
A l’heure ou on se réfugie chez soi, cette sélection automnale a tout pour nous réconforter. Un nouveau Stereolab, beaucoup d’artistes qu’on suit depuis quelques temps (Ulrika Spacek, Peel Dream Magazine, Courtney Barnett, Tony Molina, U.S. Girls, Oneohtrix Point Never), des retours en flamme (eat-girls, Galán) et quelques belles découvertes (Snocaps, Gloubiboulga, They Are Gutting a Body of Water), de quoi patienter avec sérénité en observant le monde s’écrouler.
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1. Snocaps, Coast (Anti Records)
Est donc sorti en ce 31 octobre un album surprise réunissant les sœurs Crutchfield (Katie aka Waxahatchee, notre queen de l’Americana nommée aux Grammys, et Allison, longtemps vue aux côtés de Katie mais aussi en solo ou en tant que membre des regrettés Swearin’) et le Neil Young de notre génération, MJ Lenderman ; eh bien d’accord. CG
2. Langkamer, Crows (Breakfast Records)
Un single catchy et addictif des gars de Bristol. « Crows est une chanson sur les formes dingues qu’on doit prendre en se contorsionnant pour créer de l’art à l’ère du stade avancé du capitalisme. » – ce qui a au moins le mérite de faire de bonnes chansons. L’album arrive en janvier 2026. CM
3. The Lions Constellation, Human Skills (Shelflife (US)/Make Me Happy (Greece)/Too Good To Be True (France)
Un groupe espagnol shoegaze et psyché, My Bloody Valentine qui aurait mangé Jesus and Mary Chain au petit-déj. CM
4. They Are Gutting a Body of Water, Baeside K (ATO Records)
TAGABOW, c’est l’avenir du shoegaze et cet album, le meilleur du genre cette année – à classer aux côtés de Spirit of the Beehive et Horse Jumper of Love. CG
5. Ulrika Spacek, Build a Box Then Break It (Full Time Hobby)
On est toujours très excités quand parviennent à nos oreilles des nouvelles d’Ulrika Spacek, le quintette anglais qui nous avait bluffés avec le tortueux Compact Trauma, sorti il y a deux ans après une longue pause. Apparemment, on risque de les retrouver assez vite puisque ce splendide single préfigure la sortie d’un nouvel album, EXPO, à venir le 5 février 2026 chez . TS
6. Peel Dream Magazine, Believer (Topshelf Records)
Les morceaux laissés de côté lors de l’enregistrement de Rose Main Reading Room, paru l’an dernier, ressurgissent dans Taurus, un bref album de huit compositions, d’une subtilité et d’une douceur égales à celles qui avaient trouvé place sur le disque initial. On ne cesse d’être charmés par le groupe de Joe Stevens. CG
7. Astral Bakers, It Wouldn’t Last (Sage Music)
On découvrait le 10 octobre le second album du quatuor parisien (et oui, on jurerait avoir affaire à des anglo-saxons), Vertical Life, confirmation de la pertinence d’un groupe dont l’identité pouvait être jusqu’à lors difficile à définir. Ici, une succession de chansons accrocheuses et lumineuses, dans lesquelles voix féminine et masculine se suivent et s’emmêlent, dans une énergie résolument rock. It Wouldn’t Last, Into the Sea, My Eyes Won’t Lie… Difficile de n’en choisir qu’une. CG
8. Ashinoa, Un’altra Forma (Fuzz Club)
Le trio lyonnais Ashinoa revient sur Fuzz Club (en espérant que l’autre formation française signée sur le label anglais, Veik, se réveille aussi) avec un album majestueux, presque totalement instrumental, où l’on trouve ce genre de compositions intemporelles qui nous séduisent aux premières mesures. TS
9. Stereolab, Fed Up With Your Job (Warp Records/Duophonic UHF Disks)
Quelque part dans une cave, un Moog doit vieillir à la place de celui de Tim Gane, tant ce Fed Up With Your Job est d’une fraîcheur aussi totale qu’intemporelle. Bien que contemporain, comme en témoigne le succès de Stereolab auprès de la jeunesse, ce titre moderne aurait pu être écrit il y a 30 ans (ou plus). L’intégrité serait-elle le secret de la créativité éternelle ? PR
10. KCIDY, Fais ton truc devant la caméra (Vietnam)
Immédiate malgré une construction atypique, la pop de KCIDY, comme la foudre, ne frappe jamais au même endroit ; la tête, le cœur, les jambes, tout à la fois. RS
