Sous Surveillance : Dona Casque

Dona Casque / Photo : Titouan Massé
Dona Casque / Photo : Titouan Massé

Dona Casque fait partie de ces tout petits groupes au devenir prometteur, au tempérament à la fois fragile (je me souviens du premier morceau que j’ai vu d’eux sur scène, à La Mécanique Ondulatoire, c’était leur second ou troisième concert et je me suis demandé ce que ça allait donner tellement c’était instable) et intense (la suite du concert m’a complètement embarqué). Il y avait tout ce qu’on aime, un composite lumineux de rythmiques post punk, d’accords de claviers DIY, de mélodies entêtées et d’accords de basse tranchants, comme dirait l’ami Viktor. Depuis 2023, ils ont continué à jouer, et même s’il n’est toujours pas possible de trouver le moindre morceau d’eux sur la toile à part leur participation à En Lutte !, une compilation antifasciste pour un monde meilleur proposée par le Front des Musiques Indépendantes, on essaye de ne jamais louper une de leurs prestations scéniques, où l’on voit littéralement le duo prendre confiance petit à petit. Ils seront d’ailleurs ce mercredi 2 octobre sur la scène du Shakirail (Paris 18e) pour la dernière de Vaagues de Chaleur. En attendant impatiemment l’album, Maë a eu l’extrême gentillesse de nous parler de son parcours.

Qui ?

Maë et Danny

Maë n’a pas d’éducation musicale de type classique et a commencé à jouer de la musique en groupe assez tard. « Ma mère jouait du piano, on en avait un à la maison, donc je passais mon temps à faire des musiques de sorcières en tapant très fort sur toutes les touches du piano en même temps. Elle a essayé de m’apprendre mais personne n’avait la patience de ça. Vers la fin du collège, j’ai commencé à prendre des cours de guitare avec l’école de musique du coin, j’ai rencontré plein de nouvelles amies avec qui on avait des cours de solfège, mais on fumait des gros joints avant d’y aller donc y a pas eu de super résultats sur cette classe, haha. Le prof aussi avait l’air complètement ailleurs. J’ai continué les cours de musique piano et chant sans assiduité, j’étais à l’internat au lycée, mais c’étaient toujours des vieux dudes qui occupaient la salle de répète le soir avec leur groupe de reprises d’AC/DC. Je me sentais pas du tout légitime de demander un créneau donc je n’ai jamais vraiment répété, et puis je suis assez flemmarde aussi ! »

Premiers pas

« Ma première découverte musicale marquante c’était White Rabbit des Jefferson Airplane, suivi de près par l’album éponyme de Syd Barrett, les Seeds, puis j’ai passé mon adolescence à rêver fort de Woodstock. Le deuxième pilier marquant ça a été Martin Rev et Suicide, vers la vingtaine, ce qui m’a tout de suite poussé vers les sons plus synthésiques (c’est un nouveau mot). C’est vers la période où j’ai commencé à trainer à la Mécanique Ondulatoire à Paris, avant qu’elle ne ferme et re-ouvre, c’était un sentiment incroyable de rencontrer enfin des gens qui écoutaient la même musique. On communiait, on nageait sur les mêmes vagues : c’était ma nouvelle famille. J’ai énormément élargi mes horizons musicaux grâce aux personnes que j’y ai rencontrés. »

« A un concert d’Os Noctambulos + Bryan’s Magic Tears, j’ai rencontré pour la première fois Anna, ma meilleure amie (projet : Women Of Pop).  On a vite commencé à habiter ensemble, elle faisait les entrées à la Meca, donc on était tous les temps fourrées là-bas à voir des concerts, c’était le feu. On a commencé à y faire des dj-sets sous le nom de Lobster, et puis on a monté le groupe Sex Sux avec Martin Meilhan-Bordes (dans Coeur-Joie actuellement, ndlr), Nick Wheeldon, Milia Colombani, plus tard Adrien Berthe. J’y jouais du synthé (un Roland SH-09, puis un Roland SH-02 : monophonique, easy). C’était pour nous deux une découverte, on a appris à composer des morceaux dans ce groupe, moi ça faisait super longtemps que je ne jouais plus et j’ai découvert le monde magique des synthés analo. Et puis il y a eu le Covid, Sex Sux a splitté, c’était super violent pour moi. Je n’ai pas fait de musique pendant deux ans après. »

« Ensuite Caelan m’a appelée pour jouer du synthé dans Warm Swords, ce que j’aime et fais toujours épisodiquement. Et depuis le 1er septembre 2023, on joue des concerts avec Dona Casque, c’est un duo basse batterie synthés voix. »

