Parfois, l’évidence s’impose avec une clarté suffisamment éblouissante pour qu’il n’y ait plus d’autre choix que de la marteler au fil des lignes. On a déjà eu l’occasion, en ces pages, de célébrer le talent d’Andrew Taylor, l’un des tous meilleurs songwriters contemporains évoluant sur des terres où la concurrence est pourtant rude – l’Ecosse – et qui n’a cessé, depuis une quinzaine d’années, d’aligner avec son groupe Dropkick des albums aussi précieux que méconnus. On en est intimement persuadé : serait-il précocement décédé dans des circonstances dramatiques ou doté d’un tempérament plus enclin aux addictions tapageuses que ses œuvres seraient déjà consacrées à titre posthume, dans des cercles où l’extase est trop souvent rétrospective et nécrophage. Trop discret pour échapper aux marges, trop normal pour nourrir la passion mortifère des cultes, cet artisan modeste persévère pourtant avec une admirable constance, indifférent à l’indifférence.