À l’heure où Suede est en passe de donner un unique concert français – le 17 mai 2022 à Paris, Salle Pleyel, un an et un mois après la date prévue pour cause de pandémie qui n’en finissait plus (il s’agissait de fêter le 25e anniversaire de la sortie de Coming Up, l’album du quitte ou double), la tentation était trop forte pour ne pas se replonger dans les méandres musicaux du siècle dernier.
Premier ambassadeur d’une britpop créée de toutes pièces par une presse anglaise au sommet de son art médiatique, le groupe mené par Brett Anderson et Bernard Butler a défrayé la chronique au début des années 1990. À la fois gardien et héritier d’une tradition pop britannique – comprendre arty mais populaire –, il va diviser l’opinion tout en goûtant aux plaisirs d’un succès démesuré dans ses contrées, avant de se retrouver au bord du précipice, suite à la rupture théâtrale entre ses deux têtes pensantes. Porté à bout de bras par un chanteur exalté, le groupe va trouver les ressources – morales, créatrices – pour rebondir et signer ce troisième album décisif et jouissif, qui lui avait valu les honneurs d’une couverture de la RPM en septembre 1996. Et c’est précisément la formation qui a signé ce Coming Up électrisant qui revient sur le devant de la scène de la salle Pleyel… Flashbacks.
Dans l’histoire, ils sont rares. Ils sont rares, les exemples de groupes ayant su surpasser – aussi bien dans le domaine la chose artistique que dans la reconquête du succès public – la perte d’un membre déterminant… Rapidement, on pense bien sûr à New Order, transfiguré par le suicide de son chanteur Ian Curtis et la disparition irrémédiable de sa précédente incarnation, Joy Division. Mais aussi à Pink Floyd, réincarné en formation bavarde et exténuante dotée d’une force de persuasion grand public phénoménal, après l’implosion de son leader angélique, Syd Barrett, dont le cerveau cramé par les excès du Swinging London ne répondait plus. Et puis, le temps d’un flash, revient aussi en mémoire le cas de Suede, formation que l’on crut surgie de nulle part au printemps 1992 – avant de découvrir les années d’apprentissage à la dure – pour redorer le blason d’une pop anglaise malmenée par un rock américain dépenaillé baptisé grunge. Armé d’arguments à l’efficacité éprouvée – morgue, allure, ambiguïté, fierté entre autres –, le quatuor de Londres prenait derechef sa place dans une tradition british alors trentenaire. Avec un chanteur charismatique, Brett Anderson, qui manie à merveille la dialectique egotique, et un guitariste taiseux et ténébreux, Bernard Butler, Suede avance la tête haute, joue des coudes et perpétue la légende du tandem auteur-compositeur, initié par Jagger et Richards, et perpétué entre autres par Morrissey et Marr. Avec le groupe mancunien à l’existence météorique et parangon éternel de la scène indie d’outre Manche, la formation londonienne partage plus d’un point commun – et ce, avant même que l’on sache qu’elle a compté brièvement dans ses rangs un certain Mike Joyce –, tant le tandem semble uni par le besoin vital de création et tant Anderson aime à jouer sur l’ambiguïté – “Je suis un bisexuel qui n’aurait jamais eu d’expérience homosexuelle”, déclare-t-il à une presse anglaise qui a encore du pouvoir et le droit de vie ou de mort sur la destinée d’un artiste. C’est d’ailleurs le défunt hebdomadaire Melody Maker qui a mis le feu aux poudres et fait de Suede une formation pas comme les autres, en lui offrant l’une de ses unes d’avril 1992, alors que le groupe n’a même pas sorti le moindre disque. Signé sur le vrai faux indépendant Nude Records, le quatuor ne laisse pas passer sa chance, signant des disques classieux et des concerts vénéneux. Les filles et les garçons tombent en pâmoison, alors que le premier album se vend comme des petits pains. Idolâtré ou détesté, la bande des quatre, complétée par le bassiste géant Matt Osman et le batteur discret Simon Gilbert, devient le premier fer de lance d’un mouvement fantasmé par les médias de la prude Albion, la britpop. Le groupe s’en amuse avant de retourner son manteau de fourrure, affronte les médisants en bombant le torse, mais brise son rêve américain. C’est bientôt l’heure des lendemains qui déchantent. Les premières griffures, les premières fissures témoignent d’une formation dont on ne soupçonnait pas la fragilité. Et surtout pas celle de son guitariste.
