« La musique, c’est notre affaire, la musique, c’est notre boulot »
Ce ne sera pas manquer de respect à ce collectif de jeunes femmes du Bénin que de laisser à d’autres, beaucoup plus savants et éclairés, le soin de développer l’histoire précise et le contexte géographique et culturel de la création de ce disque. Je pense notamment au brillant texte de Jacques Denis pour le site Pan African Music, agrémenté d’un entretien approfondi avec André Balaguemon, professeur et ange gardien de tout ce petit monde. Le Star Feminine Band est le fruit d’un accompagnement dans le cadre d’une école de musique, dans le village de Natitingou au nord du pays. Dans un carcan socio pédagogique qui pourrait se révéler étouffant, elles ont généré une musique d’une liberté et d’une simplicité qui donne le sourire, tout en véhiculant une énergie juvénile, comme un bain de jouvence. Il faut souligner aussi l’implication de Born Bad, toujours chaud pour mettre ses billes dans l’inconnu et montrer qu’il aime rompre les habitudes et sortir de sa zone de confort. Le label avait déjà fait pivoter les radars de sa DA vers le sud (le Cameroun de Francis Bebey, le Maghreb de Mazouni…), renouant avec une certaine tradition des aventures musicales francophones : on pense à la fascination d’Actuel et de Jean-François Bizot pour les Afriques, ou à Martin Meissonnier, précurseur en balade sur le continent avec son studio portable dès les années 80.
Je passe aussi mon tour sur la branche stylistique dans laquelle pourrait se ranger cette musique sautillante, à la fois aérienne (ces chants d’ensemble, à l’unisson, dénués d’ego), à la fois terrienne (ces rythmiques implacables qui propulsent le tout) : c’est le domaine d’avisés spécialistes comme Florent Mazzoleni, auteur du roboratif livret. Mais hé! Quand j’ai entendu pour la première fois Orange Juice ou ESG, je n’avais pas de diplôme en post punk New Yorkais, ni d’UV en VU. Quand j’ai entendu pour la première fois la jeunesse s’exprimer à travers les œuvres de Paris Banlieue ou Sinaïve, je n’avais pas le mode d’emploi non plus. Parce que finalement, ce n’est que de ça dont il s’agit : les voix de la jeunesse d’un pays, guidées mais libérées.
Ce n’est peut-être pas la délinquance juvénile musicale qui fait fantasmer, mais c’est une autre prise de pouvoir, celle sur les règles anciennes d’un patrimoine détourné (on peut penser aussi au fameux classique gothique américain Langley School Music Projects) et d’une histoire de transmission déjouée. On n’imagine pas la force et le courage de ces gamines pour s’extraire d’un destin tout tracé et s’inventer leur propre futur. Mais point de revanche ici, le Star Feminine Band représente, leur ville, leur région, leur pays. Et leurs professeurs peuvent être fiers d’elles : on les entend maintenant sur les ondes de RFI ou de la BBC 6 (avec Gilles Peterson). Reste au monde à se décalfeutrer un peu pour goûter à cette joie en concert, pour que la rencontre avec la troupe soit totale, pour pouvoir tous danser et chanter en choeur Femme africaine ou La musique, dans un voyage d’émancipation universel, elles, et nous.
chez SECTION 26 vous parlé tres rarement de musique africaine voir carrément jamais et quand vous en parlez évidemment il faut que se soit un disque ultra branchouille , star-feminine-band est a mon gout un combo un peu trop surestimé ,je recommande plutôt ce disque paru sur le label , Nyami Nyami Records https://nyaminyamirecords.bandcamp.com/album/long-time-ago-2