Dans les terres d’Ecosse / Les oubliés #5 : One Dove

One Dove
One Dove

Dans le monde des musiques dites actuelles (© mairies et collectivités territoriales), il existe un “avant” et un “après” la métamorphose de Primal Scream – amorcée avec les singles Loaded et Come Together en 1990 et parachevée avec l’album extasié Screamadelica un an plus tard – car le groupe de Bobby Gillespie a fait exploser les dernières frontières existant entre le rock et les musiques électroniques. Parmi ses premiers rejetons, on retrouve à Glasgow une jeune femme à la pâleur aveuglante, Dorothy Allison, un vétéran du nom de Jim McKinven, croisé furtivement au sein de The Bluebells et ancien guitariste additionnel d’Altered Images, et un certain Ian Carmichael, propriétaire des studios Toad Hall et de fait, producteur de bon nombre de groupes du coin, The Orchids en tête. Sous le nom de Dove, puis One Dove, le trio a la ferme intention de nourrir une pop matinée de dub, un folk baigné d’électronique, une musique frappée de béatitude. Entre classicisme absolu – Neil Young et Brian Wilson font guise de figures tutélaires – et soif de modernité, il imagine ce que d’aucuns pensent être la musique du futur, à commencer par la jeune structure de Glasgow Soma Records – qui signera plus tard un duo français nommé Daft Punk. Le groupe y publie en 1991 un morceau à tomber à la renverse, fort justement baptisé Fallen.

La musique hypnotique se marie à la perfection à la voix évanescente d’une Allison que tout amateur de pop moderne imagine déjà en star de fin de siècle – et ce n’est pas Guy-Manuel de Homem-Christo des Daft Punk précités qui dirait le contraire, amoureux transi trop timide pour déclarer sa flamme à la jeune femme. La rencontre avec le magicien du son Andy Weatherall, qui signe le trio sur son label Boys Own, l’intérêt empressé du producteur Stephen Hague, cette faculté à composer la parfaite bande originale d’un monde en descente de rave mais encore empreint de rêves laisse croire que le groupe va réussir son pari.

Mais l’album Morning Dove White voit le jour trop tard : réalisé en 1993, il ne parvient pas à séduire le grand public, à qui on commence à faire miroiter la grandeur de la britpop… One Dove en perd ses plumes, laissant Dot à ses plaisirs solitaires, puis à ses collaborations remarquées avec le groupe de son amant d’un temps, Richard Fearless, l’âme noir de Death In Vegas.

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