Alors, Suede perd de sa superbe, se renferme sur lui-même et se lance dans un deuxième album à la noirceur presque démesurée. Il n’en sortira pas indemne. Au moment où les sessions touchent à leur fin, Butler dépose sa guitare et claque la porte du studio. Pour beaucoup, le groupe n’a plus d’avenir sans ce musicien brillant et prolixe. Mais c’était mal connaître le caractère obstiné d’un Brett Anderson alors convaincu de son fait, de son talent, de sa dimension de star. À la surprise générale, alors que les paris allaient bon train pour désigner le successeur du démissionnaire (le Stone Roses John Squire, le « je suis partout » Johnny Marr ont les faveurs de certains pronostics), Suede ne se laisse pas happer par le vertige du glamour et recrute, par petite annonce interposée, un gamin même pas majeur aussi brillant que timide, Richard Oakes. Mais le groupe ne retrouve pas sa splendeur passée. Égratigné de part et d’autre pour un disque brillant mais abscon qui subit un relatif échec commercial, en difficulté sur son terrain de prédilection (la scène), le quatuor tente de passer en force et fait le dos rond.
Pour beaucoup, la belle histoire risque de se terminer en indifférence générale, d’autant que la concurrence est rude. De veilles connaissances (Blur), des morveux du nord (Oasis) ou des vétérans conviés au banquet (Pulp) occupent les premières places que Brett Anderson et ses amis trustaient quelques mois plus tôt. Alors qu’on le croit perdu, le groupe recrute un nouveau membre au clavier – Neil Codling, à l’élégance dédaigneuse – et travaille sur un troisième album en guise de quitte ou double. À sa sortie en septembre 1996, annoncé avec brio parle single Trash, Coming Up offre à Suede un nouvel avenir : chansons obsédantes jouées par une formatrion conquérante, comme à ses “débuts”. C’est lorsqu’on le croyait perdus que le néo-quintette relève la tête et allume les mèches à chaque intro. Ce disque du renouveau est sur le point de sortir lorsque Philippe Jugé rencontre à Paris Matt Osman et Brett Anderson, porte-paroles assumés d’un groupe en pleine renaissance, prêt à croquer à nouveau dans la vie et le succès à pleines dents. On ne saurait leur donner tortn car plus que quiconque alors, ces gens encore jeunes savaient à quelle vitesse la roue de la fortune peut tourner…
Interview « mots clés » par Philippe Jugé, été 1996
Coming Up
Matt Osman : Nous sommes très excités par la sortie de Coming Up. Tu comprends, nous attendons ce moment depuis Noël 1995 ! Au bout d’un moment, l’attente est vraiment frustrante. Depuis Dog Man Star, on nous juge juste sur les concerts ou sur les différents évènements qui sont survenus ces derniers mois…
Brett Anderson : Chaque album est le point de départ d’une nouvelle aventure, surtout depuis que les groupes doivent attendre deux ans entre chaque disque pour des raisons commerciales… Cela dit, avec Coming Up, nous n’avons pas le sentiment de repartir de zéro. Nous avons juste vécu une période de transition un peu longue… Intégrer deux nouveaux membres, établir de nouvelles relations de travail, ce n’est jamais rapide. Mais je crois que le prochain disque suivra de près cet album. Nous avons écrit et enregistré les trois derniers morceaux en quelques jours seulement. C’est la preuve que l’alchimie fonctionne, qu’il y a de nouveau une osmose.
Ed Buller
Brett Anderson : Nous avons décidé de travailler pour la troisième fois d’affilée avec Ed Buller parce qu’il est le producteur le moins cher sur le marché… (Sourire.) Au début, nous avons songé à prendre quelqu’un d’autre mais cela aurait encore retardé le projet. C’est difficile de trouver la bonne personne puis d’établir ensuite une relation et des rapports suffisamment sains pour travailler efficacement. On s’entend plutôt bien avec Ed. Il n’a pas son pareil pour faire décoller un morceau et son style nous convient. Cependant, pour le mixage, nous avons tenu à faire appel à un nouveau technicien, histoire de changer de formule.
Matt Osman : En studio, Ed fait presque partie du groupe. Il n’est pas du style à rester planter derrière la console sans mettre son grain de sel, il n’hésite jamais à proposer des idées ou à jouer du clavier, même si l’arrivée de Neil a limité ses interventions.
