La Veillée Pop est une nos associations d’organisation de concerts favorites. Depuis quelques temps, elle souffle un vent frais et pop dans des salles comme l’Espace B, la Boule Noire ou au QG Le Motel. Grâce à ses membres, nous avons pu voir à Paris des groupes comme Triptides, Sugar Candy Mountain, Ojard, Astrobal, Jonathan Personne, Lemon Swell, La Houle, Biche, Levitation Room, Good Morning TV ou encore Mauskovic Dance Band. Demander un Selectorama à Théo, co-fondateur et disc-jockey de La Veillée Pop était une évidence, ses goûts – de l’indie en passant par la house ou les curiosités funky chinées en brocantes – éclectiques, pointus et subtils ne pouvaient qu’attirer notre attention.
01. Biche, L’essor (2019)
On a découvert Biche en 2015 avec l’équipe des Freaks des Champs, où j’étais encore président du Freaks Pop Festival. On les a fait jouer et ce fut la surprise : c’était un live très puissant. Ils sont revenus également pour notre première Veillée Pop, un grand merci à eux. En mai dernier, ils ont sorti leur album que l’on attendait tous avec impatience. Personnellement, c’est un disque qui m’a beaucoup touché, et ce titre d’autant plus. Lorsque je l’ai écouté pour la première fois, j’ai eu des larmes aux yeux. J’étais à la fois très heureux, d’enfin écouter cet album que j’attendais tant, mais également touché par ce titre défendant une philosophie de vie qu’il faudrait que je tienne davantage : « Prendre le temps de bien faire ».
02. Alessandro Alessandroni, Jeune Flirt (1971)
J’ai commencé à devenir sensible à la library music et à réellement la comprendre en écoutant Piero Umiliani. Je me suis vite rendu compte de toute la quantité de musique produite par des musiciens extrêmement talentueux, français comme Italiens. Je suis devenu fan des labels comme KPM, St Germain des Prés, Editions Montparnasse 2000 et le label Sirocco. Je pense que la library française est davantage dans l’aspect groovy, comparée à la library italienne comme Alessandro Alessandroni ou Ennio Morricone. Ils ont quelque chose d’aérien et de solaire qui s’apparente uniquement à la library italienne. Ce morceau est l’un de mes préférés d’Alessandro, mais il y a beaucoup d’albums qui sont aussi géniaux les uns que les autres. Allez les écouter !
03. Loving, Visions (2019)
J’ai découvert les Canadiens de Loving lorsqu’ils ont sorti leur 7 titres sur YouTube. Ils ont perdu récemment un grand musicien proche du groupe et ont du annuler une grande partie de leur tournée aux US. Ils viennent de sortir ce titre qui illustre vraiment le repos et le chill : ils arrivent normalement bientôt en France. J’aurais bien aimé les faire jouer avec La Veillée Pop ! (NDLR, ils seront vendredi 01 novembre au Pitchfork Festival Paris)
04. The Cyrkle,The Visit (She Was Here) (1967)
Grâce aux disques que je chinais dans les brocantes, j’ai pu découvrir de nombreux groupes 60’s, notamment les Zombies, les 13th Floor ainsi que les Byrds. Grâce au partenariat d’Angers avec Austin, mes groupes phares ont pu venir dans ma terre natale et jouer en face de moi. Ce titre du groupe The Cyrkle est proche des sonorités des Beach Boys dans la polyphonie effectuée par les voix des chanteurs.
05. Serge Gainsbourg, Les petits Lolos de Lola (1970)
Je vous partage ici des pépites méconnues de Gainsbourg. Il a produit de nombreux titres qui ne sont malheureusement jamais sortis (je pense notamment à Boomerang repris par Etienne Daho). Ici, c’est un titre très proche de l’époque de Melody Nelson/Jean-Claude Vannier. N’hésitez pas à aller chercher ses autres titres enfouis de cette même période qui sont exquis, dont la campagne publicitaire radio pour Martini par exemple.
06. El Michels Affair, Unathi (2018)
Ce titre sort sur le super label Big crown. Ce titre est vraiment dans la tendance actuelle : proche du Mauskovic Dance Band, de Derya Yıldırım et Grup Şimşek sur Bongo Joe.
07. Alpay Nazikoğlu, Seni Deliniyorum (1973)
C’est un très bon titre qui illustre mon obsession à chiner de la musique traditionnelle. C’est vraiment rare de trouver des disques provenant d’Afrique du Nord, d’Afrique noire, de Turquie ou d’Iran (mes pays préférés) en brocante. Premièrement, ils sont souvent en très mauvais état, deuxièmement, on peut rapidement tomber sur de la musique purement traditionnelle, mais qui ne groove pas forcément à mon sens. Ce titre est un exemple de pépite que j’aimerais trouver tous les weekends en brocante.
