L’arrivée de ce coffret est un miracle. Michael Head a toujours mené la vie dure à une industrie du disque qui lui a pourtant tendu les bras… Il a toujours refusé d’ouvrir le coffre-fort des Pale Fountains et a autorisé des rééditions de Pacific Street (1984) et de …From Across the Kitchen Table (1985) sans aucun inédit donc sans grand intérêt. Depuis le démantèlement des Pale Fountains en 1985, les fanatiques de la période bénie de Michael Head se contentent d’une trentaine de morceaux et de deux pochettes de disques. La publication de The Pale Fountains : The Complete Virgin Years chez Cherry Red Records met donc fin à une famine qui dure depuis plus de trente ans.

Le résultat est évidemment à la hauteur des espérances et efface les désagréments d’une attente qui fut trop longue. On se retrouve face à un Michael Head en pleine possession de ses moyens avec un groupe touché par la grâce, et qui n’a pas encore été abîmé par la vie. En 1985, les Pale Fountains ne s’habillent plus en scout et ont perdu toutes leurs illusions. Virgin leur a fait quelques mois plus tôt une avance considérable et les a mis en studio avec Howard Gray, un faiseur de hits. On l’a aperçu derrière la console de Kate Bush, de XTC et de Phil Collins. Tout était réuni pour que le premier disque des Pale Fountains soit un succès. Les chansons aussi luxuriantes qu’impeccables, le public aussi dédaigneux qu’absent. Pacific Street est un échec retentissant. Quelques mois plus tard, les Paleys tentent de redresser la tête avec un second album enregistré avec Ian Broudie (producteur pour Echo And The Bunnymen, The Coral et The Fall)… mais doublent la mise en matière d’échec.
C’est le début de la fin pour Michael Head et son frère John. Chris McCaffrey alias Biffa, le bassiste et surtout le meilleur ami des frères Head, meurt brutalement : « No Biffa, no Paleys. », disaient-ils. Virgin met fin au contrat du groupe, la dope fait son entrée en scène et on retrouve les frères Head dans la cuisine de la maison familiale à Liverpool grâce à la caméra de Jérôme de Missolz. Michael Head continuera d’écrire des petits chefs-d’oeuvre pour des grands disques et sera une source d’inspiration pour Noel Gallagher et les Coral.
Pour écouter les inédits de The Pale Fountains : The Complete Virgin Years, il faut donc rembobiner le film de la carrière des Head. Shack n’est pas encore formé, Chris McCaffrey est avec les Head en studio. L’héroïne de la période des Strands est absente. La seule héroïne de ce coffret est l’écriture incroyable des Head. En 1982, Michael Head, qui a fait ses premières armes avec David Palmer au sein des Egypt For Now, est en pleine possession de ses moyens. Il n’écoute que Forever Changes de Love et va faire en sorte d’obtenir la reconnaissance d’Arthur Lee. Avec les quatre disques de ce coffret, on se retrouve donc en studio avec un groupe pétri de bonnes intentions. On découvre ici et là des démos qui nous permettent (enfin) une nouvelle lecture de l’œuvre des Paleys. Une chose était sûre et devient évidente à l’écoute de ces morceaux qui défilent trop vite : ce groupe jouait à la perfection et avait les meilleures chansons du monde. Quand aux inédits à proprement dit, il confirme les problèmes de riches auxquels étaient confrontés les Paleys. Rien n’est à jeter. Cerise sur le coffret, Cherry Red a bien fait les choses et propose un design sobre et élégant. Plus d’excuse pour ceux qui ne les connaissent pas encore, et les autres qui sont toujours heureux de les retrouver.