Achim Szepanski (1957-2024)

Détail de la couverture de "In The Delirium Of The Simulation : Baudrillard Revisited" par Achim Szepanski
Détail de la couverture de « In The Delirium Of The Simulation : Baudrillard Revisited » par Achim Szepanski
Achim Szepanski
Achim Szepanski

Que ce soit comme musicien, théoricien et activiste, fondateur et animateur de labels (Force Inc. Music Works, Mille Plateaux, Ritornell, Position Chrome), Achim Szepanski aura marqué profondément tout un pan des contre-cultures électroniques. Celui qui, depuis ses premières formulations indus/post-punk jusqu’à l’explosion post-rave, aura toujours eu comme projet de faire dialoguer une esthétique sonore avec un radicalisme conceptuel et théorique. Références au post-structuralisme (DeleuzeGuattari, Baudrillard, Lyotard) et à une certaine gauche extra-parlementaire côtoient expérimentations glitch, micro-techno et illbient. Il faut en effet prendre la mesure du continent musical que Szepanski a permis de faire émerger : Post Acid Crash, Clicks & Cuts, Porter Ricks, Thomas Köner, Oval, Kim Cascone, Cristian Vogel, Pan Sonic, Pole ou Taylor Deupree, etc. De l’orthodoxie techno post-Detroit et post-Chicago qu’il fallait subvertir avec Force Inc. Music Works dans sa première période (1991-2004) au micro-formalisme granulaire des productions Mille Plateaux (à partir de 1994), son travail aura été fondateur pour toute une scène. Le minimalisme et l’abstraction de la computer music de la séquence milieu 1990 – début 2000 lui doit beaucoup. Ses dernières années, il avait réactivé l’entité Force Inc/Mille Plateaux. Et c’était aussi comme auteur et théoricien critique qu’il intervenait le plus régulièrement  : Capitalism in the Age of Catastrophe, In the Delirium of Simulation, Ultrablack of Music, comme autant d’entreprises liant activisme électro et théorie critique. Une traversée d’un catalogue décisif, pour rendre hommage à une figure majeure de l’expérimentation électronique.

P.D. et P.16.D.4.

Achim Szepanski fut l’un des membres de ces deux collectifs qui ont joué un rôle décisif au sein de la scène post-kraut et noise-indus ouest-allemande au début des 80’s. Une esthétique de la radicalité sonore et politique.
P.16.D.4 V.R.N.L (1981)

Space Cube, Kool Killer

Un EP emblématique du son techno et acid des des débuts des 90’s. Surtout, il incarne parfaitement l’esthétique « première période » du label Force Inc. Music Works fondé en 1991 par Achim Szepanski. Un label qui a joué un rôle central dans la scène techno européenne, hybridant formalisme conceptuel et efficacité dancefloor.
Space Cube, Kool Killer (1992)

F.U.S.E., Substance Abuse

Un track légendaire de Richie Hawtin pour une compilation qui l’est tout autant : Post Acid Crash, véritable laboratoire et manifeste pour toute une génération de producteurs et productrices techno.
Post Acid Crash (1992)

Ian Pooley & The Jaguar, Two Space Cowboys On A Bad Trip (1996)

Autre bombe hard-acid par Ian Pooley, producteur qui eut une influence décisive sur l’élaboration du son house et techno allemand.
Ian Pooley & The Jaguar, Two Space Cowboys On A Bad Trip (1996)

Electric Ladyland (5 volumes)

Cinq volumes d’une compilation hyper influente : illbient, Dub-indus, dark Hip-hop…Autant d’items pour une esthétique mutante croisant basses, breakbeats déconstruits et bruitisme indus. Un territoire que les noms de Techno Animal ou de Scorn permettent de circonscrire.
Mouse on Mars, Schlecktron (Double Mix) (1995)

DJ Scud and The Panacea, The Redeemer– Hardcore Owes US Money

Position Chrome est un autre sous-label participant de la constellation Force Inc. Music Works/Mille Plateaux. Dédié aux breakbeats bruitistes, il a participé à l’émergence du son breakcore, aux côtés de labels comme Ambush Records ou Praxis.
Dj Scud and The Panacea Redeemer (2002)

Porter Ricks et Techno Animal, Symbiotics

Pierre angulaire du son dub allemand, aux côtés de Pole ou Basic Channel. Ici dans son versant expé et indus.
Porter Ricks, Polytoxic 1 (1999)

Modulation & Transformation

Compilation manifeste pour le label Mille Plateaux. Une importance comparable à Artificial Intelligence sortie sur le label Warp.
Space Cube, Polar Station (1994)

Clicks & Cuts (2 volumes)

Une autre compilation fondatrice : les genres glitch, micro-house ou encore minimal y ont trouvé l’un de leur lieu d’affirmation programmatique. Bugs, textures micro-chirurgicales et explorations timbrales sont portés ici à leur point de perfection. Une compilation manifeste aussi pour Mille Plateaux, autre label fondé et animé par Achim Szepanski, qui a pu incarner le moment deleuzo-guattarien des musiques électroniques du tournant des
annérs 90-2000.
Frank Bretschneider, Kern (2000)

Kit Clayton, Loas Early Like Normal

Autre extrait de la fameuse compilation Clicks & Cuts, par l’un des maitres du minimalisme numérique.
Kit Clayton, Loas Early Like Normal (2000)

Thomas Köner , Kaamos

Classique du catalogue Mille Plateaux, Kaamos constitue l’un des exemples les plus aboutis de travail multimédia. Thomas Köner est en effet célèbre pour ses expérimentations avec le son, sa spatialisation et l’image. Un moment clé du dialogue entre avant-gardes et formes pop (liées à l’héritage dance).
Thomas Köner,  Tabula Smaragdina (1998)

Cristian Vogel, Specific Momentific

Autre grand représentant d’une techno «  de recherche », Cristian Vogel signe sur Mille Plateaux l’une de ses œuvres les plus ambitieuses formellement – algorithmic dancefloor assurément.
Cristian Vogel, You and I (1996)

Oval, Systemish

Markus Pop est l’un des fondateurs les plus importants du genre glitch. On lui doit au milieu des années 1990 deux disques décisifs sortis sur Mille plateaux – Systemisch et 94 Diskont.
Oval, Aero Deck (1994)

Taylor Deupree, .N

Grand praticien du minimalisme et de l’abstraction électronique, il signe sur Ritornelle – autre sous-label fondé par Szepanski et aussi référence à Deleuze-Guattari- une œuvre incontournable du genre.
Taylor Deupree, Cell_Coarse (2002)

Kim Cascone, Cathodeflower

Autre disque important du catalogue Ritornelle, Cathodeflower de l’artiste sonore Kim Cascone est un superbe exemple de cette « esthétique de l’accident », que ce dernier a pu théoriser dans un texte célèbre : The Aesthetic of Failure : Post-Digital Tendancies in Contemporary Computer Music, in Computer Music Journal, 2000.
Kim Cascone. Cathodeflower (1999)


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