08. Elis Regina, Madalena (1970)
La voix d’Elis est somptueuse sur ce titre. La musique brésilienne insuffle une réelle énergie et beaucoup de soleil. Je trouvais des disques de bossa nova en brocante et je me suis de plus en plus intéressé au sujet : Sergio Mendes, João Gilberto, Vinicius De Moraes, Stan Getz et Elis Regina. La bossa me repose et me fait voyager : mon souhait serait de découvrir le Brésil bientôt.
09. L’Eclair, Castor McDavid (2019)
L’Eclair est un groupe de Genève – ils avaient auparavant le projet Magic & Naked si je me souviens bien – qui donne sa vision singulière de l’afro-pop-psyché instrumental. Ils ont joué récemment à une Veillée Pop (superbe concert) avec le Mauskovic Dance Band en tête d’affiche. Les deux groupes sont amis et on finit la soirée en effectuant tous ensemble une grande jam ! C’était vraiment dingue.
10. Saint Germain, So Flute (2000)
J’étais invité par Délicieuse Musique à Bordeaux pour un DJ set, c’était la première fois que j’avais en face de moi 400 personnes, à 22h30, par 33°C. J’ai passé ce titre housy/jazzy à la fin de mon set. Le titre commence par les flûtes que j’ai laissé courir sur un autre titre en amorce. Puis, il y a eu 3/4 secondes de flou où le titre précédent était fini, et il n’y avait encore aucune basse. A leur arrivée, le public s’est enflammé et a félicité la transition. Les gens dansaient comme s’il était 1 heure du matin, avec toute la nuit devant eux. C’était à mon sens mon meilleur DJ set à date. Ce titre illustre l’esprit de la Veillée Pop : être ouvert aux musiques électroniques, à la recherche d’une plus grande finesse possible.
11. Range, Give Me (1981)
J’étais en vacances à Naples, un des temples de l’italo, au printemps dernier. J’en ai profité pour faire un disquaire spécialisé dans le domaine. La semaine passée, il avait fait jouer les grands Nu Guinea dans son record store. J’ai fouillé ses bacs, et j’ai trouvé cette pépite qui a conquis plus d’un public.
12. Vany, Fais Attention (1983)
Grand fan de French boogie, j’ai découvert ce titre à l’ouverture du disquaire tenu par Vincent Privat et Xavier Ehretsmann. Dizonord est je pense un des meilleurs disquaires de Paris pour l’occasion : plein de pépites, de découvertes en tous genres sur tous les styles. Ils ont réussi à modifier l’image des disquaires grâce à une véritable ambiance et au partage de connaissances musicales entre les chineurs. J’ai découvert ce titre là bas, et j’adore ce refrain : « Fais, bien attention ».
13. Suzy Q, Tonight (1981)
J’ai découvert ce titre disco en faisant un B2B avec Juan Izguerra au Point Ephémère pour l’Ostreoid Festival. J’y effectue la programmation avec Joachim de Pearl & The Oysters et Victor de Midnight Special Records. Le refrain très simple mais impactant de ce titre reste très peu connu du grand public. De plus en plus, mes sets se tournent vers le disco, où il y a encore beaucoup de titres à découvrir.
14. Kaffe Creme, Kapo Choc (2016)
Voici un titre purement house, sorti sur le label Vertv records tenu par Etienne et Evans. C’est grâce à Etienne que j’ai beaucoup progressé dans le domaine mais également pendant les années passées à digger. Etienne m’a beaucoup aidé à aller vers cette musique, ainsi que les DJ sets et ma maturité musicale. Ce titre débute par le chahut des soirées « où tout le monde se parle ». Puis, arrive les cuivres tel un hymne puissant à la fête, surpassant le reste de la production. Pour finir, en fond, on peut entendre la flûte traversière (que j’adore) qui donne une couleur très solaire au titre. Kaffe Creme est vraiment très raffiné et distingué dans sa démarche.
15. Kokee Anu & Korin Ladke, Dirty Snatch (2002)
Enfin, Dirty Snatch est un des premiers disques de house que j’ai acheté en brocante, par hasard dans un reste du label Africanism de Bob Sinclar sur Paris. Le macaron rendait le disque intéressant et je l’ai payé trois francs six sous. Au final, je pose le disque sur la platine et là, j’entends la BO du film Snatch, qui fait écho au titre de ce disque : arraché et obscur.