« Avec Danny Kendrick qui vient de Californie ou il a joue dans Beekeepers, The Mallard, The Laibs, Cough Syrup Kids, et qui est venu vivre en France où il a joué dans les Stratocastors, Marble Arch, Jacques Grêle et les Fausses Fuites (son solo project), et maintenant drummer de Rendez-Vous. Il chante avec la bouche, joue du synthé avec la main droite, et de la batterie avec le reste de son corps. Et moi-même, où je chante avec la bouche, joue de la basse avec les mains et du synthé avec les pieds (sur un pédalier d’orgue midi). Avec Danny on a un univers musical qui se complète super bien, la première fois que j’ai entendu sa cassette (Jacques Grêle et les Fausses Fuites), j’étais sur un nuage, depuis ce moment, j’ai voulu faire de la musique avec lui. »

Quoi ?

Comment définirais-tu ton univers musical ?

Plutôt weird synth pop-post/egg punk. Pour Dona Casque on n’arrive pas à définir, on a plein de morceaux assez différents. Si tu as une idée ?

Qu’est ce que tu aimerais faire passer à travers ta musique ?

De la synesthésie : des sensations, des émotions, des couleurs. De la simplicité aussi. J’aimerais aussi faire plus de morceaux politiques, c’est nécessaire.

 Qu’est-ce qui t’influence dans le monde qui t’entoure ?

Les expériences de vie, voir des concerts qui me marquent, le militantisme, quelques films qui changent ma perception sensible des choses, les discussions à cœur ouvert, les personnes que j’aime, les vacances/tournées avec plein de n’importe quoi et les plats qui piquent.

Où ?

D’où viens-tu ? Où vis-tu maintenant ?

Je suis né.e à Paris, j’ai grandi dans les Deux-Sèvres (pas loin de Sainte-Soline) et j’ai bougé sur Paris à 18 ans pour faire de la philo, je viens de d’emménager à Lausanne pour y travailler en tant que projectionniste.

Dans quel contexte est-ce que tu composes ?

Principalement avec des gens (Danny, en l’occurrence), parce que j’ai du mal à me motiver à jouer seul.e souvent, mais sinon dans ma bedroom pop.

Avec quels instruments, comment et où enregistres-tu ?

Principalement guitare /voix/synthés, j’enregistre pas vraiment vraiment encore ! J’essaye de préparer un live avec une carte son qu’un ami m’a prêtée depuis trop longtemps pour que je la lui rende.

Est-ce que le terrain local a été une influence sur ta façon de composer ? Est-ce qu’il y a un lien avec une scène locale, internationale ?

Bien sûr, c’est même flagrant, Paris c’est une ville super pop, et je suis assez dans cette mouvance, il y a aussi beaucoup d’expérimental, mais c’est vrai que j’aime bien bouger à l’étranger pour voir des concerts + egg-punk/punk et aller voir les ami.es qui habitent et jouent ailleurs ! On est grave influencé.es par les concerts et les groupes locaux, c’est incroyable d’aller visiter les scènes locales d’autres pays pour ça !

Sur quel support proposes-tu tes enregistrements, est-ce qu’il y a des particularités (design de la pochette, label autoproduit, etc)

On a enregistré notre premier album ! Il est en cours de mix et nous aimerions sortir sous plusieurs formats différents (vinyle, cassette, cd, bandcamp) dans quelques mois, il y aura probablement un joli chat sur la pochette. On cherche un label en France, on va peut-être aussi sortir sur un label allemand et un label de Californie !

Dernière sortie

Quels sont tes projets ? Comment est-ce que tu aimerais, ou te vois évoluer ?

Comme j’ai déménagé j’ai très envie de jouer de la musique avec mes ami.es suisses, et de continuer Dona Casque, j’ai aussi des ami.es à Marseille avec qui je rêve de faire de la musique un jour, quand je serai moins loin. Et pourquoi pas cette histoire de projet solo.

J’ai aussi une idée de film en forme de road-trip-médiéval tourné en 16mm que j’aimerais réaliser et dont j’aimerais faire la musique mais c’est très engageant.

Quelle importance a la scène ?

C’est super important, je ne sais pas vraiment quel genre de blessures d’enfance s’y rejouent, mais c’est thérapeutique pour moi, j’aime trop être sous la lumière et la sensation de dissolution dans l’espace quand on en sort.


Dona Casque joue ce mercredi 2 Octobre au Shakirail (Paris 18e) pour la dernière de Vaagues de Chaleur avec GLINTSHAKE (Kate NV & Inturist) + Stephanie Lotion.


BONUS : Quelques liens de musique de potes que j’aime beaucoup par Maë / Dona Casque

Shreddy, Stars

Thee Agnès Muller, Gardienne de fontaine

Couteau Latex, Une Femme Passe Passe

Belmont Witch, Room

Le Renard, Petite Valse

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