Depuis le milieu des années 2000, les Young Sinclairs sont l’un des trésors les mieux cachés de la scène indépendante nord-américaine. Installés à Roanoke (Virginie), ces héritiers de la Nuggets explorent mille teintes de folk-rock, allant des Byrds jusqu’au baggy, en passant par la jangle pop. Ils fêtent leur vingt ans d’existence. Au cours des années, le line-up a changé. Le groupe se forme autour de Daniel Cundiff (Eternal Summers), John Thompson et Samuel Jones Lunsford (Stimulator Jones), s’y joindront, Joe Lunsford ou Kyle Harris. Si le groupe n’a jamais eu son moment avec la presse musicale généraliste ou le grand public, les Young Sinclairs ont entraîné dans leurs sillons, une communauté d’amateurs à travers les pays et continents.

Leur nom réunit ainsi, par exemple, l’entourage du Brian Jonestown Massacre (The Asteroid #4), les labels Ample Play (Cornershop) et Requiem Pour Un Twister [le label de l’auteur de cet article , ndlr] ou encore le magazine spécialisé Shindig!. Il faut dire que les Young Sinclairs publient régulièrement de fantastiques chansons, à faire chavirer les cœurs des esthètes de la douze cordes. Il y a chez eux, un raffinement rare dans ce type d’exercice. Pour ne rien arranger à l’histoire, leur discographie est un bazar sans nom, et il est parfois difficile de s’y retrouver. Nous vous proposons alors de découvrir cette attachante formation, à travers un de ces albums les plus cohérents et réussis : Chimeys. Paru en 2010 sur l’éphémère label Chimney Sweep Records (Bleeding Rainbow), ce 33 tours déroule treize chansons en une trentaine de minutes. La production est simple, Chimeys est enregistré à l’ancienne, sur bandes. Dans cet écrin sans fioritures, les guitares scintillent comme autant d’étoiles. Les Young Sinclairs soignent aussi leurs compositions qui ont ce truc un peu fier et hardi que l’on aime tant dans les 45 tours sixties.
Si le barycentre de Chimeys se situe quelque part dans cette décennie, les Young Sinclairs ne se contentent pas de réciter un alphabet usé jusqu’à la corde. Future Man doit en effet autant aux formations californiennes qu’à R.E.M. ou The Church. Le groupe s’éprend aussi de garage-rock sur la très réussie We Spoke Our Minds tandis que I’m not Sorry a des allures de classiques des Beatles pré-Rubber Soul. Cependant, les Young Sinclairs excellent ici dans le folk-rock et ne s’en cachent pas. Le groupe enchaîne les merveilles dans ce registre, pas si usuel. You Can Have Her, (I Need You) To Be Strong, Didn’t You Baby, Forever After ou Push Down On You sont autant de délicates chansons, à chérir précieusement. Comme ses aînés, le groupe utilise le bourdon (drone) d’une manière très mélodique et gracieuse. Chimeys est un plaisir rare, pour celles et ceux capable de l’entendre: un des meilleurs disques des années 60 paru dans les années 2010. Si cela signifie quelque chose pour vous, rejoignez le club, vous ne le regretterez pas.