J’avais posé des questions à Romain il y a pas mal de temps à propos de son fanzine Fond de caisse pour Section 26. Je ne me doutais pas qu’il était un musicien prolifique et qu’en plus de ses habitudes d’édition souterraine, il multipliait les identités et les aventures stylistiques sous des noms plus étranges les uns des autres, seul ou en groupe (Omerta, Balladur). Avec Ravi, sorti récemment sur le label belge Kraak, il explore en huit instrumentaux des paysages rêveurs qu’on dirait sortis d’un gros ordi synthé type Fairlight. Pour un cinquantenaire comme ouam, c’est du pain béni parce que ces sonorités sont pleines de charges mélancoliques – elles me renvoient aux sons qu’on entendait à la télé dans des programmes documentaires ou des reportages sportifs. Je me retrouve catapulté en robe de chambre dans le salon familial, baigné de lumière bleue cathodique, blotti un samedi soir d’hiver. Alors bien sûr, chacun aura sa vision des choses, selon son âge, mais les sons sont très beaux, amples et ces mélodies peuvent simplement accompagner vos vagues à l’âme du dimanche matin quand vous rentrez d’une fête ou du dimanche soir, avant de retrouver le boulot. Du blues du XXe siècle, quoi. Romain nous envoie huit musiques qu’il écoute en ce moment, autant de clés à sa cassette magique (comme on dirait d’une Dictée Texas Instrument).