11. Courtney Barnett, Stay In Your Lane (Mom + Pop/Virgin Records)
Deux ans après l’instrumental End of the Day, Courtney Barnett revient bougonne et dans un décor riant comme Vol au-dessus d’un nid de coucou pour notre plus grand bonheur. Servi par une ligne de basse nerveuse, un riff tranchant comme un scalpel et des paroles acides, Stay In Your Lane engendre une certaine impatience quant à l’arrivée (non annoncée) du cinquième album de l’Australienne. PR
12. Jeff Tweedy, Enough (dBpm Records)
Le leader de Wilco, icône de l’indie, nous réconforte cet automne avec un triple album, Twilight Override. C’est tout ce que l’on attendait de lui : près de deux heures de ballades à la guitare où sa voix si familière et ses textes priment et suffisent. Ce n’est pas plus compliqué que ça quand on s’appelle Tweedy. CG
13. Adam Green, Tiny Bag of Gods (Avarage Cabbage Records)
Adam Green reprend du service avec un sympathique EP aux couleurs chatoyantes, à base de guitares espagnoles, de percussions épurées et d’ambiance « mariachi ». Sur Tiny Bag of Gods, l’ex-Moldy Peaches semble visité par l’esprit de Harry Belafonte dans ses meilleurs calypsos. BF
14. Insecure Men, Time Is a Healer (Fat Possum Records)
Saul Adamczewski continue son échappée hors de Fat White Family. Son écriture et ses arrangements semblent gagner en profondeur à chaque nouveau disque. XM
15. Gros Coeur, Contre-Corps (Le Cèpe Records)
Une sorte de cavalcade psychédélique en français, on a hâte d’entendre l’album des Belges ! AGF
16. Primevère, La beauté (Dear Deer/Figures Libres)
Primevère aime les chansons en boucle, en spirale. La beauté ne déroge pas à la règle et nous cueille à l’aise. RS
17. Paris Banlieue, Petite jeunesse (Cartelle/Snap Clap Club)
Le trio parisiano-ibérique relance sa petite machine à chansons faussement modestes et innocentes avec un second album à paraître bientôt, dont Petite jeunesse est la seconde illustration, trop courte comme un Finger de Cadbury. RS
18. eat-girls, Off The (Bureau B)
… TS
19. Frederique Sueur, Je dis non (autoproduction)
Un vieillard inquiétant et sans filtre accompagné de son infirmière personnelle hante en ce moment les lieux interlopes de la capitale. En plus, il fait un rock’n’roll endiablé qui dit non. Impec. RS
20. Pizza Noise Mafia, tdf (Slaaploos)
« Après un million d’années d’attente, Il grande ritorno, un double album vinyle qui changera votre vie » écrit TG Gondard – sortie le 8 novembre, ça cogne et ça valait vraiment le coup d’attendre les gars ! CM
21. The Lovely Eggs, The Grind (Egg Records)
Pour fêter leurs vingt ans d’existence, le duo de Lancaster offre une compilation de faces B, joyeusement intitulé Bin Juice, disponible en version vert slime emballée dans un sac poubelle, ou pour les plus chichiteux, un collector chez Rough Trade transparent avec des taches vertes et oranges. Mais au-delà des visuels à la croisée des Cramps et des Crados, c’est surtout The Grind, titre génial qui nous donne envie de leur souhaiter un très joyeux anniversaire. PR
22. Tony Molina, Violet of Dawns (Olde Fade)
Le Californien signe un très bon single extrait de On This Day, EP qui sortira en novembre prochain, toujours dans la droite lignée des Byrds. BF
23. Sharp Pins, I Don’t Have the Heart (Perennial Records)
Après la sortie cette année de son brillant LP Radio DDR, le jeune surdoué Kai Slater revient avec ce single extrait de son album à venir prochainement ? Un tube pop imparable aux chœurs beatlesiens qui entre immédiatement en tête et s’y installe une fois pour toutes. BF
24. U.S. Girls, Running Errands (Yesterday) & Running Errands (Today) (4AD)
