Oasis, Standing on the Shoulder of Giants (Big Brother Recordings)

oasisIl faut certainement être six pieds sous terre pour ne pas être au courant, Oasis a annoncé son retour sur scène en 2025. Une tournée anglaise a été organisée, mais le site Ticketmaster n’a pas tenu le choc… Et des milliers de fans se retrouvent dans le même état que le public de Rock En Seine en 2009 : frustré. Pour pallier à cela, Oasis sort une édition remasterisée de son quatrième album sorti à l’aube du millénaire, Standing on the Shoulder of Giants (2000, Helter Skelter). Le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres.

Liam & Noel Gallagher
Heckle & Jeckle, ces jours-ci / Photo : DR

Comme à son habitude, Noel Gallagher est d’une rare pingrerie : aucun bonus pour ce disque qui fête ses 25 ans cette année. Rien. Pas de face B, encore moins de démos… Quant aux versions live, il faudra se rapporter à l’album Familiar To Millions. Standing on the Shoulder of Giants fut le disque où Noel Gallagher tenta se remettre en question en essayant de coller à son époque. Ce fut évidemment un échec artistique et une défaite commerciale. Les ventes ne furent pas au rendez-vous, les chroniques allumèrent le disque et les adolescents de 1994 tournèrent la page. Comment en aurait-il pu être autrement ? En 2000, Oasis était un groupe boursouflé et rasoir. À cet état de fait, un seul fautif : Noel Gallagher. Trois ans plus tôt, il pécha par orgueil et voulut aller trop vite. Un an après le succès de What’s The Story (Morning Glory)?, il n’écouta personne et fila en studio pour enregistrer Be Here Now. Ce troisième album d’Oasis fit le boulot à la fin de l’été 1997 avant de s’effondrer face à OK Computer de Radiohead. En 1998, Oasis était devenu ce contre quoi il luttait depuis ses débuts : un groupe has-been.

Enregistré en Angleterre et en France, Standing on the Shoulder of Giants tente donc de raccrocher Oasis à son époque. Noel Gallagher recruta Mark Stent, le producteur des derniers U2 et Madonna et décida de jouer de quasiment tous les instruments. Un an plus tôt, Paul McGuigan et Paul Arthurs avaient claqué la porte, lessivés (probablement) par les égos des Gallagher et par cinq ans de tournées mondiales. Ce disque sonne donc la fin d’une époque. Celle du line-up original mais aussi du label historique du groupe : Creation Records. Alan McGee dynamite le label après la sortie de XTRMNTR de Primal Scream. C’est peut-être dans ce disque que Noel Gallagher tenta de trouver une solution. Véritable incarnation de la querelle des Anciens et des Modernes, le sixième disque de Primal Scream est produit par des gens très classiques. On peut y trouver Brendan Lynch (Ocean Colour Scene, Paul Weller) et Hugo Nicolson (Shack). Et des gens plus modernes comme les Chemical Brothers ou David Holmes. Noel Gallagher essaya donc d’emmener son groupe vers cet univers électronique. Le disque sonne formidablement bien. Il prend le virage de cette fin de siècle avec une certaine forme d’élégance. Le souci est évidemment le manque cruel de finesse dans les chansons. Tout débuta pourtant bien avec le premier single (Got Let It Out) pour mieux s’effondrer comme un château de cartes après. Noel Gallagher était à sec.

Hurricane #1, un autre groupe de Creation Records, tenta, comme Oasis, cette approche électronique. Le résultat fut aussi calamiteux que XTRMNTR fut réussi. Leur album Only the Strongest Will Survive (1999) précipita la fin du groupe et permit à Andy Bell, guitariste du groupe, de trouver une place de bassiste chez Oasis. Alors qu’il allait prendre l’avion pour repartir en Suède, Noel Gallagher décrocha son téléphone pour lui proposer le poste. Le malheurs des uns fait toujours le bonheur des autres.


La réédition de Standing on the Shoulder of Giants d’Oasis est disponible chez Big Brother Recordings

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