Après un EP et un single , voici enfin le premier album de Pastel Coast. La pochette d’Hovercraft fait immanquablement penser à celle d’Atlas de Real Estate. La ressemblance n’est pas que visuelle : incontestablement, le groupe français partage avec ses camarades américains un certain panache pour la pop à guitares lumineuse et cristalline. Le vent marin, le sable immaculé de la Côte d’Opale imprègnent les chansons et celles-ci nous parviennent en une succession de vagues ondulantes. Elles forment pourtant un ensemble cohérent judicieusement enregistré. La production, sobre et élégante, met en effet en valeur la nature intrinsèque de la musique de Pastel Coast, une indie-pop limpide profondément sincère. Les guitares sonnent magnifiquement : nimbées d’un halo de reverb shimmer, elles nappent l’auditeur d’une rassurante familiarité quelque part entre Beach Fossils, le catalogue Captured Tracks circa le milieu des années 2010 ou The Drums (Always). Discrets, les synthétiseurs frémissent délicatement. Ils disparaissent dans l’écume des guitares. Ils forment un contrepoint avec les plus directes basse et batterie, rappel de la nature sautillante de la musique de Pastel Coast (la tubesque Vacation). La voix de Quentin Isidore, même si l’accent anglais n’est pas parfait, incarne avec conviction le répertoire du groupe. Sur scène, le musicien français évoque parfois une jeune Morrissey passionné (et encore fréquentable). D’autres références eighties ressortent ici et là, souvent par des détours inattendus. Le lyrisme sans posture de Zadig convoque ainsi un U2 qui se serait épris de la pop C86 tandis qu’Aquarius a des petits airs de The Cure période Just Like Heaven ou In Between Days. La progression est indéniable depuis l’EP. Nous pourrions regretter a priori que le groupe ait abandonné l’idée d’écrire complètement en français, seules trois chansons y font appel (Kerry, Home et la bilingue La Nuit), mais pour autant le groupe maîtrise parfaitement son sujet et déroule un disque d’une remarquable densité. Les titres instrumentaux (Eau, Galanterie, Hovercraft) parsemés en début, mi-parcours et fin apportent une respiration bienvenue. Loin d’être du remplissage, ils contribuent pleinement à la narration d’Hovercraft en contextualisant les autres chansons. Ils donnent également l’occasion au groupe de s’amuser avec l’instrumentation (trompette, guitare acoustique…) Hovercraft est réjouissant à bien des égards : l’écriture minutieuse offre l’un des plus beaux disques d’indie-pop de l’année. Paradoxalement, cette musique semble, toute proportion gardée, mieux se porter ici (Pop Crimes, EggS, Sex Sux, En Attendant Ana, Beach Youth, Special Friend etc.) – et en Australie bien sûr – que dans les terres plus réputées (États-Unis, Angleterre), mais faut-il s’en plaindre ?
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