Dans mes souvenirs, c’est à 11 ans que j’ai ressenti le grand frisson. J’avais été invité à la fête d’anniversaire d’un camarade de classe, qui se tenait au parc d’attractions Chessington World of Adventures. Je ne saurais plus dire de qui c’était l’anniversaire exactement. A cet âge, la Pop Music avait déjà commencé à m’obséder. J’avais mon Walkman avec moi, et j’écoutais une compilation que ma sœur aînée m’avait enregistrée. Je me souviens qu’il y avait notamment dessus des titres comme Harold And Joe de The Cure ou Northern Sky de Nick Drake. Mais pour moi le morceau clé sur cette cassette, c’était Sound And Vision de David Bowie. Je l’écoutais en faisant la queue pour un grand huit appelé Le Vampire. En attendant mon tour pour dévaler ce grand huit, je me rappelle avoir eu une révélation. Aussi excitant qu’ait pu être ce fameux Vampire, le sentiment d’être plongé dans la musique visionnaire de Bowie m’excitait plus que tout.Le son de la batterie était énorme, on aurait presque dit la musique d’un dessin animé ! La guitare, toute en nuances et sucrée, me rappelait ma cassette des Motown Chartbusters, ces compilations de tubes Soul. Puis une nappe de synthétiseur glaciale enveloppait le tout, et j’étais conquis. Après un temps bizarrement long, la voix de Bowie faisait son apparition. Les paroles, et la façon dont elles étaient chantées, de manière à la fois cool, espiègle et au bout du rouleau, me semblaient conçues parfaitement pour commenter la musique, et mon rapport à celle-ci. Avant que je puisse être en mesure de le savoir, la chanson était finie, et je rembobinais la cassette pour écouter de nouveau la chanson. Ce fut le début de quelque chose d’énorme. Et j’avais alors très peu conscience que les chemins de l’influence, de la connaissance et de la sensation qui s’échappaient de cette musique allaient me hanter pour les trente prochaines années.
Sound And Vision de David Bowie est sorti en 1977 sur le label RCA.
Jack Rollo est la moitié de Time Is Away, un duo de sélectors londoniens, qui parviennent à tracer des parallèles entre les canons les plus sensibles de la musique moderne, de la Folk à la House, de la Pop à la Musique Expérimentale, en passant par le Dub ou le Prog Rock. Résident de la radio NTS avec sa compagne Elaine Tierney, Jack anime chaque vendredi un Early Bird show de 2 heures. Leurs sélections hors paires sont scrutées par toute une communauté d’auditeurs aux oreilles grandes ouvertes, et leurs collages prennent vie sur les labels les plus intéressants du moment, comme Fable Of The Bees sur le label parisien Idle Press ou récemment en août Rainy Day Dub Part II sur Berceuse Héroïque. Déjà parue en catimini au format cassette, la superbe compilation Ballads trouvera son prolongement dès septembre sur double vinyle sur le label indie australien A Colourful Storm.
BONUS : la VO !
I think I was about 11. I had been invited to a schoolmate’s birthday party at the Chessington Wotld of Adventures theme park. I can’t remember now who’s party it was. At that age I had already begun to be obsessed with pop music. I had my Walkman with me, and a compilation tape my older sister had made. I remember it had Harold and Joe by The Cure and Northern Sky by Nick Drake on it. But the key song for me was Sound and Vision by David Bowie. I was listening whilst queueing to ride a rollercoaster called The Vampire. In the queue I remember having an epiphany. However supposedly thrilling The Vampire might have been, this feeling of being lost in this visionary music was more exciting than it could ever be. The drums were huge, almost cartoonish. The guitar was measured and sweet, it reminded me of my Motown Chartbusters cassette. Then a sheet of Icy synth drifted in and I was smitten. After what seemed like an weirdly long time the vocals appeared. The lyrics and delivery, cool, arch and slightly overwrought, seemed perfectly designed to comment on the music and my relation to it. Before I knew it the song was over and I had to rewind and hear it again. This was the start of something big. Little did I know that the routes of influence, knowledge and feeling flowing into and out of this music would haunt me for the next 30 years.