Meg Remy continue sa recherche sororale des meilleures voix soul de la musique américaine ici dans un étonnant double track didactique mettant à nu sa méthode de composition par le sample (Yesterday) puis par la réinterprétation live (Today). Cette double révélation dévoile une certaine magie paradoxalement bâtie sur un système — une patte de velours sensible et déjà reconnaissable depuis ses premiers disques sur Kraak et FatCat — sans en défaire le charme, beau saut de chat ! On a hâte d’entendre la suite, pour les intrigué·es, rendez-vous le 4 novembre au Hasard Ludique à Paris pour tenter la preuve par 9. PN
25. Another Taste, Run Into Love (Space Grape)
Petite sucrerie brit-funk des Néerlandais d’Another Taste. Quelque part entre Shakatak (la voix, le piano) et Jamiroquai (cette fantastique ligne de basse) ! Album à venir en 2026, on a hâte ! AGF
26. Oneohtrix Point Never, Lifeworld (Warp Records)
Les tricks à Daniel — three sixty flip, ollie, hippie jump — les ptits samples bien arrangés malins et tout, y’a presque un refrain — expé pop quoi on n’aurait même pas besoin de vous dire d’écouter si ce n’est qu’on reste toujours bien coi de constater que cela fonctionne si bien la musique CD-shareware, hein les djène-zi ! Tranquilizer, le nouvel album de Oneohtrix Point Never, sortira le 17 novembre. PN
27. Rats On Rafts, Painting Roses (2025 Version) (Fire Records)
Rose is a rose is a rose is a rose. Ça c’est ce que nous dit Gertrude, les Rats on Rafts eux disent tout à la fois la même chose et pas tout à fait : hâtez-vous lentement et vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage… ah non ça c’est Boileau… BREF. Les petits rats ne quittent pas le navire mais nous disent, nous aussi on écoute ce qu’on fait, puis on y revient et puis on s’en éloigne, ou pas — pour mieux comprendre qui nous sommes. Mais qui sont-ils ces petits néerlandais au juste ? Curistes ? Siouxistes ? Post-punkistes ? New wavistes ? Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, vous avez la réf. PN
28. Ariel Pink, Dreaming (LAC Records)
Peut-être la meilleure chanson d’Arielou depuis 4 ans. Déjà présente sur la dernière compilation de démos (dans une version légèrement plus hantée), c’est le morceau qu’on croirait écrit pour la BO de Stranger Things qui redonnait espoir alors que tout semblait perdu et que sortait en catimini le véritable naufrage de sa carrière : The Key Of Joy Is Disobedience (2022). XM
29. Galán, Brillante Color (autoproduction)
Jorge Elbrecht, lui aussi, nous avait manqué depuis la sortie du disque de Presentable Corpse (2021). Depuis deux mois, il dévoile un à un les titres qui composeront un futur album dont on voit déjà l’humeur de feu et de glace se dessiner : muy romantico ! XM
30. Païkan, Rosso (Les Disques du Crochet)
Le Dijonnais vient de sortir Rosso, track italo-disco new wave etc, qui tape juste, avec un chouette clip retraçant l’épopée de Rino Della Negra, footballeur et résistant tombé à 20 ans avec le groupe Manouchian. « Un hommage à toutes celles qui luttent sur cette planète, une vidéo qui célèbre la solidarité et l’esprit de révolte ». C’est beau et c’est réussi, on attend l’EP qui sortira en 2026. CM
31. Cour de récré, La locomotive (musique.exe)
On dit kawai en japonais, je crois, pour cette musique qui synthétise tout ce que les technologies ont laissé comme empreintes dans les musiques populaires. Rythmes élevés de boites, ronronnements protecteurs des machines, chant féminin emo, agitation de sala giochi, nous, on remet un jeton pour que ça continue. RS
32. Gloubiboulga, Visage (autoproduction)
Echappé d’Attention le tapis prend feu, Martin s’épanche élégamment dans une musique cotonneuse qui gagne en suspension mélancolique ce qu’elle perd en virevoltes tout feu tout flamme. RS
33. feeo, Sandpit (AD93)
La dreamscape pop ultime pour les fans des morceaux intimistes d’Astrid Sonne, Grouper ou CTM. Pour un coup d’essai, déjà un grand album : narratif, riche en émotions, personnel et intense. VH
34. Misha Panfilov, Fine and Dandy (Funk Night Records)
Le compositeur et multi-instrumentiste estonien surdoué nous régale à nouveau de l’un de ses morceaux de jazz groovy dont il a le secret, servi par des musiciens exceptionnels. BF