La proximité, ce n’est pas juste un slogan électoral – songeons deux minutes avec vertige aux foules d’édiles bruyamment horrifiés ces dernières semaines du sort subi par les commerces de centre-ville, après des décennies consacrées par certains des mêmes édiles à favoriser les zones commerciales et leurs mannes financières.
Ce n’est pas non plus une idéologie, de grandes idées pour grandes villes.
C’est faire, chaque jour, où l’on est. Et faire, comme le souligne chaque jour cette série dictée par les circonstances terribles, c’est toujours un engagement, quel que soit le sens que l’on mette derrière ce mot.
Dans le Gard, dans une ville comme Nîmes, qui n’est pas sa voisine Montpellier, ouvrir et maintenir une boutique de disques à choix qualitatif en plein centre-ville équivaut à l’allumage soir après soir avec des allumettes d’un phare sur le raz de Sein, mettons : le contraire d’une sinécure, pour donner avec d’autres (Come On People, Rayvox, Raje, le fameux Tinals) un peu de lumière aux gens qui, simplement, vivent ici.
Ils le disent mieux que moi :
« Ça a débuté avec des disques pris sur une étagère en 2017 pour constituer un bac et tenir des stands durant les concerts. Trou Noir Disques devient deux et, en 2020, un disquaire (et un micro-label) comme Philippe l’a connu de près et comme Stéphane l’a toujours rêvé. À l’époque, nombreux.ses ont trouvé l’idée d’un tel projet stupide à Nîmes. On bouge où l’on vit. Il y a de plus en plus de jeunes qui s’équipent ou d’anciens jeunes qui se rééquipent en disques, en matériel hifi que l’on révise / répare dans un souci écologique, entre autres. Du matériel conçu pour durer. Pour nous, le vintage, c’est une marque de longévité, pas un argument marketing… Nous nettoyons aussi les vinyles. La boutique est située dans l’Écusson, dans la dorénavant “rue des disquaires” (avec deux disquaires à dix mètres d’écart) : la rue des Lombards. Nous tenons à être généralistes et pointus. Dans les bacs se côtoient neuf et occasion, nouveautés et classiques, majors et labels ultra indépendants… On peut commander sur le site et retirer ses commandes au magasin. Une émission de radio sur Rayvox.org (onglet “live”) de 10h à 11h “en guise de playlist hebdomadaire” et les réseaux sociaux, Bandcamp pour être au courant de l’actualité. »
Pour donner une idée :
– Premier disque acheté là-bas : Mink DeVille, Cabretta.
– Dernier disque acheté là-bas : Don Cherry – Krysztof Penderecki, Actions.
– Scandale : l’indignation de Philippe en découvrant l’horrible réédition vinyle de Mark Hollis.