Brett Anderson : Mais sa présence régulière à nos côtés ne signifie pas que notre relation est aussi harmonieuse qu’on le pense. Les frictions sont fréquentes mais nos rapports sont francs. Nous partageons beaucoup de choses, mais lorsque nos avis divergent, il respecte nos choix sans arrière-pensées.
Trash
Matt Osman : La dernière chanson que nous avons composée et d’entrée, elle s’est imposé comme le morceau le plus évident même s’il n’est pas très représentatif du reste de l’album. Mais le rôle d’un premier single n’est pas de résumer le disque, il est de passer sur un maximum de radio, non ? (Sourire.) Pour les autres titres, le travail de Richard s’est porté sur les textures, les ambiances. Trash est plus immédiat. Le prochain simple, Beautiful Ones, sera plus représentatif.
Brett Anderson : Je ne suis pas d’accord. Trash ne dépareille pas sur Coming Up. C’est une bonne entrée en matière. Et je suis particulièrement satisfait des faces B qui explorent une facette plus introspective, plus mélancolique mais sans sonner trop mélo.
Matt Osman : D’ailleurs, l’idée d’une compilation de ces chansons revient assez souvent dans nos discussions en ce moment. Et le succès de Killing Of A Flash Boy en concert n’y est pas étranger. Le projet verra peut-être le jour avant la fin de l’année prochaine ou tout début 1998 (ndlr le disque est finalement sorti en octobre 1997 en format double-CD sous le titre Sci-Fi Lullabies).
Richard Oakes
Brett Anderson : Je suis très satisfait de mon partenariat avec Richard. Notre collaboration est très flexible. Les chansons ne viennent jamais de la même façon car notre méthode de travail est très variée. Ce n’est pas la confrontation entre deux approches, deux personnalités, mais un vrai échange autour d’un riff, d’une mélodie, d’un accord ou d’un refrain. Et sur les chansons que j’ai composées seul, il s’est mis à leur service en en saisissant parfaitement la teneur. Il est très disponible, très discipliné, il ne cherche jamais à se mettre en valeur… Il est très prolifique mais son jeu, ses goûts, ses influences débouchent parfois sur des morceaux qui ne conviennent pas à ce qu’est Suede d’aujourd’hui. Mais ça ne le dérange pas, il les garde pour plus tard, pour lui ou il cherche à les faire évoluer. Peu de musiciens ainsi doués ont cette humilité… Nous avons seulement écarté trois ou quatre chansons dans leur intégralité… En général, nous corrigeons Richard sur des petits détails, des arrangements, des notes superflues : toutes ces petites choses qui donnent la couleur d’un album.
Neil Codling
Brett Anderson : Je ne peux pas encore parler de ma relation avec Neil, c’est trop tôt… Nous n’avons écrit que deux morceaux ensemble, mais je crois que cela va fonctionner. Il a vite compris que ce qui était bon pour le groupe était bon pour lui. .Comme Richard, il a une bonne approche du groupe. Attention, que les choses soient claires, je ne les considère pas comme des remplaçants ou des musiciens de session. Ils sont tous deux des membres à part entière de Suede. Mais c’est vrai que lorsque l’on arrive dans un groupe comme Suede, qui a un passé, un style, il faut s’y intégrer et se conformer à son identité.
Richard + Neil = Bernard
Brett Anderson :Depuis deux ans, l’histoire de Suede ne tourne qu’autour de ma rupture avec Bernard Butler. Tout le monde a voulu y mettre son grain de sel : “Tu aurais dû faire ci, ne pas faire cela, réagir ainsi, et pas comme cela !” C’est très, très fatigant… Alors, une fois pour toutes, Bernard est un musicien… talentueux mais nos routes se sont séparées et nous n’avons pas cherché à le remplacer poste pour poste. Il est toujours difficile de remplacer un membre important et aussi doué dans un groupe. Immédiatement, dans notre esprit, son départ signifiait que Suede changerait de dynamique. Nous cherchions quelqu’un et nous avons trouvé deux personnes : tant mieux, non ? La seule chose dont je me souvienne, c’est que nous ne travaillerons plus jamais ensemble. C’est sûr. Le groupe est reparti sur de bonnes bases et n’a jamais aussi bien fonctionné qu’aujourd’hui. Je me moque de ce que Bernard fait. Il n’a pas besoin de nous et nous n’avons plus besoin de lui.
