Second épisode des aventures de Charlene Darling et Mim après le très beau Saint Guidon, paru il y trois ans et dans lequel le garçon avait joué un grand rôle (« réalisation ») : c’est au tour de ce dernier de signer un album sur le même label, a1000p. L’aspect éthéré et vénéneux du premier essai laisse place à un univers plus minéral, plus bizarre aussi. Si Charlene Darling s’amusait à faire un album pop, du moins s’en approcher, Mim, lui déjoue : liberté dans les chants qui semblent improvisés dans l’instant, frontalité du vocabulaire (« C’est à fond que je t’aime ») et diversité des thèmes abordés. Mais on ne perd rien au change : des petits miracles se passent dans les petites constructions qui font fi des règles habituelles du son. Les arrangements de travers apportent la touche d’étrangeté qui fait que le disque ne ressemble pas à grand chose de ce qui est sorti cette année ou même ces derniers temps. Je me disais que si la surprise à l’écoute d’un disque était le maître étalon, on serait pas loin du chef d’œuvre unique. Il y a du malaise avec les étrangetés gore comme Vampire, du décalage avec des surgissements techno ou dub dans J’ai du désir, comme un ingé son qui perd les pédales, de l’humour aussi, avec ces solos qui font semblant (?) d’être non maîtrisés de guitare et de saxophone, le pompon pour ce dernier qui provoque un éclat de rire chez l’auditeur, finalement salvateur, il y a de la rythmique sautillante qui nous fait même danser (Quand la rose éclot)…
Pour les mélomanes, je sortirais bien la formule magique de toute bonne chronique, pour mettre sur les stickers, enfin, je vais essayer : imaginez un univers tendu, chargé en émotions et en sexualité retenue, un peu comme si Lee Hazlewood et Nancy Sinatra s’étaient rencontrés aujourd’hui en balade forestière, chaussures de marche Decathlon aux pieds et bananes colorées à la taille, chinées à Emmaüs. Les numéros de duellistes (Cow Boy, Douce nuit, La rando…), le jeu de passe-passe des masques entre Mim et Charlene sont les moments les plus spéciaux de ce disque, pour lequel naît une passion aussi singulière que sa proposition qui détonne et sort des sentiers battus. Précipitez-vous sur les traces de Mim, c’est tout ce que cet automne attendait comme disque, pour amateurs de trucs réellement perturbants.