés), c’est le produit de synthèse, c’est ultra baston et mon dieu, qu’est ce que c’est bon, parce que tant qu’à faire de remettre un pied dans le passé, autant que ce soit fait avec panache et savoir-faire. Et en plus, ça me fait super golri de voir BMT comme ces gars dans leur garage en train de faire des arrêts sur image, de modéliser leur personnage, de programmer l’imprimante en 3D, de le peindre, d’imaginer l’emballage, encore plus beau qu’à l’époque et de les déposer terminées sur leur étagère, super fiers du travail accompli. Des super faussaires, ultra doués. Allons les voir en concert, ça va nous rappeler des jours bénis et on va bien danser, bien haut. T’as capté ?


Smoke & Mirrors par Bryan’s Magic Tears est sorti chez Born Bad Records

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