Ce brainstorm musical et mensuel aussi dévastateur qu’une bourrasque de vent sur des feuilles mortes annonce de nouvelles productions d’artistes aussi nouveaux (The Umbrellas, Tube Alloys, Überspannung) qu’habitués (Duster, Grandaddy, Gruff Rhys, Animal Collective, Allah-Las) dans ce kaleidoscope pop moderne de saison. Enjoy, ces 35 perles de première fraîcheur sont tout à vous.
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NDLR : Les playlists Youtube, Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. The Umbrellas, Three Cheers! (Slumberland Records / Tough Love)
Lorsque quatre gamins de San Francisco s’imaginent au cœur de la scène indie des 80’s, cela donne l’excellent Three Cheers! qui mélange le meilleur de The Pastels et de The Wedding Present. DJ
2. Pale Blue Eyes, Simmering (Full Time Hobby / PIAS / Believe)
Nouvel extrait tiré de This House, le deuxième album du trio sorti en septembre, Simmering reflète les origines de ses membres : Sheffield pour les synthés, le Devon de Metronomy ou de Kasabian pour les yeux tournés vers Manchester. On retrouve avec plaisir toutes les qualités qui avaient attiré notre attention sur Souvenirs, premier disque paru l’année dernière. Si l’ensemble ne révolutionnera pas votre discothèque, il n’en demeure pas moins une collection de jolis titres suffisamment honnêtes pour donner envie de les suivre. PR
3. Tube Alloys, Magnetic Point (La Vida Es Un Mus / Urge Records)
Il ya du Marbled Eye et du Diät dans Tube Alloys, groupe formé à Los Angeles et dont on ne sait que peu de choses. Mélodie très présente malgrè le côté tendu et revêche. VDPJ
4. Bar Italia, Jelsy (Matador Records)
Sortir au printemps l’album le plus cool de l’année n’a pas suffi à Bar Italia ; les Londoniens publieront le 3 novembre leur second album de 2023, Twits, qu’ils teasent avec une série de singles toujours aussi nonchalants et sexy. CG
5. ML Buch, Working It Out (15 love)
La musicienne et productrice danoise Marie Louise Buch a dévoilé le 27 octobre son second album, Suntub. Guitare-voix mélancolique tout en réverbération, Working It Out en est le parfait titre de clôture. CG
6. The American Analog Set, Queen of Her Own Parade (Numero Group)
« How I’ve missed you! Could this mean a new album??? Be still my heart. » L’émotion du premier commentateur de cette vidéo est partagée et c’est malheureusement tout ce qu’Internet a décidé que l’on saurait pour l’instant. Inutile de s’étaler sur la perfection du morceau, il suffit de l’écouter. CG
7. Duster, Moon in Aries (Numero Group)
L’un des moments forts de Remote Echoes, album de 27 minutes réunissant des démos (uniquement parues sur des cassettes, Christmas Dust et On The Dodge, en 1996) et des inédits. On veut tout entendre de Duster. CG
8. Pile, The Birds Attacked My Hot Air Balloon (Exploding In Sound Records)
Le trio de Boston, déjà dans sa seizième année d’existence, annonce un EP pour janvier 2024. Que c’est beau lorsque la voix de Rick Maguire s’apaise. CG
9. Grandaddy, Watercooler (Dangerbird Records)
Les prémonitions lo-fi de Jason Lytle à propos du monde déliquescent post-internet s’avérant plus que jamais d’actualité, quel bonheur de retrouver l’anachronisme americana d’une douceur infinie de Grandaddy pour un nouvel album en février 2024. Pensait-on seulement pouvoir encore être impatients et excités à l’idée d’un disque ? Rendez-vous après la fin du monde ou au détour d’une délicate rencontre autour de la fontaine à eau pour le savoir ! PN
10. Gruff Rhys, Celestial Candyfloss (Rough Trade Records)
Deux ans après le magistral Seeking New Gods et un an après la bande originale de The Almond and the Seahorse, Gruff Rhys nous fait patienter avant Sadness Sets Me Free, son prochain album annoncé pour janvier avec Celestial Candyfloss, considération aussi entraînante que mélancolique sur les aspirations souvent déçues dans le couple. Toutes collaborations confondues, ce sera le vingt-cinquième album du Gallois dont l’inspiration semble ne jamais tarir. PR
11. Jonathan Rado, Easier (Western Vinyl)
Je n’ai jamais bien compris pourquoi il y avait parfois cette gêne à dire qu’on aime tant cette petite scène californienne qui semble avoir pris trop au sérieux le coup de soleil des seventies, et à vrai dire mon amour pour tous leurs tubes reste également un véritable mystère pour moi — cette fois-ci c’est un demi Foxygen qui signe ce Easier à la facilité légère donc, et à retrouver sur un album, For Who the Bell Tolls for, à paraître le 1er décembre. (Oui, ici la section rythmique est tenue de chaque bord par un frère d’Addario). PN
12. bob junior & Dent May, IKWYDLS (777 MUSIC)
