Qui ?
Oihana – guitare, chant / Leire – basse, chœurs / María – clavier / Laura – batterie
Où ?
Pamplona (Iruña), Navarre – Espagne
Quoi ?
Dans la ville où l’on peut mourir l’après-midi, terre d’accueil de l’écrivain Ernest Hemingway et berceau de l’impassible cycliste Miguel Indurain, quatre jeunes filles fréquentent plus que de raison le bar Nébula, catalyseur de la scène locale où se multiplient les concerts des groupes de là-bas et d’ailleurs. Débutantes ou armées d’un peu d’expérience (les dames de la section rythmique ont été aperçues au sein de Los Ginkas, Delmonos, Panty Pantera ou Río Arga), elles forment Melenas en 2016, répètent, se cherchent un nom, trouvent leur son et peaufinent les compositions imaginées par Oihana, dont le passé de musicienne classique (elle a appris le violon dans son enfance) ne se fait pas entendre. Ce qui n’empêche pas le quatuor d’offrir dans la langue de Cervantes des chansons aux allures de… classiques miniatures, qui piochent dans le rock garage, la pop psychédélique et sa cousine indie. Sans oublier une zeste d’esprit punk. Les proches du groupe résument cela en une règle de trois : reverbcore-fuzz-pop. Pourquoi pas… Mais on a envie de préciser que l’on entend ici et là les accents des premiers Stereolab (un sacré compliment), la fausse ingénuité des Dolly Mixture ou l’impétuosité des Shop Assistants.
Première sortie
Coédité par trois labels (Nébula Recordings, Snap! Clap! Club et Elsa Records) en format vinyle (trois cents exemplaires numérotés) et numérique, enregistré sous l’égide du musicien et producteur Guillermo F. Mutiloa, l’album Melenas dévoile sous une pochette noire, blanche et rose bonbon dix chansons. Dix chansons qui résonnent souvent comme des hits haïkus et invitent à un voyage temporel tourneboulant, où, pour sa plus grande joie, l’auditeur multiplie les allers et retours entre 2017 et 1967, avec quelques haltes revigorantes en 1987 et 1977.
Tube absolu
Faut-il vraiment n’en choisir qu’un ? Car, entre la cavalcade fuzz de Cartel De Neón, l’orgue tourbillonnant de Mentiras et les accents glam lo-fi de Volaremos, le cœur balance et est mis à rude épreuve. D’autant que sur le fil, c’est Una Voz qui l’emporte, mid-tempo spectorien doté de guitares vrombissantes, d’une mélodie accroche-cœur et d’une petite touche mélancolique qui la rendent irrésistible. D’ailleurs, le fait que cette chanson clôt l’album ne tient peut-être pas du hasard car une fois la dernière note évanouie, il ne reste qu’une seule envie : réécouter le disque.
Futur conditionnel
Après avoir dévoilé un premier clip échevelé (Cartel De Neón) et annoncé une poignée de concerts dans son Espagne natale, Melenas semble en bonne place pour devenir les Nosoträsh de l’ère 2.0 (c’est un compliment – encore). Mais en fermant les yeux, l’on se prend à rêver : et si le groupe marchait sur les traces de ses compatriotes Hinds, autre quatuor féminin qui, dans la langue de Shakespeare et une veine un peu plus foutraque, a glané des galons internationaux à l’aune d’un album rafraichissant et à grands renforts de tournées invraisemblables. C’est vraiment tout le mal que l’on souhaite à Melenas, groupe avec lequel chaque nouvel auditeur est immédiatement de mèche.