Selectorama : Robert Scott (The Bats)

Robert Scott (The Bats) / Photo : DR
Robert Scott (The Bats) / Photo : DR

Avec Corner Coming Up, somptueux nouvel album de The Bats – en rupture de stock le jour même de sa sortie -, Robert Scott confirme qu’il est bien ce diamant brut dont le passage du temps n’aura jamais terni l’éclat. Bien rare sont les musiciens qui, comme lui, peuvent se targuer d’avoir été membre de deux groupes majeurs, quand il est déjà assez glorieux d’avoir pu l’être d’un seul. Car avant d’assurer dès 1982 le chant, la guitare rythmique et la composition au sein de The Bats, l’ami Robert était déjà depuis 1980 le bassiste des mirifiques The Clean, qu’on pourrait sans exagération qualifier de Velvet Underground néo-zélandais, tant par leur lien de parenté esthétique avec le groupe de Lou Reed que par leur influence sur toute la luxuriante scène néo-zélandaise regroupée autour du label Flying Nun, mais aussi sur la scène indie mondiale.

Nouveau : Le selectorama est en écoute en podcast ci-dessous !

La disparition tragique d’Hamish Kilgour en 2022 a de facto mis fin à The Clean, portant un coup douloureux à la scène néo-zélandaise qui aura de surcroît dû se consoler de la mort de Martin Phillips de The Chills deux plus tard. Corner Coming Up de The Bats apparaît dans ce contexte comme une lumière dans la nuit, une planche de salut inespérée qui vient nous soulager de ces pertes irréparables. Mieux, il vient monter comment la vie finit toujours par l’emporter sur l’ombre.

Le quatuor dont le line-up n’a jamais varié en plus de 40 ans sidère par son inspiration, son harmonie et la jeunesse dont il rayonne toujours. Des titres jubilatoires comme Loline, Lucky Day, ou encore A Crutch a Post auraient pu avoir leur place sur Daddy’s Highway ou Silverbeet. Tandis qu’ A Line to the Stars rappelle le meilleur des Go-Betweens, que Song for the End pourrait avoir été co-écrite par Stephen Malkmus et qu’Eyes Down n’a rien à envier en intensité à la magnifique Candidate. 

Les parties de guitares de Kay Woodward y sont toujours aussi époustouflantes de musicalité ; la finesse de jeu et le sens du temps de Malcolm Grant s’accordent toujours aussi bien au style inimitable de Paul Kean à la basse, tandis que la voix de Robert Scott s’harmonise comme jamais à celle de Kay Woodward. Les quatre semblent dans la même osmose qu’à leurs débuts, comme s’ils vivaient quelque part hors du temps.

Aujourd’hui Robert Scott est avec nous pour évoquer ses coups de cœurs récents, montrant au passage qu’il n’a rien perdu de sa curiosité pour les artistes d’aujourd’hui.

01. Horse Girl, Switch Over

J’aime vraiment la tournure et l’ambiance de ce morceau. Il s’y trouve un bon sens du tempo et on croirait entendre un groupe de Nouvelle-Zélande ou même du Royaume-Uni du début des années 80.

02. Kali Malone, All Life Long

J’aurais pu choisir n’importe quel titre de cet album. Les tourbillons immersifs de l’orgue d’église créent une atmosphère glaciale et hypnotique. Une musique profonde et envoûtante. Son approche varie un peu à chaque album, mais la manière dont elle lance ces longues notes les unes sur les autres…wouah !

03. Pearly, Superglue

Un excellent jeune groupe de Dunedin. Une belle énergie et une super mélodie, accompagnées d’un clip amusant. L’avenir de la musique à Dunedin est entre de bonnes mains.

04. Wet Leg, Davina McCall

J’ai découvert ce titre à la radio sans savoir qui c’était, pour apprendre que c’était le phénomène Wet Leg.Une vraie bouffée d’air frais à notre époque, et quelle attitude !

05. Myriam Gendron, Long Way Home

Une chanteuse canadienne dont je ne savais rien. J’ai juste lu une chronique dans Mojo et j’ai acheté le CD. Très original et fort. C’est décalé et parfois elle chante en français, ce qui change vraiment la sensation et l’atmosphère Avec Jim White à la batterie, ça ne peut qu’être bon.

06. Courtney Marie Andrews, Loose Future

C’est une chanson extraite de l’album du même nom. Je ne me souviens plus comment je l’ai découverte, mais j’ai aimé cette chanson immédiatement et bien d’autres sur ce disque. On dirait qu’il y a tant de nouvelles artistes féminines qui font des choses formidables, comme Jessica Pratt !

07. Kurt Vile, Cool Water

Difficile de ne choisir qu’une chanson, il y en a tellement, notamment sur l’album Watch My Moves. Il parvient vraiment à habiter ses chansons et son approche est toujours convaincante. De superbes parties de guitare, comme toujours. Et en plus il aime faire des collaborations.

08. Big Red Machine, Latter Days

En tant que fan de The National et Bon Iver, je savais que cet album allait être bon. Il contient tellement de bonnes chansons interprétées par des chanteurs exceptionnels, comme celle-ci chantée par Anais Mitchell. J’adore la mélodie et l’ambiance de l’accompagnement. Il y a tellement de bonnes choses sur ce disque. Combien de temps pensez-vous que cela va durer ?

09. Ed Kuepper, Confessions of a Window Cleaner

Super titre, ça ressemble à une comédie anglaise de série B. Ed est une force de la nature fantastique, il a sorti tellement de bonne musique ! J’ai eu la chance de faire sa première partie en Australie il y a des années. Ce titre a plutôt un côté krautrock, pour changer.

10. Tessa De Lyon, Offend You

J’ai entendu ça à la radio ici et j’ai été surpris d’apprendre que Tessa était d’ici. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai été surpris, ça aurait pu venir de n’importe où. J’adore le piano, pas trop sophistiqué (comme mon jeu) et l’interprétation légèrement discrète. Ça m’est resté en tête pendant un bon moment. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la radio. Nous avons de la chance ici en Nouvelle-Zélande, d’avoir une radio nationale qui passe beaucoup de nouveautés. Je n’écoute jamais les radios commerciales.


Corner Coming Up par The Bats est disponible chez Flying Nun Records

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