Découvert par ici chez Born Bad via les conseils avisés de Maxime, Borrowed Floors, le premier album de Lithics paru chez Water Wing Records en 2016 a été repressé à quatre reprises jusqu’à maintenant tellement il est excellent. Depuis, ce quatuor de Portland, ville riche en groupes, nous régale tous les deux ans d’un nouveau LP. Mating Surfaces chez Kill Your Rockstar en 2018 a été agrémenté d’une première tournée européenne, dont une date mémorable dans la cave ruisselante de la Pointe Lafayette en septembre de la même année. En 2020, en pleine pandémie, Trouble in Mind a eu la bonne idée de sortir Tower Of Age, leur dernier LP en date.
D’obédience post punk, on y retrouve des sonorités mêlant ESG, Delta 5, Tee Vee Pop, Y Pants et The Fall, jusqu’à des choses plus contemporaines comme Mope Grooves et L.O.X., également originaires de Portland. Avec au fil des albums, ce son anguleux et répétitif, presque dansant mais jamais monotone. Minimaliste certainement, mais dans chaque sortie se cachent des riffs et effets ravageurs. La voix d’Aubrey se mêle parfaitement à cette atmosphère, avec un air tantôt détaché, tantôt robotique. Avant d’espérer les revoir sur scène, Aubrey, Bob, Mason et Wiley nous ont concocté une sélection de dix titres pour nous faire patienter, temps de pause dû au Covid oblige.
01. The Decayes, Ich Bin Ein Spiegelei
Ce morceau de 1978 a été la première sortie des Decayes et son écoute est déconcertante. Il sonne comme quelqu’un qui éclabousse partout en jouant de la clarinette dans sa baignoire, alors que ses amis jouent le riff de Wipeout en boucle, paresseusement à la guitare. Ça sonne étrangement, mais ça fonctionne très bien pour une écoute finalement plaisante.
02. Count Vertigo, I’m a Mutant
Ce single X Patriots/I’m a Mutant a été l’unique sortie de Count Vertigo, un groupe de Portland, et c’est un tueur. La face B particulièrement excitée est un classique de Northwest punk, et la machoire m’est littéralement tombée la première fois où je l’ai écouté. Un de mes solos de guitare préférés !
03. The Fall, Spectre vs Rector
Dragnet (1979) est certainement, de manière collective, notre album préféré de The Fall, et a définitivement eu un impact sur nos sensibilités respectives. Spectre vs Rector offre le meilleur exemple de l’étrange fidélité à ces choix de mixage séduisants qui sont leur marque de fabrique.
04. Captain Beefheart and the Magic Band, Hair Pie Bake 2
Aubrey et moi avons un amour respectif pour Trout Mask Replica (1969) et il reste un puits d’inspiration sans fond. Jusqu’à aujourd’hui, je peux toujours l’écouter et entendre quelque chose que je n’avais jamais remarqué avant.
05. The Red Krayola, Dairymaid’s Lament
Ça peut ne pas paraître évident, mais God Bless The Red Krayola… était une référence pour ce que je voulais faire avec Lithics. On a évidemment loupé le coche, mais sa propulsion dépouillée et son lyrisme opaque ont été instructifs.
06. The Velvet Underground, Ferryboat Bill
VU a son sommet. Je n’ai certainement pas besoin de dire grand chose à propos de ce titre-là !
07. Swell Maps, Vertical Slum
Un de mes groupes préférés de tous les temps. J’ai toujours voulu faire un album comme A Trip to Marineville (1979) qui mélange des bruits et le colle aux morceaux.
08. PragVEC, Cigarettes
Un single génial de PragVEC juste avant qu’ils se mettent à utiliser trop de synthés. Pour moi, ça encapsule tout ce qu’un bon morceau punk devrait être.
09. The Shadow Ring, I am a Lighthouse
Un peu à la façon de Captain Beefheart, l’univers musical de The Shadow Ring paut paraître impénétrable au premier abord, mais devient infiniment enrichissant pour ceux qui souhaitent creuser un peu plus loin. Ils ont complètement modifié ma perception de la musique et sont une excellente passerelle du DIY/punk vers des sonorités plus expérimentales.
10. Faust, J’ai Mai Aux Dents
Mon morceau préféré de mon album préféré de Faust, The Faust Tapes (1973). J’ai toujours aimé l’esthétique de collage de leurs disques, tout comme leur approche quasi cinématographique.