Virgin Insanity, Illusions Of The Maintenance Man (Funky Record Co.)

Dans le monde du vinyle collector, le pressage privé, ou private press chez les anglophones, tient une place particulière.  Tirage à compte d’auteur en quelque sorte, souvent limité à plusieurs dizaines ou centaines de copies, sa rareté alimente forcément les fantasmes, ainsi que les enchères les plus déraisonnables sur eBay. Virgin Insanity rassemble à ce titre toutes les qualités que l’on peut attendre d’une autoproduction : introuvable (200 exemplaires), mystérieux (on ne connait ni le nom des musiciens, ni la date précise de publication entre 1970 et 1972), et, bien sûr, délicieusement bancal et amateur. Formé par ce qui semble un reliquat de la génération « flower power » américaine, Virgin Insanity officie dans un folk-rock angélique qui, à défaut d’être particulièrement bien exécuté, sait toucher l’auditeur par sa candeur et sa simplicité. On imagine aisément un enregistrement dans l’urgence, en une seule prise directe. D’ailleurs, le groupe ne s’est pas franchement embêté à enlever les fausses notes et à masquer les défauts. Dès les premières mesures, sur le titre Don’t Get Down, la bande crachote allègrement, mais tout est conservé tel quel – naturel. Et l’album de se conclure sur un pain magistral du batteur. Pourtant, derrière une pochette blanche simplement tamponnée du nom du groupe et de l’album, Virgin Insanity cache quelques-unes des plus fabuleuses compositions du folk seventies. Comment ne pas succomber à une balade éthérée comme For Awhile ou aux délicates touches bossa de Charity ? Même sur les passages qui pourraient s’avérer gênants, lorsque le chanteur s’emporte un peu trop (sur Time of Sorrows Gone, par exemple), on ne peut être que touché par autant de sincérité dans l’ouvrage. Une pépite lo-fi avant l’heure.