Quand Dent May s’acoquine avec bob junior et Paul Cherry, cela donne une irrésistible chanson qui donne envie de se lever et de danser où que l’on soit (oui, même au bureau avec des collègues dépressifs). Pour info, « IKWYDLS » signifie « I Know What You Did Last Summer ». CM
13. Maxwell Farrington & Le SuperHomard, Postprandial Promenade (Talitres Melodyn Productions Paloma / SMAC de Nîmes)
En attendant Please, Wait…, le nouvel album de Maxwell Farrington & Le SuperHomard à paraître en février 2024, l’Avignonnais et l’Australien (aidés de Nadine Khouri) vous entraînent dans une balade digestive aussi métaphysique que mélancolique, entre ombres et éclaircies, sur les sentiers mélodiques défrichés par Nancy et Lee. PR
14. Animal Collective, Genies Open (Domino Recording)
Sorti toute fin septembre, le nouvel album d’Animal Collective est une très bonne surprise. Le groupe a évolué vers une sorte de dub renaissance du XVe siècle, ça joue et sonne magnifiquement ; des compositions intemporelles, complexes mais tellement bien aérées que l’écoute procure une singulière extase. TG
15. The George Kaplan Conspiracy, Sparked a Fire (Alter K / Internexterne)
Le duo Dijon-Paris, aka Gabriel et Bastien, revient en force avec un single sweet and sour qui pourrait bien être la bande son de l’automne – en attendant l’album prévu au printemps. Vidéo faite par Bastien, ces garçons sont décidément talentueux. CM
16. Pierre III, Boucle (Alter K)
Même les Peter Pan de l’âge fluo vieillissent, c’est ce qu’on peut se dire pour se rassurer. En fait, non, Pierre III affiche une santé dynamique comme le rythme de Boucle qui annonce un album à venir, Discothèque. C’est tout juste si on capte une grosse mélancolie qui affleure dans ses paroles motoriques, comme un iceberg dangereux dans cette mer au soleil couchant. RS
17. Paper Tapes, Cut the Cord (Geographie Records)
Premier album solo de Cyril Angleys (Brace! Brace!) ; en extrait une belle chanson nonchalante habilée d’un clip sucré léché. CM
18. Romano Bianchi, H.S. to H.S. (Le Pop Club Records)
Après un excellent premier album, Romano Bianchi arrive avec le deuxième, particulièrement ambitieux et original. H.S. to H.S. en donne un avant-goût et promet un bien beau disque, disponible fin novembre chez Le Pop Club. AGF
19. Allah-Las, Dust (Innovative Leisure / Calico Discos)
Dust est indéniablement le meilleur titre de Zuma 85, le nouvel album – surprenant, plus expérimental et synthétique – des Angelinos. Tout est dans la rupture qu’opère le refrain, dans ces quelques secondes de spleen terrassant, inattendu. CG
20. Lemon Rose, Your Eyes on Me (Les disques du Paradis)
Lemon Rose sont de Bordeaux et comptent dans leur rang Ben, croisé chez TH Da Freak. Avec Your Eyes on Me, le groupe propose un très bon morceau inspiré par les Who qui ne devrait pas laisser insensibles les amateurs de sixties et de powerpop. AGF
21. Initials MB, Somebody Say (Le Pop Club Records)
Joli morceau largement instrumental évoquant le meilleur des bandes originales des années 60 et 70. Du travail soigné et élégant sur l’excellent label Le Pop Club Records. AGF
22. The Rhythm Method, Please Don’t Die (Moshi Moshi)
Le retour attendu des Londoniens Joey et Rowan avec un single sombre et prenant : « There’s rainy nights in Soho we’ve not seen yet / There’s places in our dreams that we’ve not been yet / Promise me you’re never gonna die. » CM
23. Emma Anderson, Inter Light (Sonic Cathedral)
La très belle surprise de cet automne. La trop discrète Emma Anderson vient de publier un premier album solo où elle rappelle avec élégance, noblesse et romantisme tous ses talents d’auteure et compositrice – dont Lush et Sing-Sing ont su si bien profiter en leur temps. Parmi les dix chansons de Pearlies – entre parfums délicatement psychédéliques et pincements élégamment folk, boites à rythmes vintage et claviers qui s’évaporent – il y a Inter Light, une ritournelle pop qui érige la mélancolie en art de vivre. CB
24. Acte Bonté, Canal trop tard (Le syndicat des scorpions)
On ne comprend pas tout à la musique secrète des deux jeunes femmes d’Acte Bonté, et ce n’est pas leur concert de la semaine dernière près de chez nous qui éclaircira quoi que ce soit. Tant mieux. Peut-être un truc comme : si Slowdive devait opérer avec les outils de La Fossette : l’image est sympa, mais on est encore loin du compte. RS
25. Beatowls, Please Lie to Me (Violette Records)