New Generation
Brett Anderson : Beaucoup ont vu dans ce maxi une sorte de passage de témoin entre Bernard et Richard : sur une face, New Generation, signé Butler/Anderson, sur l’autre Together et Bentswood Boys, composés par Oakes/Anderson… Et puis le titre de la chanson phare s’y prêtait, mais sincèrement, ce n’était qu’une coïncidence… Dans mon esprit pourtant, ce disque est intimement lié à Dog Man Star, il n’est pas une transition. Together est la première chanson que j’ai écrite avec Richard. J’adore ce morceau qui, je crois, est très bon. D’ailleurs, je voulais qu’il figure sur le nouvel album. Nous en avons même réenregistré une version que je souhaitais ajouter en bonus. Finalement, ça ne s’est pas fait. C’est dommage… Comme nous savions que ce ne serait qu’une face B, nous l’avons un peu enregistré à la va-vite, sans lui donner le relief qu’il méritait.
Petite annonce
Matt Osman : Tout le monde s’est étonné du procédé de la petite annonce pour recruter le remplaçant de Bernard. Bien sûr, nous aurions pu engager une pointure mais ça ne nous intéressait pas. Nous voulions quelqu’un qui fasse la démarche de venir à nous sans être attiré par l’aura du groupe, sa célébrité, l’argent, les voyages… Alors, bien sûr, il existait un piège mais devant cette situation, nous avons trouvé que c’était la meilleure solution. À force d’essayer de limiter les risques, beaucoup de groupes végètent dans une sorte de consensus mou. Deux ans après, nous ne regrettons rien et les faits nous ont donné raison : Suede existe encore et mieux, vient d’enregistrer un excellent album.
Brett Anderson : On accorde d’une façon générale trop d’importance au guitariste. (Sourire.) D’un côté, s’il compose, c’est assez normal, mais il ne faut pas oublier non plus qu’un groupe doit aussi pouvoir compter sur un bon batteur ou un bon bassiste… Maintenant, cette solution a marché pour nous, mais aurait-elle marché pour, disons, The Smiths ? Richard a parfaitement endossé le rôle qu’on lui proposait : il est naturellement doué, il apprend vite et est ambitieux. C’est l’homme qu’il nous fallait.
Matt Osman : Pour Neil, nous avons fonctionné différemment et ça marche aussi. C’est le cousin de Simon. Il nous suit depuis le début, venait aux concerts et “s’arrangeait” toujours pour oublier un journal ou son sac lorsqu’il venait aux répétitions. (Sourire.) On a fini par l’engager…
Peter Saville
Brett Anderson : Dès nos débuts, il s’est signalé à notre attention. Il semblait montré un certain intérêt pour une collaboration… Je l’ai rencontré et nous avons tout de suite sympathisé. C’est vraiment un chic type et il est devenu l’un de nos meilleurs amis. Du coup, nous lui avons demandé de travailler sur Coming Up.
Matt Osman : Il prend son travail très au sérieux. Parfois trop. Il ne laisse rien au hasard et peut passer des heures sur un détail qui ne lui convient pas.
Brett Anderson : Deux ou trois personnes nous ont fait le reproche d’une pochette trop connotée seventies, un comble lorsqu’on sait que tout a été fait par ordinateur ! Moi, je la trouve très futuriste, presque avant-garde, et résolument moderne.
David Bowie
Brett Anderson : Dès que l’on fait du rock avec un peu d’allure, on est catalogué glam… Nous nous inscrivons dans une veine plutôt classique, les comparaisons avec Bowie sont donc flatteuses… Et puis, je ne m’en cache pas, je suis un grand fan de David Bowie.
Sauveurs
Brett Anderson : Je crois sincèrement que notre groupe a sauvé la pop music anglaise à une époque où on ne jurait que par les États-Unis. Regarde, entre les Stones Roses et nous, il n’y a rien eu. Plus modestement, la seule chose que nous ayons faite, c’est d’écrire des chansons. Notre premier album est le premier classique des années 1990. Il a remis l’industrie musicale britannique dans la bonne direction. Et puis aujourd’hui, on ne croise plus de groupes dont les membres se baladent en short et avec des dreadlocks… (Sourire). Mais nous refusons d’être associé à la britpop.
Matt Osman : Nous n’avons rien en commun avec Oasis, The Bluetones ou Supergrass. Ce terme ne définit qu’une réalité géographique. Rien de plus.
