Therapy et I Wish I Pas, les deux titres ouvrent la nouvelle cassette d’Alexandre Bazin, mobilisent respectivement un Synthi A et un Buchla Music Easel. Deux synthétiseurs historiques, constitutifs d’un son, celui d’une early electronic immédiatement identifiable. Il y a toujours quelque chose d’étrange à constater à quel point le charme de cette esthétique opère. Comme si la nostalgie, ou le retrofuturisme, constituaient les principales modalités d’une musique pourtant initialement caractérisée par le goût du futur.
Or et c’est ce qui confère au travail d’Alexandre Bazin son caractère passionnant : aucun enfermement dans le cliché, mais la maitrise des codes de l’histoire des musiques électroniques. Minimalisme, musiques répétitives et planantes, ambient et boucles technoïdes, autant d’influences qui cohabitent au sein de ce qui s’impose comme l’un de ses meilleurs enregistrements. Évoluant sur des territoires qui à certains moments rappellent le dernier Ciani/Fitoussi, tout en abordant ceux d’un certain canon électro, Therapy s’inscrit dans la continuité de ce qui avait été proposé avec Innervision, sorti quelques mois plus tôt sur Important Records. Les sonorités analogiques sont évidemment à l’honneur (The Headphonics), mais avec un travail sur la saturation et les textures qui n’est sans évoquer les ambiances éthérées et bruitistes typiques du shoegaze. Comme si il s’agissait de faire jouer aux synths un rôle traditionnellement dévolu aux guitares et leurs pedalboards.
On peut évoquer les disques de Loop et de Main (Robert Hampson est l’un des grands artisans du dialogue entre synths et noisy pop 90’s), mais aussi évidemment le projet Spectrum de Peter Kember/Sonic Boom. Des titres comme Stratosphère ou The Human Codex l’illustrent magistralement, en incarnant une certaine vision du psychédélisme, radicale mais aussi et surtout fidèle aux grand pionniers kosmische (Cluster, Harmonia, Tangerine Dream). Une science de l’oscillateur et de la modulation qui assume sa dimension pleinement hypnotique et, risquons le mot, lysergique.