Si vous êtes un lecteur assidu de Section 26, et de nos écrits précédents, Beach Youth ne doit pas vous être totalement inconnu. Mon talentueux camarade Xavier Mazure (que trop discret) avait évoqué le groupe caennais dans un Sous Surveillance en décembre 2015 ! Plus récemment, nous nous étions rappelés au bon souvenir de cette double page aux conséquences inattendues dans la chronique du single de The Yetis.
Bref, Beach Youth n’est pas tout à fait un groupe inconnu, mais c’est toujours un plaisir de pouvoir les évoquer ici, tant ils défendent une certaine idée de la pop indépendante dans laquelle certains d’entre nous se retrouverons éperdument. Après la compilation Singles, non sans charme mais clairement inabouti, le groupe revient avec Second, un gros EP ou un mini album, selon sa sensibilité. Publiées par l’attachante maison WeWant2Wecord (Veik, Gomina, Fugu, Tahiti 80), émanation du génial blog quasi-homonyme WeWant2Wigoler, les sept compositions du 12 pouces révèlent une formation maîtrisant le sujet pop d’une aisance ravissante. Le propos est certes classique, mais les cinq premières chansons sont des petits tubes enjoués, malins et élégants, que nous aurions tort de bouder, tant ils excellent dans leur registre. La recette est connue : une indie-pop anglophile sautillante, évoquant à la fois ses origines (Postcard et Sarah Records) comme sa descendance récente du coté de Captured Tracks et au-delà. Des premiers, les Caennais ont retenu un certain art de la chanson, une appétence pour des accords sophistiqués et graciles. Beach Youth se plaît ainsi à convoquer les mélodies suaves d’Aztec Camera (You’re Gone), la voix de velours d’Edwyn Collins d’Orange Juice (Bicycles) ou les rythmiques légères et euphoriques de The Hit Parade (For Us). Pourtant, il n’est pas évident que le groupe normand se réfère à ces glorieux aînés si ce n’est une descendance plus immédiate et paradoxalement américaine. Nous imaginons ainsi volontiers Beach Youth avoir accompagné leurs balades à la mer de cassettes de Beach Fossils (Classroom), Beach Vacation, des méconnus Princeton (à redécouvrir), The Drums et quelques autres groupes du label new-yorkais de Mike Sniper comme Nic Hessler (Everything). La fin montre peut-être une légère baisse de régime ; le refrain emphatique d’Apnea ne nous emballe pas forcément, évoquant plus une publicité pour un smartphone qu’un 45 tours publié par un petit label britannique à chérir. Cette petite note en retrait ne doit pourtant pas nous éloigner de l’essentiel : Second est une très belle surprise. En quelques compositions bien troussées, les Caennais se révèlent être de doués passeurs d’une indie-pop gracieuse et agile.