Rivalité Blur/Oasis
Matt Osman : C’est un bon moyen de vendre des disques, non ?
Brett Anderson : La méthode n’est pas nouvelle, l’histoire de la musique est jalonnée de coups montés comme celui-là. Honnêtement, je ne voudrais pas que Suede soit pris dans un tel engrenage mais cela ne me dérangerait pas que l’un de nos disques sortent en même temps qu’un album de Blur, Oasis ou Pulp.
Dog Man Star
Brett Anderson : Je ne sais pas pourquoi ce disque n’a pas eu le succès qu’il méritait. Bien sûr, on peut attribuer ce semi-échec au départ de Bernard Butler… Le disque en a souffert, c’est une certitude, mais ce n’est certainement pas l’unique explication. Avec le recul, je crois que Dog Man Star est trop difficile d’accès, pas assez commercial. Il s’agit presque d’un concept album dans sa construction… Et puis, souviens-toi, nous avons sorti We Are The Pigs comme premier single, un morceau pas vraiment commercial et au titre peu flatteur… (Sourire.) Cela dit, ce n’est pas un échec commercial. Nous en avons tout de même vendu trois cent mille exemplaires en Angleterre et nous avons doublé nos ventes par rapport au premier album dans plusieurs pays d’Europe, dont le Danemark, la Hollande, l’Espagne et la Suède.
Matt Osman : Et nos rapports avec Nude sont toujours excellents. Saul Galpern, le boss du label, est toujours notre premier fan. Comme au tout début lorsqu’il s’est intéressé de près à nous.
Séparation
Brett Anderson : Oui, on peut l’avouer : après le départ de Bernard, nous avons évoqué la possibilité de dissoudre le groupe… Dans ce genre de cas de figure, c’est l’une des options possibles. (Sourire.) Mais je n’a jamais cru que c’était la meilleure solution. J’ai toujours pensé que ce groupe avait quelque chose de plus donc nous avons décidé de continuer.
Image sophistiquée
Brett Anderson : Quoi qu’il fasse, tout groupe a une image. On a beaucoup parlé de l’absence d’image chez Nirvana, ce groupe avait une identité très forte, en raison de la personnalité de Kurt Cobain. Même Oasis ou Supergrass ont une image. Porter un tee-shirt, un K-Way, un costume n’est jamais innocent. Maintenant, il est fort possible que l’image sophistiquée de Suede ne colle plus à l’air du temps… Nous en sommes conscients, mais nous nous sommes toujours habillés de la sorte. Au début, je rigolais lorsqu’on insistait sur notre attitude, lorsque les gens écrivaient que notre look était étudié alors que c’était juste notre façon d’être dans la vie de tous les jours. Nous ne sommes pas aussi attirés par la mode qu’on le pense. J’entends dire à droite ou à gauche qu’il n’y a plus de glamour, ni de star dans le rock d’aujourd’hui mais c’est faux. Jarvis, ce n’est pas une star peut-être ?
États-Unis
Brett Anderson : Les États-Unis ne comptent pas parmi nos priorités dans les prochains mois. Nous ne sommes pas prêts à tourner pendant un an pour tenter de percer là-bas… Nous considérons comme plus important le fait de satisfaire le public européen. Et je ne veux pas entendre parler d’ambitions revues à la baisse ! Dans notre position, nous devons faire des choix. Et les USA en ont subi les conséquences. Et cela n’a rien à voir avec les supposés déboires que nous y avons rencontrés. J’ai lu partout que notre tournée avec les Cranberries, en 1993, avait été un cauchemar. C’est complètement faux. Tous les soirs, nous jouions devant mille à deux mille personnes et l’accueil qu’on nous y a réservé était vraiment chaleureux. Même si cette tournée a plus servi les intérêts des Cranberries, j’en garde d’excellents souvenirs. Mon seul problème avec l’Amérique, c’est ce changement de nom pour des problèmes idiots de droit. London Suede, je ne m’y fais vraiment pas.
Première couverture
Matt Osman : Nous n’avons jamais regretté cette une. À l’époque, nous jouions avec des groupes comme Rescue ou The Divine Comedy dans des salles minuscules et devant des publics pour le moins clairsemés… Tout groupe complètement inconnu rêve à de tels débuts même si, du coup, la barre est placée très haute. Mais je ne crois pas que cela ait changé grand-chose. Musicalement s’entend. Et on ne le répètera jamais assez, seules les chansons et la musique comptent. Pour le reste…