Il y a un an jour pour jour (ou peu s’en faut), nous avions pris des amis et moi ma voiture direction le sud et la Ville Rose pour fêter l’anniversaire de la joyeuse Association La Chatte À La voisine, pourvoyeuse de concerts plutôt très fréquentables et/ou au poil depuis deux décennies. Au Metronum, cinq groupes jouaient façon ping-pong entre les deux salles du lieu et à la tête d’affiche de la soirée, Stereolab, il incombait aux quatre Espagnoles de Melenas de donner la réplique. Pari risqué – et si tout le monde rentrait chez soi après le clou du spectacle ? – mais pari tenu.
Dans une salle pleine d’un public de connaisseurs (le groupe a déjà joué dans le coin, toujours sous l’aile de La Chatte) et quelques béotiens, sous les yeux et les oreilles grandes ouvertes de Tim Gane – toujours aussi avide de découvertes et qui finira par filer acheter les deux premiers albums du quatuor à la fin de son concert –, Melenas piochait avec bonheur dans son répertoire, délivrait sa reprise hispanique du cultissime Eisbär de Grauzone et dévoilait un nouveau morceau qui laissait la part encore plus belle aux synthés analogiques et au groove hypnotique. Aujourd’hui – ou plus exactement depuis un mois –, le troisième chapitre des aventures soniques des Navarraises confirme cette tendance : si Ahora abrite toujours de ces guitares qui tourbillonnent et jouent à cache-cache avec la légèreté et la gravité, ce sont bien les claviers qui mènent la danse, comme l’annonce en ouverture la morceau qui donne son titre à l’album.
Alors, les compositions déclinent parfois des mélodies conçues sur mesure pour trotter dans la tête, à l’instar de celles de Bang, qui ne rate pas sa cible et va droit au cœur, ou de 1986, qui a reçu ici (chez moi donc) et là (chez l’éminent Vincent Théval) le titre très honorifique de chanson de l’été indien – celui-ci et de ceux qui suivront –porté par ces chœurs qui filent le sourire et rendent la vie un petit peu plus légère – et c’est parfait ainsi. Mais le quatuor aime aussi la flânerie et comme sur le brelan Dos Pasajeros, Promesas ou l’intrigant final 1.000 Canciones, il n’a en fait pas son pareil (ou à peine) pour inventer la bande originale d’une mélancolie rétro-futuriste – comme en leur temps les si regrettés Broadcast. Et lorsque la dernière note s’évanouit, il n’y pas d’autre alternative que de reprendre le cour des choses à leur point de départ. Et d’écouter ce disque en boucle. Maintenant. Parce que demain, il sera peut-être trop tard.
