« Tout homme qui se considère comme indispensable est un salaud. » Belle journée d’automne, Claude de Givray pense à cette citation de Sartre pour dire adieu à son cher ami, François Truffaut. Il ne prononcera pas cette phrase lors de son oraison funèbre. Cette vérité éclatante étant trop dure à dire lors de cette cérémonie feutrée de murmures, de regards bouffés de larmes, Givray la gardera pour lui. Je n’ai jamais pu comprendre ces personnes qui, dans une relation amicale, amoureuse ou encore sur leur lieu de travail se pensent indispensables. Vanité sèche, sans imagination. Hier matin, je beurrais mes tartines avec mon fils en écoutant I’m Your Man de Leonard Cohen. Cette musique de dandysme et de bricole, ajoutée à ma maladresse à beurrer les tartines ont fini par créer une certaine observation de mon fils à mon égard. Je me suis mis à penser sérieusement – en ces temps de cloisonnements merdiques – à lui rendre le goût de la vie indispensable. J’ai joué quelques comptines de mon crû – je hais les comptines – sur ma guitare désaccordée. Je lui ai raconté Rome, les pins parasols s’écroulant vers le sol, les vestiges et cette lumière… puis Procida où l’on dépiaute joyeusement ces petits oursins dont la chair, plutôt rare, ressemble à un beurre que l’on a trop longtemps oublié au soleil. Un jaune puissant et épais. L’Italie, journal intime. J’ai hâte de revoir le film de Moretti, de me sentir à la ramasse et lunaire, sur une Vespa, roulant au fil d’un bitume brûlant à la découverte de ces ruines minutieuses gardées par des jardins de prestige. Voyage désiré, rêvé. Ce n’est pas exactement la sensation que l’album de Pool Holograph procure, c’est à dire cet état cotonneux du songe. Ce groupe – certains les réduiront à un Deerhunter de sous-préfecture – de nerfs en pelote offre un merveilleux coup de sang. Love Touched Time and Time Began to Sweat. Disque de fièvre où la ligne claire des guitares ferraille avec des voluptés de saturations. Medieval Heart et Asleep in Spain sont de merveilleuses compositions. Pour les plus curieux, les singles plus anciens du groupe sont de vraies pépites. On citera Stratus Sheets et Contours. En cette période de remise littéraire – j’opte pour la définition suivante d’une remise : lieu couvert où l’on entrepose des choses, des objets – je n’ai pas eu le goût pour l’actualité du livre. Les stories instagram et autres prouesses de youtubeurs s’en chargent très bien des livres primés avec leurs jolis bandeaux. Je regrette bien des choses pour Laurent Mauvignier, voilà tout. Histoires de la Nuit n’est certes pas, durant cette période des fêtes, un roman indispensable, comme un Goncourt ou un Renaudot. Non, c’est un livre inoubliable. Cela fera pour moi – toujours – la différence.
L’indispendable – Nanni Moretti, Pool Holograph, Laurent Mauvignier
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
journal intime c’est le dernier grand film de moretti ,il y a encore quelque fulgurance en 2006 dans Le Caïman et dans aprile en 1998 mais plus jamais du niveau de Caro Diario ,je n’aime pas du tous La Chambre du fils ni Habemus papam et encore moins les derniers films ,pour moi sa fais 15 ans que moretti est rentrer dans le rang et son age d’or et tres clairement derrière lui