Depuis plus de vingt ans, Oneida fait partie des groupes les plus actifs de la scène indie new-yorkaise. Aujourd’hui, après quatorze albums d’expérimentations diverses et variées, la bande de Kid Millions fait le choix de se recentrer sur des formats plus courts et un registre plus direct qu’il lie aussi clairement (cf. le nom de l’album) à la recherche d’un nouveau public. Dès le premier titre, l’excellent Beat Me to the Punch, il est évident qu’Oneida a changé d’univers. Le mélange souvent habile et éclairé d’héritage psychédélique, de culture électro et de recherches élitistes a ainsi laissé la place à un rock noisy et typiquement velvetien qui se laisse submerger par un formidable déferlement de larsens, déchirants et assourdissants, sur plus de deux minutes. Le résultat est saisissant.
Plus loin, I Want to Hold Your Electric Hand s’impose comme un rock parfaitement roboratif, quelque part entre le frat rock des Swingin’ Medallions et un punk plus massif qui peut évoquer celui des jeunots de Parquet Courts. Et si le percutant Opportunities montre vite ses limites, l’impressionnant Rotten dévoile deux minutes trente de punk ample et revigorant qui pourrait faire fureur dans les pubs britanniques.
Mais, au-delà de ces quelques virées très énergiques qui semblent présenter un Oneida new look, Success s’avère surtout passionnant lorsque le groupe laisse remonter ses souvenirs de rock psychédélique et d’expérimentations arty. Ainsi, Low Tide laisse dériver ses divagations post-punk sur plus de huit minutes, tandis que les sept minutes de l’excellent Solid, meilleur titre du lot, se transforment vite en feu d’artifice noisy, conclusion parfaite pour cet ambitieux et très efficace Success, sans doute l’album le plus abordable d’Oneida à ce jour, et assurément l’un des meilleurs de cette année 2023.