Le label franco-britannique Violette Records poursuit sa quête de l’excellence mais s’éloigne de la route qui lui est d’ordinaire si chère, celle qui conduit aux portes de l’école de Glasgow. Depuis son autre ville fétiche, Liverpool (au cas-où, parmi vous, certaines et certains ne suivraient pas), le trio féminin-masculin Beatowls imagine une avant-garde pop teintée d’électronique analogique et portée par des voix hypnotiques – comme si Nancy et Lee (ou Bobbie et Glenn) avaient fricoté avec Psychic TV. Et pour ne rien gâter, à quelques semaines à peine de la sortie d’un premier album intitulé Marma, Please Lie to Me assène quelques vérités qui résonnent comme des slogans : « Only love will break your heart / Only truth will save your soul ». CB
26. Überspannung, Weit Unten (Mangel)
Le duo Alsaco-Mosellan-Vosgien, enfin on se sait plus trop hormis qu’il vient de l’Est, a eu la bonne idée de donner une suite à sa premiere cassette Miroir Aux Morts parue en 2020. C’est Mangel, label berlinois de qualité, qui balance ça. C’est glacial comme le vent sur un plateau ; la petite basse du début laisse place à des vapes d’effets synthétiques qui emporteront quiconque les écoutera. VDPJ
27. Lila Ehjä, Ghost Love (Croux Records)
Alors oui, on a le sentiment d’être catapulté en arrière du côté du Nancy eighties des Kas Product. Mais la synth punk / cold wave de Lila Ehjä, one girl band, épate par un aplomb et une force mélodique pas piquée des hannetons. Album en vue début janvier de l’année prochaine chez les darkos de Croux Records. TS
28. BFC, Club Yaourt (CHKT Records)
C’est la fin de Club Yaourt, duo dijonnais cher à nos coeurs, Louis étant parti sous d’autres cieux, mais ils nous balancent un dernier single jubilatoire, hymne à la BFC (Bourgogne-Franche-Comté pour les non initiés) – à déconseiller si vous n’aimez pas le comté, le Mont d’Or, les œufs en meurette et le cassis dans l’aligoté ! CM
29. Charlene Darling, Les gros chevaux (Disciples)
Courte giclée de rock’n’roll complètement brut (comme on dit « art brut ») au son dégénéré et troisième extrait de son nouvel album, Charlene Darling démonte tout sur son passage en deux minutes. RS
30. Art Feynman, Early Signs of Rhythm (Western Vinyl)
Voilà que le deuxième Art le plus célèbre au monde donne un coup de pied dans la fourmilière des best white funky men. Si on se laisse prendre au jeu du jeu du post-post-modernisme, on croirait presque entendre des petites intonations à la Panda Bear, ce qui ferait remonter le nœud de la boucle à bien plus récemment qu’on ne le pensait. Peu importe que vous me suiviez ou pas, son nouvel album Be Good the Crazy Boys sort le 10 novembre. PN
31. Hemlocke Springs, Pos (Good Luck Have Fun Records)
Quelqu’un peut m’expliquer ce qui n’est pas outrageusement cool chez Hemlocke Springs ? Going…Going…Gone! est l’EP de l’année, même Taylor Swift le dit ! XM
32. Pipiolas, No Soy Un XoXo (Elefant Records)
Ahhhh, avoir de nouveau 19 ans, porter des badges Elefant Records, prendre des poses dans la baignoire ou les toilettes avec ses copines avant d’aller danser au Razzmatazz à Barcelone, ou écouter des tubes espagnols sur la route de Benicàssim… Rafraîchissant comme un litro de ron con limón (KAS). PR
33. Danny Brown, Tantor (WARP)
Juste un sample du groupe rock prog argentin Tantor et le flow bulldozer de Danny Brown et on est refait pour l’hiver. TG
34. OneDa, Love Reality (Heavenly Records)
Oui il se passe encore des choses intéressantes à Manchester. Pour preuve, ce nouvel EP de OneDa qui, s’il est loin des clichés de la grande époque, témoigne malgré tout d’une inventivité et d’un flow de dingue. Pour preuve, ce Love Reality qui repousse les frontières du hip-hop et de la drum’n bass. DJ
35. EMPRS, Million Miles Away feat. The Pharcyde (Vietnam)
Derrière EMPRS (lire Empereurs), se cachent Lucas Posson et Franck Annese (ce dernier est aussi la tête pensante des publications So Press), deux musiciens mélomanes (et vice-versa) qui n’ont que faire des barrières. Alors, avec beaucoup d’imagination, d’idées, quelques amis et une poignée de collaborateurs, ils ont enregistré un premier album haut en couleurs, sorte de joyeux foutoir organisé où il est question de hip-hop, de folk, d’électro, de soul d’hier et d’aujourd’hui. Cette auberge espagnole 5 étoiles s’ouvre sur Million Miles Away, ritournelle euphorisante enregistrée avec The Pharcyde et meilleur remède à la nuit qui tombe trop vite. CB
36. The Streets, Each Day Gives (679 Artists / Warner Music)
Depuis Computers and Blues paru en 2011, Mike Skinner a mutiplié collaborations et projets avec plus ou moins de bonheur. Il s’essaye aujourd’hui à la mise en scène, en réalisant son premier long métrage dont l’album The Darker the Shadow the Brighter the Light est la bande originale. Si sur la durée, l’ensemble est inégal, on retrouve néanmoins avec plaisir l’humour désabusé et plein d’autodérision de l’anglais de Birmingham. PR