Alex G, Headlights (RCA Records)

Deux mois, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour digérer le nouvel album de celui dont je pensais ne jamais pouvoir être déçue ; car je crois que c’est de la déception que j’ai ressenti cet été en écoutant le reste de Headlights. Les singles parus les semaines précédentes Afterlife et June Guitar en particulier m’avaient fait l’effet habituel lorsqu’il s’agit d’Alex G : déroutants d’abord, puis obsédants ensuite. Mandoline, banjo, accordéon, le folklore organique de Rocket (2017) était là, les effets de voix et autres bizarreries de House of Sugar (2019) ou God Save the Animals (2022) aussi, le tout dans une énergie accrocheuse.

Alex G / Photo : DR
Alex G / Photo : DR

J’ai d’abord eu l’espoir de tenir l’album parfait en découvrant, glissé entre ces deux singles, Real Thing. Une ballade qu’Elliott Smith aurait pu écrire, jouer et chanter, exactement de cette manière. On l’imagine aussi sur Spinning et Headlights ; il a toujours été l’influence principale, mais on ne peut s’empêcher de le répéter. Comme l’écorché de Portland, le Philadelphien teinte toujours les plus douces des mélodies de ces notes de travers d’où naît le spleen. Beam Me Up en est le meilleur exemple, avec ses accords un peu trop mineurs et cette phrase : « Il y a des choses que je fais par amour / Il y a des choses que je fais pour l’argent / Ce n’est pas comme si je n’en voulais pas / Ce n’est pas comme si j’étais au-dessus de ça ». L’argent, thème récurrent de Headlights, où le trentenaire aborde aussi sa récente paternité ou l’évolution de sa vision du couple : « L’amour n’est pas pour les jeunes de toute façon / C’est quelque chose que tu apprends en tombant«  (June Guitar).

L’album est principalement fait de ces chansons discrètes et mélancoliques où Giannascoli se montre vulnérable, mais prend à plusieurs reprises des virages inattendus. Louisiana d’abord : sur un beat très lent, une guitare distordue déroule en boucle un motif simple, sur lequel se pose sa voix totalement transformée comme il aime le faire mais pour la première fois sur cet album. Dans un tout autre style vient ensuite Bounce Boy, sorte d’interlude hyperpop. Plus loin, Far and Wide, magnifique mais excessivement théâtrale, si éloignée du reste et d’Alex G lui-même. Sans parler de Is It Still You In There? et son chœur funèbre hors de propos sur un album d’indie rock. Rien de tout cela n’est désagréable, mais on aimerait pouvoir, comme il y a dix ans, poser le disque sur la platine et se laisser aller, sans tous ces détours.

Alex G / Photo : Chris Maggio

On retrouve enfin l’Alex G que l’on connaît sur le dernier morceau, un live au style dad rock plus cohérent avec le reste de l’album. Heureusement, Headlights se termine sur un titre lumineux, mais on reste un peu dubitatif face à ce constat qui se répète depuis quinze ans : Alex G est capable de chansons parfaites, mais pas d’albums parfaits. Pour s’abandonner à sa musique pendant 45 minutes ou plus, il ne nous reste qu’à lancer l’une de ces compiles YouTube de ses innombrables trésors cachés.


Headlights par Alex G est disponible chez RCA Records
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