Qui ?
Stéphane Auzenet alias Oz
Mathieu Blanc alias M. Lips
Laurent Riatto alias Lt. Replay
et leurs (très) nombreux invités.
Où ?
Paris et ses périphéries franciliennes.
Quoi ?
Née en septembre 2018 de la rencontre entre les chansons composées par Oz, l’impeccable sens de la mise en sons de Laurent Riatto et les orchestrations de cuivres insufflées par Mathieu Blanc, cette pop haut-de-gamme, élégante et érudite, où s’entremêlent mélodies douces-amères et harmonies classiques, brasse une flopée d’influences anglo-saxonnes, toutes recommandables. Le groupe a le bon goût de n’en dissimuler aucune, affichant fréquemment comme l’une des sources de son inspiration foisonnante sa passion musicale communicative pour quelques-unes des figures tutélaires évoquées dans la liste déjà éloquente de ses premières compositions : Mimi Parker et Moe Tucker (Maureen) sur le premier Ep ; Kozelek sur un 45 tours hivernal de transition, Joni Mitchell et David Crosby (Joni & David) aujourd’hui. Que des musiciens songent à se nourrir de leur engouement pour la musique, quoi de plus normal ? Il ne s’agit pas pour autant de chercher ici à se dissimuler à l’ombre de ces statues sacrées ou d’exhiber les icônes comme autant de talismans ostentatoires. Les noms et ce qu’ils incarnent servent plutôt de support à une série de projections oniriques toute personnelles dans un univers de notes qui ne l’est pas moins, marqué par le contraste soigneusement tempéré entre l’épure folk de compositions toujours limpides et la profusion orchestrale des arrangements et des chœurs.
Dernière sortie
Deuxième volet d’un triptyque inauguré au printemps 2019, cet Ep2 publié le vendredi 17 avril ne fait qu’amplifier les promesses déjà brillamment formulées l’an dernier. Le format court privilégié par le groupe permet de prolonger le plaisir de la rencontre au-delà des premiers instants tout en différant la saturation du désir. On peut y voir une jolie maîtrise de l’art de la séduction mai aussi un clin d’œil à The Beta Band et à ses Three Ep’s (1998) dont le psychédélisme pastoral et cotonneux se retrouve parfois, aux détours des six morceaux. La fragmentation n’altère en rien la cohérence de ce projet bien conçu et maîtrisé : les portraits de femme signés Barbara Chwast dans des tonalités chaque fois différentes – « Ni tout à fait la même/Ni tout à fait une autre », comme disait l’autre – entretiennent la continuité poétique du propos.
Tube absolu
Forcément, on hésite. Entre les méandres californiens d’Antonio Bay, où la ballade fermement scandée dans les collines et les canyons de LA s’accélère, avant de s’achever dans un déluge solaire d’harmonies vocales à la Beach Boys et Love Record Story, délicieuse comptine galante à deux voix où la fleurette se conte entre les bacs de vinyles, comme dans une rencontre entre Nick Hornby et Kevin Ayers. Mais on finira par choisir Astronomy Divine, splendide pièce de résistance où éclatent simultanément toutes les audaces : les arrangements d’une incroyable richesse qui s’entrelacent autour d’une mélodie évidente mais aussi l’écriture très originale d’un texte où Oz se projette quelques minutes dans la peau de Caroline Herschel – toujours cette thématique des femmes méconnues qui traverse de nombreuses chansons du groupe et contribue à le rendre particulièrement attachant – astronome et musicienne allemande, morte presque centenaire en 1848 après avoir vécu dans l’ombre occultante de son frère William.
Futur proche
Un avenir forcément très conditionnel par les temps qui se sont arrêtés de courir. En attendant le troisième Ep – puis l’album, sans doute un jour – les concerts à venir sont en attente de reprogrammation, notamment du côté de Liverpool où The Reed Conservation Society était attendu ce printemps pour une invitation lancée par La Violette Societa. Quelques soutiens fidèles et fervents ne manqueront pas de se manifester du côté de Life Is A Minestrone qui a déjà accueilli le groupe.